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Japan Expo 2018 §2 : Yoshitoki Oima, Atsushi Ohkubo et l'équipe Cowboy Bebop

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2018

Je poursuis mes publications sur Japan Expo 2018 avec les comptes rendus de conférences des invités japonais, en commençant par deux auteurs de manga puis l'équipe venue célébrée les 20 ans de Cowboy Bebop pendant le festival. La conférence Bungo Stray Dog et les rencontres avec animateurs du studio Xebec feront l'objet d'un autre article.

Au niveau manga, j'avais retenu le désistement de Buichi Terazawa, l'auteur de Cobra et invité d'honneur du festival, à cause de ses ennuis de santé. Je n'avais pas fait spécialement attention aux autres autres auteurs japonais mais j'ai d'abord pu assister à l'intervention de Yoshitoki Oima, conviée en France par Pika Edition pour la promotion de To Your Eternity.

Elle est cependant aussi connu pour son one shot A Silent Voice, publié en France chez un autre éditeur Ki-oon et qui a fait l'objet d'une adaptation en long métrage d'animation par le studio Kyoto Animation. Le film sortira d'ailleurs au cinéma en France le 22 août 2018. Il n'a pas été question du tout d'A Silent Voice pendant la conférence si ce n'est que les échanges ont non seulement été traduit du japonais au français mais également en langage des signes pendant toute la session. Etant donné la durée de l'intervention, cela a nécessité d'avoir deux interprétatrices qui se sont relayées.

C'était une demande de l'auteur à ce que j'ai cru comprendre mais c'est très bien de l'avoir mis en place. C'était également sympathique de croiser la même mangaka dans les allées le samedi matin sans escorte et qui avait tenu visiblement à visiter un peu les lieux avant d'enchaîner ses séances de dédicaces.

J'ai également eu des échos positifs des sessions de dédicaces organisées par Pika sur son stand. Alors que d'autres éditeurs demandaient aux visiteurs de passer par le système du salon même pour une séance qui se déroulait sur leur espace, Pika avait son système tout simple et accessible pour les gens qui arrivaient à un horaire raisonnable.qui pouvaient arriver tôt. Beaucoup de personnes ont également apprécié la qualité du support offert par l'éditeur pour les dédicace avec un logo en  plus relativement discret.

Japan Expo 2018

Pour revenir à la conférence, Yoshitoki Oima est venue accompagnée de ses deux tantô, les éditeurs qui viennent lui apporter leur support au quotidien notamment pour l'écriture de la trame de son manga. Le plus âgé a de l'expérience et s'occupe aussi de Love & Lies, un autre titre à succès chez Kodansha. Sur To Your Eternity, au delà des tâches communes, il a plutôt la charge des relectures et de l'édition des tankôbon avec les retouches à superviser, ce qui inclut notamment la gestion des pages bonus. Pour éviter de surcharger de travail son auteur, il est force proposition et mâche le travail pour trouver des idées pour compléter l'espace disponible en fin de volume.

Le plus jeune tantô, lui, se focalise pour fournir le meilleur environnement de travail possible pour Yoshitoki Oima. Il a visiblement moins de contrainte personnelle que son collègue et se rend plus facilement disponible pour la mangaka. C'était d'ailleurs amusant d'avoir eu une illustration en direct de leurs relations. Le tantô le plus jeune se mettait en quatre dès qu'il manquait un élément sur la scène dont avait besoin la dessinatrice pour travailler sur sa dédicace publique. Il a multiplié les aller retours en backstage pour récupérer ce qui manquait et en même temps, Yoshitoki Oima se tournait faire lui dès que quelque chose n'allait pas. Cela m'a rappelé ces passages caricaturaux dans des films où un majordome anticipe parfaitement les fait et gestes de sa maîtresse pour répondre à tous ses besoins.

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À l'opposé, le tantô expérimenté a pris la conférence à son compte et a répondu aux questions en lieu et place de l'auteur. C'est un schéma classique, sachant qu'un éditeur connaît bien ses mangaka et cela permettait à Yoshitoki Oima de se concentrer sur son dessin d'Imm, le personnage principal dans To Your Eternity.

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En revanche, cela n'a pas empêché la jeune femme de corriger les propos de son tantô ou d'intervenir également. Elle a ainsi interrompu son croquis pour montrer comment elle se lançait pour faire les nemu, les storyboards à la japonaise. Elle a rappelé les règles du b-à-ba qu'elle suit quand elle compose deux pages : Elle s'arrange pour que la dernière case donne envie au lecteur de tourner la page mais elle apporte aussi beaucoup d'attention à la case en haut à gauche, qui est ce que peut voir une personne quand celle-ci feuillette rapidement un tome.

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L'un et l'autre des tantô assistent aux même réunion avec la mangaka qui a un rythme de publication hebdomadaire. Malgré des années de métiers, les éditeurs ne s'habituent à ce stress de publication en continue chaque semaine à cause de la concurrence importante qui règne dans ce milieu. Les planches sont rendues le jeudi matin mais dès le jeudi soir, ils travaillent à trois sur le scénario du chapitre suivant et la mangaka peaufine également les personnages avec eux. Le rôle de ces personnages est d'accompagner le protagoniste principal et de le faire évoluer. La clef est donc d'abord d'imaginer comment Imm va grandir et ensuite de composer le portrait de celui ou celle qui va l'emmener dans cette direction. D'un tout petit enfant, Imm est maintenant arrivé à la maturité d'un adolescent dans les tomes publiés au Japon.

Les points de passage obligatoires ont déjà été définis, ce qui laisse une idée de la durée de l'histoire  globalement. Les tantô estiment que la trame du récit progresse un peu plus vite que ce qu'ils avaient prévu au départ mais la mangaka a déjà de la matière pour tenir 2 ans.

Les tantô fournissent également leur aide pour discuter de l'univers et en ce qui concerne la documentation mais cela part des idées de Yoshitoki Oima qui décide dans quel type d'endroit les scènes auront lieu et d'où découle le besoin de références documentaires.

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Pour revenir à l'agenda de la semaine, le vendredi et le samedi sont consacrés aux nemus. Les assistants arrivent le samedi et travaillent avec la mangaka jusqu'au mercredi pour boucler le chapitre.

Un dernier point a concerné l'adaptation de To Your Eternity en anime. L'éditeur a avoué que des studios avaient déjà fait des propositions et que c'était attendu et dans l'ordre des choses mais qu'il n'y avait rien de concret pour l'instant.

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Le samedi matin, c'était au tour d'Atsushi Ohkubo de venir sur la scène Kuri. Il est le célèbre auteur de Soul Eater mais maintenant son manga en cours est Fire Force édité chez Kana. La conférence était animé par un journaliste qui l'avait interviewé dans son atelier au Japon et qui a partagé quelques anecdotes sur l'auteur avec nous, au delà des questions qu'il (re)posait à Atsushi Ohkubo.

Depuis tout petit, l'auteur aime les voitures de pompiers qu'il trouve très classe lorsqu'elles foncent avec leurs sirènes hurlantes. Il a aussi toujours beaucoup admiré les tenues et l'équipement des soldats du feu, avec leurs casques et leurs bandes lumineuses.

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Fire Force n'est pas un manga classique sur les pompiers car il se situe dans un univers particulier que le mangaka situe dans un Tôkyô à la fin de l'ère Meiji et au début de l'ère Taishô. Le choix de cette époque lui a permis d'insérer les éléments Steampunk qu'il souhaitait et sans que cela choque. Pour les décors, il trouve une partie de son inspiration tout simplement en se promenant dans le quartier où il habite dans la capitale japonaise.

La phase de design des personnages est rapide en pratique car il couche sur papier ce qui est déjà prêt dans son esprit et le premier jet est souvent le bon. Quant au scénario, il y pense en permanence en rassemblant des éléments à chaque instant de sa vie quotidienne tel que pendant son séjour en France.

Son endroit de prédilection pour cogiter ses histoires n'est pas très glamour vu qu'il s'agit tout bonnement des toilettes.

Son rythme de publication est hebdomadaire et il réserve une journée pour discuter des moments clefs du chapitre en cours avec son éditeur, en réfléchissant à la mise en page et en passant de longs moments...aux toilettes. Il aborde ensuite les nemus mais pas d'une traite. Dès qu'une partie du storyboard lui convient il enchaîne directement la production des planches et pendant 4 jours, il alterne ainsi dessin au propre et composition de nemu.

Ses horaires de travail sont conséquents avec des journées qui s'étalent de 10h du matin jusqu'à 1h du matin.

Pour encrer ses planches, il est très classique et utilise une plume avec de l'encre de Chine, le même ustensile lui permettant de faire varier son trait en appuyant plus ou moins fort. Pour le dessin public effectué pendant la conférence, il était au crayon et avec différents feutres, le matériel habituel qu'il utilise aussi quand il doit faire des sessions de dédicaces. Il est obligé d'employer des feutres différents pour faire varier son trait.

Japan Expo 2018

Au fil des chapitres de Fire Force, son style a évolué et le présentateur a rappelé que les pantalons des personnages se sont ainsi élargis. Atsushi Ohkubo ne le fait pas sciemment cependant et il s'en aperçoit qu'une fois les planches bouclées en se disant qu'il s'est trompé. Une autre erreur courante qu'il fait est de mal orthographier le titre de son manga que ce soit en anglais ou même en japonais et il redouble d'attention pour éviter les cafouillages.

Au niveau du style, il aime bien pouvoir insérer le maximum de choses et faire régner le plus grand chaos. Tout le contraire de son atelier à dominance blanche et extrêmement bien ordonné. En fait, l'auteur est incapable de ranger quoique ce soit et il a décidé de se débarrasser immédiatement de tout ce qui est superflu dans son environnement de travail pour éviter que des affaires finissent pas traîner partout.

Le rythme rapide dans ses récits reflète aussi ses goûts. Il trouve que beaucoup de mangas actuels ne vont pas assez vite dans leur scénario et il déteste par dessus tout les passages explicatifs après les scènes d'action quelque soit le support de l'histoire, notamment dans les séries télévisées. Il a l'impression d'être pris pour un idiot. Il lit peu de mangas mais plus qu'avoir des goûts très sélectifs, il ne se lance dans la lecture d'un titre uniquement que lorsque le dernier tome est disponible. Il n'aime vraiment pas attendre.

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Si les questions sont toujours un peu basiques pendant ce genre d'exercice, la conférence était agréable à suivre avec une traduction fluide, un présentateur qui connaissait l'invité et n'hésitait pas à meubler – un peu mais pas trop – avec des anecdotes et surtout Atsushi Ohkubo est ce que j'appellerai un bon client, n'hésitant pas à répondre et à développer ses réponses puis en prenant la gentiment la pose à la fin pour les photos.

 Le mangaka a complété sa dédicace publique pendant qu'il répondait aux questions et il a composé un très joli duo cross-over entre Fire Force et Soul Eater.

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Après les rencontres des deux auteurs japonais de manga, j'aborde les conférences avec les invités venus pour célébrer les 20 ans de Cowboy Bebop. J'ai indiqué que j'avais du laisser passer le grand événement du samedi après-midi suite à un triple conflit d'agenda mais d'autres rendez-vous ont été organisés et ils ont permis de revoir l'ensemble de l'équipe ou bien quelques membres individuellement.

J'ai assisté ainsi à l'intervention de Toshihiro Kawamoto, le chara designer de Cowboy Bebop, que j'avais déjà vu à l'oeuvre à Cartoonist Toulon en l'an 2000 et qui avait composé en public une très belle aquarelle de Spike Spiegel.

Japan Expo 2018

À Japan Expo, c'était l'une des rares conférences où les photos et vidéo n'étaient pas autorisées donc vous aurez un texte plutôt brut en guise de compte rendu.

Le chara designer est revenu sur ses débuts qui ont commencé relativement tard car il a d'abord travaillé comme salarié lambda après ses études et il a bifurqué vers des études dans une école d'animation suite à quelques rencontres et après un an et demi de carrière dans un tout autre domaine.

Il a travaillé entre autres sur le film Venus War, où il se fait déjà remarqué, ce qui lui a valu quelques temps après d'être en charge de son premier character design sur Mobile Suit Gundam 0083 : Stardust Memory en 1991.

Son rôle est de veiller à l'harmonie des dessins et il vérifie aussi les poses clefs. La plus grande difficulté pour lui dans le chara design est, lorsqu'il doit adapter des protagonistes déjà conçus pour un autre support, de produire des personnages qui plaisent aussi aux auteurs originaux.

Avec plus de 25 ans d'expérience dans le chara designer, Cowboy Bebop reste son travail le plus marquant. Il a sorti sur anecdote sur le costume de Faye Valentine. Il trouvait une consonance chinoise dans le personnage et a d'abord songé à une robe chinoise classique mais le réalisateur Shin'ichirô Watanabe a refusé sa proposition et a demandé une tenue plus sexy.  Toshihiro Kawamoto s'est exécuté mais en optant pour un costume qui lui plaisait personnellement.

Au niveau des projets récents, Toshihiro Kawamoto fait partie de l'équipe technique du studio Bones sur le film My Hero Academia Two Heroes qui a été projeté en avant-première à Japan Expo et qui ne sortira au Japon qu'au début du mois d'août. Il est amusant de voir les événements se chevaucher. Initialement invité pour les 20 ans de Cowboy Bebop, le producteur Masahiko Minami devenu président du studio Bones depuis, est venu avec une belle exclusivité. Voir son patron prendre le temps de séjourner en France en pleine période rush avant la sortie du film a tranquillisé Toshihiro Kawamoto qui l'a suivi.

Le montage du long métrage a été bouclé juste avant le festival et l'animateur n'exclut pas que la version soit retouchée avant sa sortie cinéma même si aucune scène ne sera rajoutée d'ici là. Le chara designer a aussi accepté une commande de conception de personnages sur un titre qu'il ne peut pas encore communiquer et auquel il ne participera pas ensuite pendant la production. À part cela, il n'a pas de visibilité sur ses activités à venir.

Toshihiro Kawamoto a terminé sa conférence par une dédicace publique où il a réuni les principaux protagonistes de Cowboy Bebop.

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Un autre membre de l'équipe de Cowboy Bebop a eu droit à sa conférence individuelle : Kimitoshi Yamane, le mecha designer de l'anime.

Né dans la préfecture de Shimane, il est parti à Tôkyô à 18 ans pour poursuivre ses études, puis a intégré le studio Artmic après la fin de son cursus à l'université. Chez Artmic, il a échappé au titre phare Megazone 23 mais il a travaillé sur des véhicules et des vaisseaux dans Bubblegum Crisis et Gall Force. Il a également participé aux OAVs de Casshan et de Gatchaman.

Après Artmic, il a été employé par Sunrise, notamment sur la série Escaflowne dont le producteur l'a convié à postuler sur Cowboy Bebop. Les réalisateurs imposent parfois leurs designers dans les projets mais dans le cas de Cowboy Bebop, il y a eu une véritable audition et les propositions de Kimitoshi Yamane ont plu à Shin'ichirô Watanabe qui a retenu sa candidature.

Le mecha designer a abordé la conception des principaux vaisseaux dans l'anime, qui collent aux personnages et qui découlent d'une idée particulière. Le Red Tail de Faye Valentine se rapproche du design des vaisseaux standards de la police dans l'univers de Cowboy Bebop mais avec un côté à la fois mignon mais aussi empoisonné à l'image de sa propriétaire. Le Swordfish II de Spike est calqué sur l'image d'un espadon avec son caractère rapide contrairement au Hammer Head, l'engin piloté par Jet Black et dérivé d'une excavatrice. Pour le Bebop, le vaisseau de l'équipe, il a voulu refléter l'aspect bon marché qui correspond au niveau de vie de mercenaires qui ne roulent pas sur l'or.

Malgré la diversité des véhicules spatiaux, il a assuré une certaine homogénéité avec le concept de monopod et des cockpits qui permettent le pilotage dans une tenue habituelle, sans avoir à porter de combinaison. Cela a valu à Kimitoshi Yamane une remarque de Shôji Kawamori le célèbre réalisateur et mecha designer chez Satelight. Ce dernier a trouvé la trouvaille astucieuse pour économiser du travail en fournissant un cockpit semblable à tous les vaisseaux.

Il a été aussi brièvement question de sa collaboration sur Detonator Orgun avec Masami Obari, un autre grand mecha designer qui était alors le réalisateur des OAVs. J'ai retenu qu'ils se respectaient beaucoup et qu'ils étaient toujours amis.

Le Hammer Head est le vaisseau préféré de Kimitoshi Yamane qui aime bien son côté imposant, lui qui apprécie tout ce qui est engin de chantier lourd. Le Hammer Head est aussi un exemple de la complexité pour aboutir à un design définitif. Le résultat final n'a absolument plus rien à voir avec la première forme et seule l'idée général d'excavatrice a été conservée au fil des évolutions.

De manière générale, Kimitoshi Yamane fustige la tentation de multiplier les traits dans le mecha design qu'il découvre aujourd'hui et considère que c'est juste de l’esbroufe pour impressionner, sans véritable matière ni d'originalité à proposer. Il est fan du style des mecha des années 70.

Au niveau des projets, le mecha designer continue à travailler sur du Gundam. Le travail en freelance lui convient et il ne se voit pas se lancer dans la création complexe d'un studio spécialisé dans le mecha design comme d'autres ont pu le faire.

Pour sa dédicace publique, Kimitoshi Yamane a dessiné 3 vaisseaux : Le Hammer Head, le Red Tail et le Swordfish II. Il nous a bluffés rien qu'en plaçant les contours à l'encre sur une feuille grand format, sans faire le moindre crayonné. Au fil des minutes, il a rajouté de plus en plus de détails et tout s’emboîte parfaitement. Le résultat est impressionnant.

Japan Expo 2018

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Je suis content d'avoir pu assister à ce live drawing et finalement le bon vieux paperboard permet de  mieux voir que le système de repro où la caméra filme la feuille en hauteur sur un écran. Il manque la vue d'ensemble avec la feuille régulièrement tronquée à l'écran quand elle ne sort pas du champs de la caméra ou qu'il y a de toute manière la main ou la matériel du dessinateur ou de la dessinatrice. Pour le paperboard, le dessinateur est devant mais pas en permanence et nous suivons mieux la progression du dessin en vrai.

Cela demeure néanmoins une impression du point de vue du spectateur et j'imagine bien que c'est beaucoup plus confortable de faire une esquisse sur une feuille A4 assis devant une table que de rester debout à dessiner sur un grand support parfois bancal. D'autant plus que les professionnels ont souvent l'habitude de travailler directement au format numérique et ne reviennent au papier que pendant ce genre de démonstration.

Mention spéciale aussi pour le traducteur qui a également animé les échanges avec Kimitoshi Yamane et dont nous sentions tout de suite qu'il maîtrisait bien son domaine et qu'il connaissait aussi bien les titres et les noms des animateurs mentionnés dans les questions posées par le public.

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Le dernier rendez-vous que je traite dans cet article s'est déroulé le samedi matin et regroupait une partie des invités présent sur le festival et en rapport avec Cowboy Bebop. C'était bien complémentaire par rapport aux deux conférences précédentes puisque étaient présents le réalisateur Shin'ichirô Watanabe, la scénariste Keiko Nobumoto, le producteur Masahiko Minami ainsi que des invités surprise par rapport au programme annoncé, à savoir Shin Sasaki, grand ponte de chez Sunrise, mais aussi des invités français tels que Carlo Levy qui a importé la licence en France ou encore les comédiens Yann Pichon et Bérangère Jean qui ont doublé Spike et Fate. Ils sont venus avec Thierry Kazazian leur chef de plateau à l'époque sur le produit.

Japan Expo 2018

Avec autant de monde présent, il y a eu quasiment qu'une question par invité en excluant celles du public à la fin. Shin Sasaki a ouvert le bal en rappelant la volonté de Sunrise de lancer un titre qui sortait des sentiers battus. C'était pensé pour le marché nippon mais il ne s'étonne pas du tout du succès à l'étranger.

Le réalisateur Shin'ichirô Watanabe a alors lancé son premier pic à son voisin en soulignant que rien n'avait été réfléchi pour le lancement sur le marché international et il a renchéri en rappelant l'énorme liberté artistique qu'il avait à l'époque par rapport aux contraintes marketing actuelles. Il a sorti que la seule œuvre récente jouissant encore de cette liberté a été Space Dandy, une production du studio … Bones.

La situation est quand même incongrue avec une équipe qui célèbre les 20 ans d'une production de Sunrise mais dont la majorité des membres clefs ont quitté depuis l'entreprise pour aller fonder le studio Bones pour retrouver un environnement plus propice à leur talent. D'après d'autres échos, Sunrise a continué a en prendre pour son grade durant la grande conférence de l'après-midi même si Shin'ichirô Watanabe est toujours d'humeur blagueuse. Je vous renvoie au compte rendu de l'édition des 10 ans en 2009, où il avait tenu une conférence individuelle et longuement parlé de sa carrière, avec le même état d'esprit.

Le producteur de l'époque et maintenant président du studio Bones, Masahiko Minami a indiqué qu'il avait commandé à son réalisateur une série pour pouvoir vendre des modèles réduits de vaisseaux spatiaux. Ils n'ont jamais rien vendu mais cela a donné Cowboy Bebop.

Il a répondu à une question en aparté concernant le partenariat du studio Bones avec Netflix. Il a mis en avant l'apport de Netflix pour leurs productions en terme de diffusion au niveau mondial, de manière simultanée et avec des traductions dans toutes les langues. L'acteur américain insère un vent de renouveau que le producteur japonais pense bénéfique pour la création.

Une anecdote a concerné sa présence dans le manga Aoi Honô dessiné par Kazuhiko Shimamoto qu'il connaît depuis l'université. Ils sont toujours amis et au cours d'une soirée trop arrosée il a donné son accord pour apparaître dans le manga. Il pensait être introduit furtivement dans une seule page mais son personnage a duré pendant 3 tomes complets.

Japan Expo

Sur le processus d'écriture du scénario, Keiko Nobumoto a mentionné que l'essentiel se faisait pendant des réunions d'équipe où 90% du temps étaient plutôt passés à plaisanter et se raconter des histoires drôles. Cela a contribué à bâtir l'atmosphère général du récit mais aussi à produire concrètement les scripts qui étaient prêts à la fin de ces discussions.

Carlo Levy est ensuite intervenu en évoquant les moyens de l'époque pour se tenir informer des nouveaux anime sortis au Japon alors qu'internet balbutiait encore. Il recevait environs 200 cassettes vidéo NTSC par an avec encore un time code sur l'image pour décourager le piratage. Après avoir lancé Evangelion et Escaflowne, il a été tout de suite séduit par le générique de début de Cowboy Bebop et après avoir visionné le premier épisode, il a pris contact tout suite avec Sunrise par fax pour demander les droits de la série.

Le diffuseur d'anime en ce temps là était Canal+ et alors que le contrat s'était négocié en juin avec eux, ils ont exigé d'avoir la série doublée prête pour la rentrée en septembre. La diffusion à la télévision a donc suivi en un temps record la sortie en vidéo mais cela a laissé très peu de temps pour le doublage.

Thierry Kazazian avait déjà dirigé les voix françaises sur Escaflowne et il a reconduit les comédiens sur Cowboy Bebop en attribuant les rôles selon leurs registres mais aussi leur attitude sur la plateaux notamment en ce qui concerne Yann Pichon chez qui il voyait des points communs avec Spike. En guise de méthode de travail, le directeur artistique tenait à faire écouter le générique de début de la série avant chaque session pour remettre tout le monde dans l'atmosphère.

Japan Expo 2018

Contrairement aux seiyû sur la série originale qui ont eu du mal à cerner les personnages d'après le témoignage de Shin'ichirô Watanabe, les comédiens français n'ont pas rencontrer de problème particulier pour rentrer dans leurs rôles. D'une part, l'univers de Cowboy Bebop qu'ils rattachaient à l'atmosphère d'un western spaghetti leur parlait et ils ont pu aussi calquer leur jeu sur celui des doubleurs japonais.

J'étais un peu dubitatif avant la conférence mais la méthode académique d'une seule question par invité a permis de dégager du temps pour quelques questions du public et les réponses étaient suffisamment conséquentes pour rendre l'ensemble intéressant à suivre. En fait pour parfaire la célébration des 20 ans de Cowboy Bebop, il ne manquait presque que Yôko Kanno dont les musiques sont une pierre angulaire du titre, ainsi qu'une exposition sur la série.

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Voir aussi

Japan Expo 2018 §1 : Vue d'ensemble, culture traditionnelle et concerts
Japan Expo 2018 §3 : Bungo Stray Dogs et les invités du studio Xebec

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 24/07/2018 à 16:52
    Dans OIMA Yoshitoki : la mort et la..., il a été dit

    [...]vous pouvez retrouver un résumé de la conférence publique de OIMA Yoshitoki chez nos confrères d'Animint. Remerciements à OIMA Yoshitoki pour son temps,[...]

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