Animint

  Anime & manga

 
 
“Animint traite des dessins animés japonais et du manga. Outre ce blog, le site comporte plusieurs milliers de pages de texte illustré.”

Japan Expo 2013 Chapitre Un - Shôji Kawamori, Thomas Romain et les Deux Reines

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2013

Avant-hier s'est achevé mon week-end marathon annuel en convention, à savoir Japan Expo, dont la 14ème édition s'est déroulée du 4 au 7 juillet 2013 au parc des Expositions de Villepinte. Je préfère laisser un peu décanter avant d'aborder les nouveautés et la disposition des lieux du festival et j'entame ce premier article directement avec la transcription de plusieurs conférences.

Je pensais être intéressé par moins de séances par rapport aux années précédentes mais finalement, à la vue des notes que j'ai prises, j'ai capturé la même quantité d'information, voir plus. Les premières conférence que je vous propose sont celles où était présent Shôji Kawamori, l'invité d'honneur anime.

Japan Expo 14

Le jeudi, Shôji Kawamori visitait les Gobelins, l'ancienne école d'animation de Thomas Romain, qui travaille dans le même studio Satelight au Japon, et qui a accompagné son collègue japonais pendant sa visite en France. Le vendredi, l'invité d'honneur était visible par le public de Japan Expo, avec notamment une première conférence, où il est revenu sur son parcours professionnel.

En guise d'introduction, une vidéo a été diffusée avec l'ensemble des séries auxquelles il a pu participer, de Macross à AKB0048, en passant par Escaflowne, Macross Plus, Chikyû Shôjo Arjuna mais aussi Bodacious Space Pirates ou encore Eureka Seven AO, entre autres. Il se présente en tant que mecha designer d'origine avant de goûter à la réalisation, puis aussi à la création originale et au scénario, un personnage touche à tout en quelque sorte.

Ensuite, Shôji Kawamori a abordé les étapes marquantes de sa carrière, en rappelant que l'un de ses tous premiers travaux, alors qu'il travaillait dans l'animation depuis moins d'un an, a été d'imaginer l'Odysseus dans Ulysse 31, la série franco-japonaise.

Japan Expo 14

Enfant, il était passionné par les voitures, par les avions et par les engins spatiaux. Il rêvait notamment de fabriquer des fusées et de partir pour l'espace, mais la réalité était toute autre, en ayant des compétences très limitées en mathématiques et le Japon n'ayant pas encore une agence spatiale au niveau de la NASA. Qu'importe, Shôji Kawamori se projette dans l'espace au travers des histoires qu'il invente, notamment lorsqu'il est au collège où il rencontre d'autres artistes doués en dessin.

A l'université, il postule déjà auprès du studio Nue et s'occupe de plusieurs projets en parallèle alors qu'il est encore étudiant. Il travaille ainsi sur les jouets Transformers, avant que ceux-ci ne soient adaptés en série télévisées. Il conservera une certaine frustration, en ayant des robots qui ne respectent pas les contraintes réelles lors des transformations de véhicules en robots : Le moteur ou l'habitacle disparaissent ou change de localisation d'un état à l'autre.

Sur Macross, il a du faire des robots non humanoïdes et s'est contraint à respecter la réalité des transformation. Il s'est cependant retrouver dans une impasse pour concevoir ses mechas et a fini par s'aérer l'esprit en sortant avec ses amis et notamment au ski, où la position fléchie des jambes des skieurs l'a interpellé. Il a décidé de concevoir des avions capable de devenir des robots avec des jambes fléchies, qui formeront l'ossature des escadrilles.

Il a aussi du faire une maquette en papier pour présenter le concept concrètement au sponsor et fabriquant de jouet. A partir de là, le projet a pu vraiment commencer.

Japan Expo 14

Dans le film Ai Oboete Imasu ka, la chanson de Minmay a une place clef et est un concept original à l'époque, car elle conclut le conflit, alors que la mode des Gundam, Yamato et autre Star War est de finir en feu d'artifice avec une grande bataille. L'idée obtient malheureusement peu de soutien au départ et comme le concept tient vraiment à coeur à  Shôji Kawamori, il demande et obtient le droit auprès du réalisateur original Noboru Ishiguro, que tout lui soit confier. A 23 ans, il fait donc ses premiers pas de réalisateur, une expérience stressante mais excitante.

A une question du public, qui demandait pourquoi des images gore du film avait été édulcorée dans la réédition la plus récente, le réalisateur a confirmé que les plans avaient été enlevés à la demande du sponsor, mais que la décision a été prise collégialement pour supprimer ce genre d'éléments sanglants.

Japan Expo 14

Des années après, dans Macross Plus, la chanson a toujours une place centrale, mais elle représente une autre idée, basée sur la peur. L'idole virtuelle, Sharon Apple fait subir un véritable lavage de cerveau aux humains. Shôji Kawamori se plaît à penser qu'il a contribué au phénomène Hatsune Miku, via les prémices qu'il a pu faire à l'époque.

Le mecha designer nous a aussi appris qu'il avait suivi des cours de pilotage et qu'il a voulu retranscrire son expérience vécue dans un cockpit dans les scènes de Macross Plus, en dépassant la simple vision des jeux vidéo.

Japan Expo 14

En fait, il a fait pas mal de voyages que ce soit aux Etats Unis, en Chine ou ailleurs en Asie. Il a été frappé par des rencontres et des histoires de personnes dotées de pouvoirs, autant de matériels qui l'inspire pour concevoir Escaflowne, où l'héroïne Hitomi est capable de passer d'un monde à l'autre comme Van.

Des voyages en Amazonie et en Inde, du même acabit lui donnent l'idée d'Arjuna, une fille avec des  capacités hors normes mais plongée dans notre société actuelle.

Pour Macross Zero, c'est un village du Laos, encore marqué par la guerre du Vietnam, qui lui sert d'inspiration.

De manière générale, Shôji Kawamori attache une importance particulière à l'univers de l'anime avant de penser au mecha design. L'univers est un enjeu clef : L'heroic fantasy ne donnera pas les mêmes mechas qu'une histoire de pure science fiction.

Il a  aussi travaillé sur Kenji no Haru, un téléfilm qui retrace la vie de Kenji Miyazawa et où Shôji Kawamori collabore avec Satelight, le studio qu'il rejoindra après, et qui s'est occupé des effets spéciaux et des scènes en 3D. Le réalisateur considère la 3D comme incontournable pour les contraintes de planning et a cité en exemple AKB0048, où il était impossible d'animer une dizaine de personnages en usant de la 2D, qu'il conserve lorsqu'il veut monter une expression sur un visage. En revanche, pour un mouvement complexe, il préfère la 3D.

D'abord féru de nouvelles technologies, Shôji Kawamori porte un intérêt croissant aux civilisations anciennes et à l'archéologie au fil de ses voyages. Il s'intéresse notamment aux croyances et aux anciennes religions. C'est donc tout naturellement qu'il propose le projet Aquarion, qui comporte une part de fantastique plus importante par rapport à ses productions précédentes. Au niveau concept, il écarte la machine qui devient de plus en plus forte au fil des épisodes, au profit d'une combinaison à trois pilotes, dont la bonne ou la mauvaise osmose conduit à un robot  puissant ou pas.

Japan Expo 14

Il a abordé encore quelques séries rapidement, notamment Macross Frontier, où il nous a montré le nouveau modèle réduit de mecha transformable, fait en lego. Notez que le dimanche, au concert de May'n, le mecha designer a fait un tour dans la fosse, en tant que fan de l'artiste japonaise qui prête sa voix à Sheryl Nome quand celle-ci chante.

Pour finir, Shôji Kawamori a fait son dessin grand format pendant qu'il répondait encore à quelques questions du public en parallèle.

Japan Expo 14

Les productions les plus récentes ont en fait été abordées le lendemain, à la conférence estampillée Présentation du studio Satelight. En fait, la rencontre était plus axée sur sa relation avec Thomas Romain, qui était aussi sur la scène pendant cette séance.

Ce dernier est sorti des Gobelins il y a plus de dix ans, avec une passion pour l'animation japonaise, notamment pour Evangelion et Cowboy Bebop, tandis que l'animation industrielle américaine lui déplaît. En 2003, il réalise son rêve de travailler au Japon via le projet Ôban Star-Racers de Savin Yeatman-Eiffel et apprend la langue, avant de devenir designer freelance pour Satelight quelques années plus tard.

Japan Expo 14

Ancien fan et joueur amateur de basket, Thomas Romain propose un projet de basket de rue dans un univers fantastique. Le français n'était pas à l'aise avec des scènes d'action du genre combat, mais plus dans son élément avec des moments forts sportifs.

Shôji Kawamori accroche à l'univers qui lui rappelle le football de rue qu'il a pu voir au Brésil. Des mangas de basket ont marché au Japon avec l'expérience Slam Dunk, mais pas d'anime originaux jusqu'alors, sachant que le sport est encore mineur, bien plus confidentiel que le baseball et même que le soccer. 

Le concept de Thomas Romain est accepté mais il est repensé par Shôji Kawamori qui remplace les joueurs humains par des robots voitures, et il lui donne plus de dynamisme en rajoutant des règles de squash pour exploitant tout l'environnement. La série Basquash était lancée.

Japan Expo 14

Le français a non seulement été chargé de la conception de l'univers mais aussi des mechas, alors qu'il n'avait pas d'expérience dans ce domaine. Alors que les mecha designers japonais talentueux optent pour des concept high-tech, Thomas Romain a choisi un autre angle d'attaque pour éviter e souffrir de la comparaison. Il s'est orienté vers des mechas tout en rondeur à l'image des robots inventés par Akira Toriyama, l'auteur de Dragon Ball. Il a été aidé par Shôji Kawamori, avec une partie de ping-pong d'idées, enrichissante pour les deux parties.

Japan Expo 14

Le japonais a trouvé les proportions des robots très originales, avec des jambes et des bras très longs, tandis que le français a découvert toute la difficulté de concevoir des pieds aux robots. Sur ce dernier point, Shôji Kawamori a contourné la difficulté en faisant chausser des baskets aux robots. Le design est devenu encore plus cool et un partenariat a pu même se faire avec un équipementier sportif.

Pour la production de la série proprement dite, les délais étaient cependant très courts et Thomas Romains a fait appel à ses amis animateurs en France pour travailler avec lui, dont Stanislas Brunet encore en poste aujourd'hui. L'équipe a compté jusqu'à une dizaine de français, qui ont composé un noyau dur de créateurs chez Satelight.

Japan Expo 14

Sur AKB0048, Thomas Romain a été en charge de concevoir l'univers, notamment le grand dôme, avec des décors inspirés par l'Allemagne, avec un mélange d'éléments futuristes et de bâtiments classiques.

Japan Expo 14

La conférence a conclu sur le prochain projet Nobunaga the Fool, auquel le français participe et où il a notamment produit une des premières illustrations promotionnelles, où le robot principal a été composé par Shôji Kawamori, tandis que les robots secondaires sont le fruits de Stanislas Brunet. Nobunaga rencontre Jeanne d'Arc dans un monde futuristes, où apparaissent aussi Léonard de Vinci et le roi Arthur...

Japan Expo 14

De nouveau projet, il en été question le dimanche matin, avec la présentation des Deux Reines, un long métrage au stade de work in progress, orchestré par Savin Yeatman-Eiffel, venu avec l'équipe occidentale où nous retrouvons Thomas Romain. Shôji Kawamori était aussi présent à la session mais parmi le public cette fois-ci.

Le film utilise un design européen et s'appuie sur une histoire qui se déroule pendant la période intermédiaire entre la fin de l'Empire romain et le début de la féodalité, à l'époque des rois francs. Il narre la confrontation entre deux régentes Brunehilde et Frédégonde, qui se vouent une haine farouche pendant toute leur existence. Le scénario laisse la place aux scènes d'action, mais il revendique d'abord un combat psychologique intense entre les deux principales protagonistes. L'une est une princesse de bonne souche mariée à un roi franc pour des raisons politique, tandis que l'autre grimpe les échelons du pouvoir en étant d'abord une esclave.

Le projet s'appuie sur le savoir faire des animateurs japonais, avec en premier lieu Toshiyuki Inoue (Dennô Coil, Millenium Actress, Magnetic Rose, Blood the Last Vampire), qui officie en tant que directeur d'animation. Une bande annonce du film, sur laquelle Takeshi Honda (Evangelion) a aussi travaillé, a été diffusée pendant la conférence et le résultat est très prometteur.

Japan Expo 14

Un entretien avec Toshiyuki Inoue a été aussi projeté, où il explique qu'il a été séduit par les personnages créés par Joël Jurion, alors qu'il n'est pas du tout un féru d'histoire. Les challenges à relever étaient importants, avec une totale méconnaissances des mondes à transposer et une façon de travailler qui diffère entre les japonais et le français.

Toshiyuki Inoue a l'habitude d'avoir des réalisateurs japonais qui sont aussi animateurs, et qui expriment les corrections directement sur les dessins. Avec Savin Yeatman-Eiffel, il a vraiment fallu parler et le courant est passé, même s'il a fallu beaucoup communiquer par gestes.

Une autre difficulté récurrente pour l'animateur japonais est son manque d'aisance avec les visages féminins. Avec le thème du film et le trailer, il a été servi et a donc eu des plans pénibles à produire, dont au moins un qu'il pense devoir refaire.

Cependant, le projet lui permet d'avoir un retour sur son travail de la part d'étrangers, lui qui ne parle pas du tout anglais. Savin Yeatman-Eiffel compte sur son implication pour attirer d'autres professionnels japonais.

Japan Expo 14

Nous avons eu ensuite des interventions successives des différents invités sur la scène, avec d'abord Joël Jurion. Ce dernier a oeuvré dans la bande dessinée numérique et déjà participé à des dessins animés mais uniquement en 3D juste alors. Les deux reines sont sont son premier projet en 2D. Il a exprimé sa fierté d'être complimenté à ce point pour ses dessins par Toshiyuki Inoue et il est déjà content de voir le chantier prendre une ampleur internationale, alors que tout a commencé dans un petit local en France.

Le deuxième intervenant a été Thomas Romain, qui est en charge des décors. Après Ôban Star-Racers, il avait perdu de vue Savin Yeatman-Eiffel mais il a sauté sur l'occasion pour retravailler avec son complice. Le format de long métrage le change aussi des séries japonaise qu'il a d'habitude chez Satelight et plutôt orientées science fiction, alors qu'ici, il a du retranscrire un contexte historique et non plus futuriste, avec des couleurs différentes.

Il a apprécié de pouvoir travailler sur les layouts de haut vol composés par Toshiyuki Inoue mais aussi la documentation historique de Savin Yeatman-Eiffel. Ce dernier pense d'ailleurs avoir réuni et lu toute la documentation disponible sur les faits réels à la base du scénario. Pour résumer, il s'appuie essentiellement sur les chroniques de Grégoire de Tours et n'a pas eu à engager un conseiller historique.

Un autre membre de l'équipe est Bahi JD, un animateur freelance basé en Autriche mais qui travaille pour les studios japonais. Dans les deux reines, son rôle a été de revoir le matériel de base européen et les détails pour faciliter le travail des animateurs japonais.

Japan Expo 14

Savin Yeatman-Eiffel est revenu sur son objectif de faire un projet d'animation réaliste, donc de se passer de la 3D au maximum.  Toshiyuki Inoue fait partie de cette école d'animation réaliste et estime qu'il n'a pas encore fini d'explorer ce domaine, alors que d'autres de ses collègues ont opté pour un style plus personnel. Le réalisateur français est fan d'Hashire Melos, Ghost in the Shell ou encore Akira, et regrette le caractère confidentiel de titres comme Steamboy ou Innocence.

Il trouve que l'animation japonaise s'éloigne de plus en plus de ce réalisme qui lui plaît tant et a donc monté un projet dans ce sens. Le film s'adresse à un large public, en tout cas pas pour les jeunes enfants, mais aussi pour des spectateurs pas forcément fans d'animation.

Cependant, au niveau de la récolte de fonds, les ambitions ont du être revues à la baisse. D'abord imaginée sous la forme d'une séries télévisée et près de 40 heures, le format est passé à une trilogie de films, avant de finir à un long métrage de deux heures. Pour parvenir à un scénario qui tienne en 2 heures, couper dans l'histoire initiale ne suffisait pas et il a fallu tout réécrire depuis le début, en suivant la direction d'origine.

Savin Yeatman-Eiffel vise à trouver quelques investisseurs d'abord en France et Allemagne, en limitant leur nombre pour minimiser les interlocuteurs et leurs exigences artistiques potentielles. Il ne pensera aux financements participatifs que dans un deuxième temps si jamais il faut combler le pot de départ. Au mieux, il espère une sortie en septembre 2015.

Japan Expo 14

Remerciements à php pour une partie des photos

En savoir plus:
http://www.the2queens.com

Discuter de ce billet sur le forum - - Laisser un commentaire »

Voir aussi

Japan Expo 2013 Chapitre Deux - Peace Eco Smile, Concert Next Generation et Aniplex
Japan Expo 2013 Chapitre Trois - Tetsuo Hara, Masahiro Ikeno, Aya Oda et autres invités-surprise
Japan Expo 2013 Chapitre Quatre - Allées, Culture et autres invités

Cet article vous a plu?

Faites-le connaître ou votez pour cet article sur les sites suivants :

  • anime manga aggregator sama
  • Partager sur del.li.cious
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur Google

Commentaires sur ce billet:

  1. Le 11/07/2013 à 12:16
    Dans 2013 : 14ème Impact |..., il a été dit

    [...] Japan Expo 2013 Chapitre Un - Shôji Kawamori, Thomas Romain et les Deux Reines [...]

  2. Le 11/07/2013 à 14:42
    Dans Japan Expo 2013 |..., il a été dit

    [...] Le créateur de la saga Macross a accepté de censurer Macross Ai Oboete Imasu ka ? pour la release blu-ray suite à discussion avec les sponsors, a-t-il révélé dans son Q&A suite a une question de ma part. Pour que le film soit plus léger. Le monsieur a aussi été aperçu complètement fan de May'n pendant le concert de cette dernière. Pazu a fait un très bon résumé de ses interventions. [...]

Ajoutez votre commentaire:

Merci de bien vouloir soigner votre orthographe et de proscrire le style SMS.


Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

 

↑ Haut de page