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Japan Expo 2013 Chapitre Trois - Tetsuo Hara, Masahiro Ikeno, Aya Oda et autres invités-surprise

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2013

Dans ce chapitre, je vous propose de nous focaliser sur les invités mangaka et leurs conférences pour certains, notamment Masahiro Ikeno, l'auteur de Malicious Code publié chez Komikku Edition, Aya Oda suivie par Soleil et bien entendu Tetsuo Hara l'invité d'honneur manga du salon.

Japan Expo 14

Masahiro Ikeno a tenu une master class et contrairement aux premières édition de la formule pendant Chibi Expo, cette session a bien pris la forme d'un cours, où le mangaka a expliqué les différentes étapes de la création des planches, avec un exemple pratique à l'appui. Il nous manquait juste le matériel de dessin pour l'imiter.

C'est un dessinateur qui a travaillé pendant dix ans de manière traditionnelle sur papier mais qui s'est mis aux technologies numériques récemment et Malicious Code est d'ailleurs un titre fait sur ordinateur.

Etant donné le matériel à sa disposition, il est revenu à la technique traditionnelle pour sa master class, avec les moyens du bord : Un tableau à feuilles, un crayon de paier et un marqueur.

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Dans son introduction, il a commencé par énoncer les étapes de création d'un manga : D'abord l'idée de base et le plan général, dont il discute ensuite avec son éditeur. Il en découle après une mise en forme en storyboard, les nemu – un terme qui vous est familier si vous suivez une série telle que Bakuman – qui donnent les détails du scénario et de la mise en scène, sans s'occuper des dessins.

Les nemu sont peaufinés avec l'éditeur avant d'être soumis à une réunion éditoriale s'il s'agit d'un nouveau manga à faire publier. Masahiro Ikeno a tenu à souligner la différence entre un mangaka débutant, qui stresse forcément à ce stade et un auteur confirmé, qui s'affranchit presque complètement de cette étape.

En guise d'exercice pratique, le mangaka de Malicious Code a composé un nemu de deux pages, avec l'arrivée de son héros introduit par un méchant qui l'interpelle et qui essaie de l'attaquer, avant que le gentil ne le frappe. Le travail s'apparente vraiment à de la mise en scène, en faisant attention par exemple de bien montrer le visage du héros dans la partie le pus visible de la feuille, afin qu'il attire l'attention du lecteur. Du point de vue scénario, le texte du méchant permet de comprendre qu'il s'agit du héros.

Après avoir composé la première page, Masahiro Ikeno s'accorde un temps d'arrêt pour visualiser l'ensemble et vérifier que la lecture est fluide. C'est l'un de ses maîtres mots pendant la conférence et il a refait l'exercice une fois la deuxième page finie d'être croquée.

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L'auteur se imite volontairement à apporter une nouvelle information au lecteur dans chaque page, pas plus. Cela lui permet de se concentrer sur le message important.

Vient ensuite la mise en place des bulles de dialogue, qui ne doivent pas perturber la lecture. De manière pratique, l'auteur les place au niveau des yeux de ses personnages et vérifie qu'elles sont faciles d'accès. Dans son nemu, il a tracé la ligne du regard du lecteur en déduisant la place optimale des bulles pour éviter une lecture hachée.

Dans un nemu, le mangaka doit penser ainsi à de multiples paramètres similaires, ce qui fait qu'il est déjà fatigué psychologiquement à la fin de cette étape, avant même d'aborder vraiment le dessin. Le temps de réflexion varie selon les professionnels mais cela peut prendre plusieurs dizaines d'heures pour construire un chapitre.

Une fois les fondations achevées, il suffit de bien dessiner pour finaliser les planches et cela débute par le crayonné. Masahiro Ikeno commence par les visages et s'est arrêté sur la manière dont il amorçait les visages, avec un ovale bâti à partir d'un grand rond et d'un petit rond au niveau du menton. Cette simple technique lui permet de varier les expressions et ses personnages.

Il s'attaque ensuite au nez, placé sous forme de losange, puis aux cheveux et au cou. Il marque juste les traits généraux et garde les ajustements à faire pendant la phase d'encrage. Encore une fois, il vérifie l'impression générale de son dessin, qui doit respecter le caractère et l'équilibre de son personnage.

Le rythme de pages crayonnées varie aussi suivant les auteurs. Certains enchaînent l'encrage au bout de chaque page alors que d'autres attendent d'avoir produit toutes les pages du chapitre. Masahiro Ikeno, lui, préfère finir ses pages dans la journée et il en produit 4 à 8 par jour.

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Il procède à l'encrage à l'aide deux sortes de plumes qui lui permet de varier son trait et lui évite de repasser plusieurs fois dessus, comme cela a été le cas avec le marqueur.

Masahiro Ikeno s'attache à encrer les contours des personnages, les cheveux, les membres mais aussi les armes si le protagoniste en porte une. Quand il est dans son atelier, il fait tourner la feuille au fur et à mesure pour que sa main gare une position naturelle et il prend garde à commencer par le coin en haut en gauche, en tant que droitier. Un gaucher commence par le coin opposé en haut à droite.

Il efface ensuite les traits de crayon et apporte sa touche finale, notamment avec des trames qui épaississent la feuille, puis la mise en place des bules et du texte. Le tramage est une des étapes qui a disparu avec l'ordinater ou du moins qui a été grandement facilitée. Il n'a plus besoin de courir à l'autre bout de la ville pour acheter le motif particulier qu'il recherche.

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Contrairement à d'autres mangaka, j'ai trouvé que Masahiro Ikeno était un bon communiquant mais il a l'habitude donner des cours et sa master class est en fait une version abrégée d'une session qui dure habituellement deux heures contre une à Japan Expo.

Il ne se voit pas dessiner tout seul, une situation qu'il trouve étouffante. En étant dans un magazine mensuel, il n'a besoin que d'un assistant contre cinq quand il était publié dans un hebdomadaire, mais il tient à pouvoir échanger ses idées avec quelqu'un, ce que doit faire tout bon mangaka pour pouvoir évoluer. Il a alors conclu la séance sur ce dernier conseil.

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La conférence suivante concerne Aya Oda, l'auteur de Room Paradise paru chez Soleil.

Sans surprise, la mangaka aime dessiner depuis son enfance, puis a songé à devenir professionnelle au niveau du collège. En fait, elle a fait des études de design. De manière naturelle, elle s'est orientée dans le genre shôjo manga et d'ailleurs, même aujourd'hui, elle ne s'imagine pas changer de registre d'elle-même, bien qu'elle ne soit pas fermée à d'autres propositions.

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Elle tient ses sources d'inspiration de ses amis ou de la télévision par exemple, mais elle avoue un malin plaisir à espionner les conversations à la table d'à côté dans les restaurant, qui lui fournissent un bon matériel de base pour ses histoires d'amour.

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Dans ses oeuvres, elle tient à transmettre de la joie et un message de courage à son lectorat féminin donc ses histoires se terminent bien. Elle compte environs une bonne dizaine de pays, où ses mangas sont publiés, entre l'Europe, les Etats-Unis et l'Asie.

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Room Paradise est terminé au Japon au bout du 3ème volume mais elle compte commencer un nouveau projet au mois d'octobre 2013.

Prévu le samedi en tout début d'après midi, la séance a commencé trois quart d'heure en retard suite à des décalages dans le programme du matin, mais elle a été expédiée en moins d'une demi-heure, en y incluant le temps du dessin public.

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La conférence phare du dimanche était la rencontre avec l'invité d'honneur, Tetsuo Hara, le dessinateur d'Hokuto no Ken. Il était sur scène avec son éditeur Nobuhiko Horie, présenté à juste titre comme le coauteur du manga.

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L'interview a suivi une logique chronologique par rapport à la carrière de Tetsuo Hara, très bavard et avec une liberté de parole qui tranche avec la réserve habituelle des japonais.

Il a débuté à 18 ans en tant qu'assistant pour Buichi Terazawa placé par Nobuhiko Horie, alors que l'auteur de Cobra n'avait pas vraiment besoin d'aide. De toute manière, l'expérience a été de courte durée, la série de Terazawa étant finalement arrêtée.

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Son éditeur le convainc de patienter et lui promet de devenir un pro à part entière après un an d'assistanat. La période dure en fait un an et demi et Tetsuo Hara travaille auprès de Yoshihiro Takahashi, qui lui confie des tâches de plus en plus importantes et même le dessin de personnages principaux. Auprès du maître, le jeune prodige apprend beaucoup dans le domaine du dessin.

En parallèle, il suit les cours d'écriture auprès de Kazuo Koike et apprend à créer des personnages intéressants et humains, à leur insuffler une âme.

Nobuhiko Horie a été impressionné par la puissance du trait du jeune dessinateur d'alors et notamment dans les scènes de combat où transpirait la violence des coups, en réussissant presque à transmettre la douleur. Pour la petite histoire, l'éditeur a refusé d'envoyer Tetsuo Hara auprès de Tsukasa Hôjô, car il estimait qu'il avait plus de talent que le créateur de City Hunter et ne voulait pas vexer ce dernier.

Il lance finalement son poulain sur Iron Don Quixote, une série de moto-cross dans le Shônen Jump, en le persuadant que le Japon va succomber à cette mode. Tetsuo Hara attend toujours ce jour et a dessiné tant bien que mal une histoire qui ne l'intéressait pas particulièrement. Pire, en pensant appliquer les consignes de son éditeur, il s'est éloigné de son style réaliste pour concevoir des personnages avec de grands yeux. Le titre s'est arrêté au bout de 10 semaines seulement, alors qu'il pensait être tranquille un peu plus longtemps.

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Il n'empêche qu'au bout d'un mois de publication, le duo a senti que le succès ne serait pas au rendez-vous et ils ont exploré d'autres voix. Sans retenu, Tetsuo Hara a expliqué qu'un soir, M. Horié, bien éméché, était venu le voir avec un bouquin sur les arts martiaux chinois et que ce serait bien de faire un manga, où les personnages exploseraient quand on touche leurs points vitaux.

Le concept roi d'Hokuto no Ken était lancé et Tetsuo Hara, grand fan de Bruce Lee, a complètement adhéré au nouveau projet. Nobuhiko Horie a jeté les bases du synopsis et les premières idées, telle que l'exécution différée des méchants qui ignorent qui sont déjà morts. En revanche, l'éditeur ne pouvait pas endosser le rôle de scénariste et ils sont allés chercher Buronson.

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L'entretien est revenu sur la place controversée de l'adaptation animée diffusée devant des enfants alors que le titre est violent. La réaction a étonné quelque peu Nobuhiko Horie car le titre n'est pas considéré tel quel qu'au Japon. D'une part les méchants sont irrécupérables et méritent leur châtiment. D'autre part, le manga use et abuse d'onomatopées burlesques pour illustrer les explosions, à partir de mots utilisés dans la vie courante.

Les jeux de mot font partie de l'esprit d'Hokuto no Ken et M. Horie était au courant des divagations des doubleurs français, qui, même si elles n'étaient pas calculées, correspond bien pour lui au second degré, qui caractérise le titre.

Au Japon, il y a eu aussi des groupes de pression pour dénoncer la violence d'Hokuto no Ken mais le mouvement est resté minoritaire et n'a pas eu d'impact. Le scénario s'est focaliser à centrer les récits sur l'amour et la fraternité.

Quant au succès de la série au Japon, Tetsuo Hara fait un parallèle avec son propre cas. A la disparition de Bruce Lee, il a senti un grand vide dans l'univers des personnages masculins forts et il pense que le public attendait comme lui l'arrivée d'un héros à l'image de Ken.

Quelque part, le père de Tetsuo Hara a servi de modèle, avec une figure paternelle à l'opposé de son fils. Alors que le dessinateur restait enfermé dans sa chambre, son père l'entraînait à jouer au catch ball pendant des heures ou à visionner des films de yakuza avec lui, quand il n'apparaissait pas lui-même couvert de bleus et de sang.

Avec Hokuto no Ken, le mangaka a pu dessine la série idéale pour lui et est resté sur son petit nuage, pleinement satisfait et ignorait d'ailleurs quoi faire d'autre. La triste réalité du fisc l'a secoué et l'a remis au travail. Il a ainsi abordé le manga historique avec le titre Keiji.

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A 39 ans, il a commencé à se sentir sur la touche chez Sueisha, ainsi que Nobuhiko Horie, qui travaillait désormais dans des magazines sans rapport avec les mangas. Ils ont fini par se lancer dans une nouvelle aventure en fondant leur maison d'édition et en éditant Fist of the Blue Sky, qui renoue avec Ken mais dans un autre univers. Cette fois-ci, Buronson n'est pas mis à contribution, les deux compères considérant que l'entreprise est trop risquée pour embarquer leur ancien complice.

Quand il est arrivé à la quarantaine, Tetsuo Hara porte un autre regard sur ses ses histoires, beaucoup plus teintées d'humour que lorsqu'il était plus jeune. Désormais, il n'a plus du tout envie de composer le héros mythique, à l'image d'un grand frère idéal. Il préfère se diriger à représenter la fougue de la jeunesse, avec le manga historique, un genre qu'il apprécie beaucoup maintenant. L'un de ses derniers titres, Kusa no Ko - Oda Saburô Nobunaga-den est tout à fait représentatif, en narrant les aventures de jeunesse de Nobunaga.

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La conférence était loin de couvrir toutes les oeuvres du mangaka et la plupart étaient juste citées, sans être présentées, mais elle était agréable à suivre, avec des invités particulièrement loquaces, contrairement à d'autres auteurs, plus timides.

Pour en savoir plus sur Tetsuo Hara, une exposition lui était consacrée dans la salon, avec de nombreuses illustrations et un Raoh imposant qui aura laissé sa marque sur l'édition 2013.

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Vous pouviez trouver aussi quelques panneaux pour présenter les production du studio Tatsunoko, qui a fêté ses 50 ans cette année, mais qui est resté particulièrement discret durant le festival, avec quelques séances de projections spéciales, mais pas de conférence publique, par exemple.

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Une autre exposition en vue était consacrée à Evangelion.

A part les mangaka qui avient une conférence publique, d'autres auteurs étaient sur le salon, invités par tel ou tel éditeur. Le créateur de Spice Wolf, Keito Koume, était ainsi chez Taïfu Comics, avec deux séances de dédicaces par jour.

Mamiya Takazaki, l'auteur d'Ash & Eli, était de passage chez Ki-oon et était accessible dans le salon.

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L'éditeur avait aussi fait venir le coréen Byung Jin Kim, l'auteur de Warlord.

En défrichant le programme, vous pouviez voir que Kana Nanajima tenait deux master class de 3 heures le dimanche pour présenter le shôjô manga, pour le compte de Vantan Game Academy. La mangaka est publiée chez Shogakukan avec une douzaine de titres à son actif.

La surprise du chef a quand même été la venue annoncée de Yoshinori Nakai, le dessinateur de Kinnikuman alias Muscleman. Ce dernier a effectué sa séance de dédicaces sur le stand Saiko Japan et n'était pas annoncé sur le programme du festival. Pour ma part, je suis tombé en prenant un des flyers du stand.

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C'est d'ailleurs là bas que j'ai suivi la courte prestation d'Anam Kawashima le vendredi en début d'après midi.

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L'endroit était pour le moins étroit et spartiate mais avec une estrade et un espace finalement suffisant pour caser les curieux de passage. D'autres invités se sont succédé là bas pendant tout le week-end : May'n, Angela, Natsuko Asa, AOP et j'en passe.

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Remerciements à php pour une (grosse) partie des photos

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