Animint

  Anime & manga

 
 
“Animint traite des dessins animés japonais et du manga. Outre ce blog, le site comporte plusieurs milliers de pages de texte illustré.”

Japan Expo 2023 §2 : Berserk of Gluttony, Shangri-la Frontier, Horimiya et animateurs sur One Piece

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2023

Après un premier compte rendu centré sur les tantôt et l'invité d'honneur manga Tuskasa Hôjô, j'aborde à présent des conférences tenues par d'autres invités qu'ils aient été conviés à Japan Expo directement par le salon ou par un éditeur francophone.
 
Le jeudi matin, Daisuke Takino qui est le dessinateur du manga Berserk of Gluttony a effectué une séance de live drawing où il a répondu à des questions en parallèle avec son tantô. Il est également intervenu le samedi lors d'une rencontre avec Ichika Isshiki, l'auteur du light novel mais j'ai manqué cette session. 
 
Japan Expo 2023
Daisuke Takino s'est mis au manga à l'âge de 27 ans et a en fait changé de travail pour se concentrer à 100 % à sa passion. Il est sur le manga de Berserk of Gluttony depuis 7 ans et dessine du matin jusqu'au soir, en travaillant exclusivement en numérique. Il utilise régulièrement Skype pour communiquer à distance avec les personnes qui travaillent avec lui. Trois assistants l'aident dans la production du manga : Le premier s'occupe des décors, un autre des vêtements et le dernier a un profil mixte et est là pour le rush final. 
 
Le tantô est sur la version manga de Berserk of Gluttony au niveau du tome 3, il y a 4 ans et il est le 3e éditeur. Il fait entièrement confiance à l'auteur et travaille avec lui sur divers sujets telle que la conception des couvertures des tomes qui sont ensuite soumises à la validation de l'auteur du light novel. Daisuke Takino s'est chargé du design des personnages mais en ayant beaucoup de discussions avec ce même auteur.
 
Il est impossible de retranscrire l'intégralité du récit original dans le manga donc l'équipe s'est attaché à surtout suivre le protagoniste principal. En revanche, Daisuke Takino a déclaré qu'il était important de refléter l'ambiance du light novel dans le manga pour pouvoir plaire aux lecteurs.
 
Japan Expo 2023
 
Le vendredi matin a eu lieu une rencontre avec les auteurs de Shangri-La Frontier, un autre exemple d'adaptation de manga à partir d'un roman. Il y avair le dessinateur du manga, Ryôsuke Fuji ainsi que Katarina, l'auteur du light novel web.
 
Il s'agit de la première venue en France de Katarina mais Ryôsuke Fuji est déjà venu il y a 13 ans et a pu visiter les monuments classiques à Paris, dont la tour Eiffel ou le Louvre et a souhaité pouvoir aller cette fois-ci dans les catacombes lors de son séjour.
 
Sans surprise par rapport au thème de Shangri-La, l'un et l'autre sont des joueurs de jeux vidéo d'où le concept imaginé par Katarina qui s'est inspiré de Final Fantasy XI et de Xeno Blade, son jeu préféré. Ryôsuke Fuji n'a plus le temps que de jouer à un ou deux titres par an et son titre préféré reste Metal Gear Solid : Il a dit être un grand fan de son créateur Hideo Kojima. Katarina a aussi moins de liberté pour jouer mais il sacrifie son temps de sommeil pour le faire.
 
Quand un éditeur a contacté Katarina par mail pour lui proposer de lancer une adaptation en manga, ce dernier a d'abord cru qu'il s'agissait d'un spam avant de participer au projet, où il fait office de scénariste. S'il donne son avis, il laisse partie graphique au mangaka notamment les nemu – storyboard – mais son plus grand défi est de devoir écrire avec la contrainte des dead lines. Il éprouve une certaine fierté du travail accompli à l'apparition de chaque tome physique, où il a du composer notamment les petites histoires à la fin.
 
Trouver du matériel pour bâtir l'univers graphique de Shangri-La a été relativement aisé pour Ryôsuke Fuji qui a pioché les éléments de fantasy et de science-fiction dans les différents médias, des jeux vidéo aux dessinés animés. En revanche, c'était plus compliqué pour les personnages où il a fallu composé leur design dans la vie réelle mais aussi dans les mondes virtuels. Il s'est beaucoup amusé à élaborer les différents avatars qu'il a du multiplier avec le nombre de jeux vidéo où sont impliqués les protagonistes. S'il devait choisir un avatar pour lui-même, il prendrait un personnage standard mais qui pourrait capturer les animaux. Katarina opterait plutôt pour un être musclé et capable de fabriquer des armes.
 
Le mangaka travaille avec trois assistants qui le secondent sur les paysages, entre autres. Ryôsuke Fuji apprécie de dessiner les lapins et les personnes âgées, où il peut rajouter des traits à cause de leurs rides. Il a une fâcheuse tendance à vouloir mettre trop de traits dans ces personnages et se retrouve à devoir en effacer.
 
Le production au quotidien de Shangri-La Frontier s'effectue de manière classique avec des discussions à trois, en incluant l'éditeur. Le mangaka a toujours une vision relativement précise de ce qu'il va dessiner, même lorsqu'il s'agit d'introduire un nouveau personnage. Il laisse le scénario à Katarina mais il intervient sur les détails ou pour remodeler certaines scènes, pour raccourcir des explications par exemple. Une de ses fierté est d'avoir réussi à dessiner un long combat sur plusieurs chapitres tout en tenant les lecteurs en haleine.
 
Le scénariste voit les retours des lecteurs et leur desiderata mais s'il souhaite leur faire plaisir, il veut avant tout les surprendre donc il bifurque toujours par rapport à ces attentes. Il a un dénouement en vue mais il faudra encore patienter. 
 
L'année 2023 a été riche en actualités pour Shangri-La Frontier. Le titre a d'abord remporté le 47e Kodansha Manga Award dans la catégorie shônen. Katarina pensait que c'était juste un rêve et a perçu sa réalité qu'au moment de la cérémonie de la remise des pris. Ryôsuke Fuji a été très content quand il a appris la nouvelle mais a tout de suite stressé quand il a appris que les gagnants devaient faire un discours de 3 minutes. Ce n'est qu'après le speech, qu'il a pu profiter du prix.
 
Les deux auteurs sont également très heureux des adaptations à venir en anime et en jeux vidéo. Ils apprécient tout particulièrement de pouvoir voir leurs personnages bouger. Ils ont été impliqués dans l'anime à divers niveaux pour discuter sur des éléments tels que les couleurs ou les décors. 
 
Ils sont aussi heureux du succès de leur manga à l'international même si la crainte de Ryôsuke Fuji était qu'il n'y ait personne pour venir les voir à Japan Expo. Il a pu constater le contraire que ce soit pendant les dédicaces ou la conférence dans une salle Yuzu bien remplie.
 
Au début de la conférence, je m'attendais au pire quand l'animateur de la séance a indiqué que les questions étaient très éditorialisées. Au bout du compte, il s'est peut-être restreint mais il a bien su rebondir sur les réponses des invités. Il était bienveillant, comprenait le japonais et connaissait bien non seulement Shangri-La Frontier mais aussi les jeux vidéo, et la conférence a été agréable à suivre. J'ai juste été surpris par le choix du tutoiement vis-à-vis des invités dans ce type d'événement – même si la traductrice a sans doute opté pour une formulation plus protocolaire quand elle interprétait les questions aux deux auteurs.
 
Japan Expo 2023
 
La dernière conférence manga que j'aborde en détail concerne une invité dont la venue est sans doute la plus attendue de tous, à savoir Daisuke Hagiwara, la mangaka de Horimiya. Cette dernière effectuait un live drawing en répondant à quelques questions en même temps. 
 
Hori-san to Miyamura-kun a d'abord été un manga en ligne dessiné par Hero au format yonkoma – des histoires en quatre cases. Daisuke Hagiwara a effectué une adaptation manga avec des chapitres complets dans cette version. Elle était stressée par cet exercice au début mais elle a reçu les encouragements de l'auteur original lui-même.
 
Japan Expo 2023
 
La mangaka dessine depuis ses 6 ou 7 ans en ayant commencé par recopier des oeuvres existantes. Des gens autour d'elle l'a trouvaient douée donc elle a poursuivi sur cette voie. Petite anecdote à l'université : Devant le dessin magnifique d'un ami, elle lui a sorti « Dai suki » - j'aime beaucoup – mais ce dernier a mal compris et a tendu « Daisuke », un surnom que ses amis ont désormais utilisé pour l'appeler et elle-même a fini par l'adopter dans son nom d'artiste. Le pseudonyme est écrit en simple katana et non pas en kanji car il n'a aucune signification et reprend juste une sonorité.
 
Pour produire son manga, Daisuke Hagiwara part en général des yonkoma d'origine pour composer ses nemu qu'elle croque à la main sur papier avant de les scanner. À partir de là, elle travaille complètement en numérique via sa tablette Wacom. Son moment préféré est l'encrage, avant de finir par appliquer les modèles de trame.
 
Le numérique a cependant des limites. Elle aime bien les mélanges de vert et de jaune mais peut être déçu du résultat à l'impression des couleurs par rapport au rendu sur sa tablette.
 
Japan Expo 2023
 
Elle ne dessine pas case par case mais par étape et il lui faut deux semaines pour livrer 20 pages. Il faut souligner qu'elle travaille sans assistant donc effectue aussi les décors avec lesquels elle a quelques difficultés. La scène de demande en mariage est sa préférée mais elle lui a donné du fil à retordre car elle était sur une double page avec un arrière plan très conséquent. Elle est aussi fière des passages dans la fête du sport car celle-ci n'existe pas dans le manga d'origine.
 
Étant donné  qu'elle avait surtout l'habitude dessiner des adolescents – elle affectionne particulièrement Miyamura et a été choquée quand il s'est coupé les cheveux -, elle a aussi plus de mal avec les personnages adultes que ce soit Kyôsuke Hori ou les professeurs.
 
Quand elle dessine, elle a aussi tendance a reproduire involontairement l'expression des visages qu'elle est en train de faire.
 
Pendant le live drawing , la mangaka a travaillé sur la finalisation d'une planche tandis que la présentatrice a parlé quasiment en continue pour présenter Horimiya et donner quelques éléments d'analyses de l'oeuvre tout en posant des questions à intervalle régulier à Daisuke Hagiwara. À la longue, cela finissait par devenir des propos pour meubler mais c'était un mal nécessaire pour laisser l'artiste se concentrer sur son dessin tout en assurant un rythme à la conférence, sachant qu'un certain type de public ne supporte pas les silences.
 
Enfin, le gros point fort de la session est qu'elle a été transmise via Twitch tout en respectant le souhait de la mangaka de ne pas être filmée. Vous pouviez suivre les échanges et l'évolution des dessins et même profité des questions du public à la fin. Je vous invite à profiter du replay tant qu'il est disponible.
 
Japan Expo 2023
 
J'en viens à la dernière conférence rapportée dans cet article, à savoir celle consacrée à l'anime One Piece qui était en fait une rencontre avec deux animateurs vétérans japonais, Eisaku Inoue et Keiichi Ichikawa qui a eu lieu le vendredi. 
 
La veille, ils étaient venus pour un live drawing écourté car cela a commencé avec une demi-heure de retard. Cela était du a priori à un couac lors des dédicaces du matin, à imputer aux ayant droits plutôt qu'au salon : D'habitude, les invités enchaînent les signatures sur des ex-libris illustrés mais cette fois-ci, ils se sont retrouvés techniquement avec des ex-libris vierges au moins pour Keiichi Ichikawa. Le public est loin d'avoir au change sur cet incident car l'animateur s'est senti obligé de faire un dessin pour chaque fan venu demander sa dédicace, sauf que cela prend évidemment plus de temps qu'une simple signature et que le nombre de tickets de dédicaces était aussi prévu en conséquent. Bref, au bout de deux heures, la séance qui était prévue que pour une heure était loin d'être terminée.
 
Au live drawing, les deux animateurs ont quand même eu le temps d'effectuer chacun un dessin.
 
Japan Expo 2023
 
Japan Expo 2023
 
Dans son enfance, Keiichi Ichikawa aimait lire des mangas et regarder des anime mais il n'avait pas la talent imaginatif de construire des histoires pour devenir mangaka donc il s'est dirigé vers l'animation.
 
Quant à Eisaku Inoue, il est d'origine modeste et a suivi l'exemple de son frère aîné qui est parvenu à intégrer un studio d'animation. Il a ainsi commencé sa carrière très tôt.
 
Sur One Piece, Eisaku Inoue a été sur la série télévisée dès son lancement en 1999. Il sortait d'une production de Dr Slump et ne connaissait pas le manga avant que la Toei ne le sollicite. Il a découvert une histoire et un univers intéressants et le réalisateur de l'époque qui était aussi un de ses amis, l'a aussi conforté dans son avis et l'animateur est toujours sur cet anime, 24 ans après. 
 
Les débuts de la série ont été laborieux avec un character designer qui a privilégié son style plutôt qu'essayer de coller à celui du manga, et surtout c'était un style difficile à adopter par les autres dessinateurs. La situation s'est amélioré avec la changement de character designer.
 
Eisaku Inoue a occupé des postes de directeur d'animation mais aussi de character designer sur plusieurs films de One Piece. Il a eu cependant un problème de santé grave et depuis, il tient un poste un peu touche à tout, en aidant là où il peut se rendre utile. 
 
Keiichi Ichikawa est arrivé sur l'anime One Piece qu'en 2017, à l'occasion d'un épisode spécial sur Sabo. Il ne connaissait le manga que de nom et n'avait vu que quelques épisodes. Une fois sur le projet, il a lu le manga et a compris le succès du titre. En arrivant juste pour diriger un épisode spécial, il a senti peu de pression en se disant que si ses employeurs n'étaient pas satisfaits, ils ne lui proposeraient pas d'autres opportunités de participer mais cela s'arrêtera là. L'épisode spécial a cependant été bien reçu et il a reçu indirectement un écho positif d'Eiichiro Oda, l'auteur du manga. 
 
Japan Expo 2023
 
En deux ans, il a gravi différents échelons dans l'équipe et il se retrouve maintenant responsable en chef de l'animation, en charge aussi des corrections des autres directeurs de l'animation et la pression qui va avec. Très modestement, il ne s'estime pas encore au top et a plaisanté en se demandant si la Toei n'allait pas le virer du jour au lendemain.
 
De son côté, Eisaku Inoue a senti qu'il était sur une série à succès quand il s'est fait arrêté la nuit par un policier alors qu'il rentrait chez lui depuis le studio. Le policier a pu voir sur quoi il travaillait et c'est tout juste s'il n'était pas devenu son meilleur ami quand il l'a quitté. 
 
L'animateur est aussi content d'avoir pu intégrer des équipes de film qui forment des structures à part en dehors du staff sur la série. En sous produit, cela lui a permis de rencontrer Eiichiro Oda pour la première fois.     
 
Sur la série, Eisaku Inoue a eu aussi en charge des épisodes poignants et est fier d'avoir laissé son empreinte notamment au niveau du choix des musiques de l'Ave Maria à Memories
 
Au niveau de la production de chaque épisode, il faut compter deux à trois semaines pour les dessins, en comptant la phase de correction des directeur d'animation. Situé à la fin de la chaîne, Keiichi Ichikawa se retrouve souvent avec une seule semaine de délai pour faire son travail. L'un et l'autre ont eu droit à une semaine de répits pour pouvoir assister à Japan Expo mais ils s'attendent à une montagne de travail à faire, à leur retour.  
 
Japan Expo 2023

Discuter de ce billet sur le forum - - Laisser un commentaire »

Voir aussi

Japan Expo 2023 §1 : Rôles des tantô, Tsukasa Hôjô et compagnie
Japan Expo 2023 §3 : Vue d'ensemble entre nouveautés, tradition et J-music

Cet article vous a plu?

Faites-le connaître ou votez pour cet article sur les sites suivants :

  • anime manga aggregator sama
  • Partager sur del.li.cious
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur Google

Ajoutez votre commentaire:

Merci de bien vouloir soigner votre orthographe et de proscrire le style SMS.


Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

 

↑ Haut de page