Animint

  Anime & manga

 
 
“Animint traite des dessins animés japonais et du manga. Outre ce blog, le site comporte plusieurs milliers de pages de texte illustré.”

Compte rendu du concert Melodies in the Mist de Michiru Ôshima

Par le :: Manifestations

series , films , fullmetal_alchemist , 2011 , 2012 , animes

Le 29 janvier 2012, le théâtre Adyar a accueilli un concert intitulé Melodies in the Mist et consacré à l'oeuvre de Michiru Ôshima. J'avais remarqué la venue de la compositrice à Japan Expo en juillet 2011, où elle n'a pas été gâtée entre une première conférence annulée en fin de journée le jeudi, faute de visiteurs et une deuxième remplie de monde dans la salle Comic Con, où tout le monde attendait en fait Steven Moffat et n'écoutait Michiru Ôshima que d'une oreille discrète, alors qu'elle était venue présenter un projet associatif pour soutenir les victimes de la catastrophe de mars 2011 au Japon. Pendant le concert, il en a été d'ailleurs question à nouveau et une partie du prix des billets du concert va être reversée à l'association caritative.

Ce n'était pas donc la première fois que Michiru Ôshima venait en France, et pendant la session de questions réponses en guise de préambule du concert, elle nous a indiqué que sa première visite remonte à ses 15 ans, voilà donc plus de 30 ans. Depuis, elle revient assez régulièrement et j'ai également appris pendant la soirée, que la session d'enregistrement des musiques de Nabari avait eu lieu chez nous.

Des compositions de Michiru Ôshima, je n'ai connu pendant longtemps que la bande originale de Kaze no Tairuku, le continent de vent, un des films que je considère toujours comme majeur parmi la production de l'animation japonaise, notamment grâce à son ambiance et sa musique. Bizarrement, je n'ai redécouvert la compositrice que bien plus tard, car j'avais zappé toutes ses musiques pour Fullmetal Alchemist, qui ne m'avaient pas marqué. En revanche, j'ai été séduit par la bande originale de Bônen no Xamdô, puis par son travail sur So-ra-no-wo-to.  Au final, en faisant un bilan plus précis de toutes ses travaux, Michiru Ôshima apparait aux portes de mon top 10 des compositeurs de musique d'anime.

Les travaux de l'artiste ne se cantonnent pas aux anime et embrasse un cadre bien plus large, des jeux vidéo aux séries drama, en passant par les long métrages. A un des spectateurs qui lui demandait s'il n'était pas difficile de passer d'un  domaine à l'autre, elle a répondu que c'était au contraire mieux pour elle, car elle pouvait repartir de zéro à chaque fois, sans être parasitée par les compositions précédentes.

Le programme du concert est d'ailleurs intéressant, avec un réel effort pour montrer toute l'étendu de l'oeuvre de Michiru Ôshima et non pas se cantonner à un pot pourri de ses hits. L'exercice était délicat pour conserver les morceaux incontournable de ses succès, tout en insérant des thèmes moins connus du public pourtant déjà connaisseur pour la plupart.

Ses oeuvres sont principalement orchestrales mais elle nous a déclaré qu'elle n'a eu aucune prédisposition à composer de la musique classique. Plus jeune, elle était d'ailleurs plus orientée jazz et rock, et elle a orienté son style à cause des commandes qui lui sont faites. Elle ne désespère pas d'entreprendre des projets plus orientés musiques de jazz, par exemple.

Melodies in the Mist

Avant d'aborder le concert proprement dit, je reviens brièvement sur la première partie de la soirée. Arrivé environs une demi heure avant l'heure d'ouverture annoncée, j'avais quand même une quarantaine de personnes devant moi et un bel attroupement qui a fini par dépassé allègrement l'impasse du Square Rapp pour se prolonger dans l'avenue Rapp. L'avantage de la queue est qu'il était difficile de rater le théâtre si vous ignoriez exactement, où il se situait.

A l'heure d'ouverture, la file d'attente n'avançait pas très vite, mais le staff est sorti pour scanner les billets – tous étaient électroniques – en remontant la queue assez rapidement. Il commençait à faire frisquet et une fois arrivé à l'intérieur, j'ai vu concrètement pourquoi nous entrions si lentement : Vue l'organisation des lieux, Michiru Ôshima était dans le hall d'entrée et faisait nos dédicaces avant que nous allions rejoindre nos sièges. Elle a  vraiment du donner une dédicace à tout le monde, sans oublier personne. Si l'inconvénient a été de ralentir le flux à l'entrée, la séance annoncée de dédicace a du inciter les gens à venir à l'avance par rapport à l'heure du concert et il n'y a pas du y avoir beaucoup de retardataires.

Sur place, il était aussi possible d'acheter quelques CDs mais à 20 € l'unité – alors que certains sites en ligne les vendent plutôt à 30€ -  le maigre stock a rapidement été épuisé. Mon voisin a du prendre le dernier. Pour ceux qui n'avaient rien apporté de spécial, il restait toujours le fascicule du programme de la soirée à faire signer. Ce dernier comportait aussi les paroles des chansons interprétées pendant le concert, ainsi qu'une présentation des différents protagonistes.

Oshima dédicace

Le théâtre permet d'accueillir plus de 300 personnes, sur 2 étages, avec un écran vidéo disposé derrière la scène. Il n'y avait pas de place numérotée : c'était au premier arrivé, premier assis, même cela ne devait pas faire une énorme différence étant donné la salle. J'ai été surpris par le sentiment de proximité avec la scène et aussi par la qualité du son. En bas, les premiers rangs étaient réservés aux invités mais il est regrettable qu'un bon nombre de places soient restées vides, alors que les sièges étaient remplis jusqu'au fond de la pièce.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, Michiru Ôshima est d'abord montée sur scène et elle est revenue sur la genèse du projet, que lui a soumis par Wayo Records. Pour elle, il n'était pas évident du tout de monter un concert à partir de ses œuvres, souvent bâties à base de synthétiseur ou bien de musique symphonique. Là, nous étions dans une configuration de musique de chambre, le plus souvent en quatuor : violon, alto, violoncelle et piano.  La quatuor devenait parfois duo, piano et violon, en reformant le groupe Yume Duo, que vous avez du déjà entendre pendant Japan Expo ou Chibi. Ce même Yume Duo a d'ailleurs signé l'arrangement musical de quelques morceaux joués pendant le concert.

En fait, contrairement par exemple à un Joe Hisaishi, qui dirige ou joue du piano sur la scène, Michiru Ôshima restait le plus souvent parmi le public. Évidemment, elle a été la pierre angulaire de la préparation musicale de l'événement et elle a travaillé sur la plupart des arrangements mais elle a laissé au quatuor de musiciens français le soin de jouer ses œuvres. Cela ne m'a pas choqué dans le sens où j'ai trouvé les musiciens très bon et plus à l'aise sur la scène que la compositrice. En parcourant les réactions  sur d'autres sites, j'ai vu que cela en avait déçu plus d'un, qui s'attendait à un concert joué avec Michiru Ôshima, plutôt qu'à un concert préparé avec Michiru Ôshima. Dans un autre ordre d'idée, ce serait reprocher à Isao Takahata de ne pas dessiner aussi bien qu'Hayao MIyazaki, alors que son rôle est d'être un réalisateur avant tout.

Cependant, n'allez pas croire que la compositrice était tout le temps à sa place : Elle s'est d'abord invitée avec son mélodica pendant la représentation du thème d'Ozu, tiré de The Tatami Galaxy. Après l'entracte, les musiciens ont joué la musique en direct du court métrage d'animation L'Orchestre en montgolfière, avec la compositrice sur scène pour les diriger et surtout pour leur indiquer quand commencer à jouer les différents enchaînements, le film étant "silencieux" par moment.

Elle était donc bien présente, et après chaque série de morceaux,  elle revenait souvent sur scène avec le présentateur - qui faisait aussi office de traducteur - pour faire un petit speech, avant que la fournée suivante soit lancée. Les puristes auraient préféré un concert musical de bout en bout, sans interruptions, mais j'avoue que je préfère cette forme là, plus rythmée et je reprocherai juste au présentateur d'avoir fait sentir son stress, mais je loue son enthousiasme tout au long de l'événement.

Michiru Oshima

Le concert, qui a duré plus de 2 heures, était aussi parsemé d'interludes vidéo, en plus des présentations. Le premier message enregistré provenait de Yasuhiro Yoshiura, le réalisateur de Time of Eve, qui travaille sur Sakasama no Patema, qui devrait sortir à l'automne 2012 et auquel Michiru Ôshima participe.

La vidéo d'après était une intervention de Seiji Mizushima, le réalisateur de Fullmetal Alchemist, qui nous enviait de pouvoir écouter Bratja en live, alors qu'il n'a pu le faire que pendant la période d'enregistrement à Moscou. Enfin, lui, il avait eu droit à la version philharmonique en live, à l'époque...

En quatuor, Bratja est aussi très bien, avec au chant une Estelle Micheau très inspirée. Bratja a été pour moi l'un des moments forts du concert, d'autant plus que la chanteuse l'a interprété en russe. Elle a d'ailleurs du jongler entre les langues, entre le français, l'anglais mais aussi le portugais, pour Lição de Vento, le générique de fin de Kaze no Tairiku.

J'ai beaucoup aimé l'adaptation du thème les voyageurs du désert, issu également de Kaze no Tairuku, avec un passage bien trouvé transformé en claquements de main, qui surprend mais qui correspond bien au morceau.

Un autre pan du concert était consacré aux musiques de jeux vidéo, qui sont le sujet de prédilection de Wayo Records, mais j'avoue ne pas avoir été enthousiasmé par cette partie, hormis les extraits d'ICO, dont l'album Melody in the Mist a inspiré le titre du concert. D'ailleurs, le programme a commencé par le thème de début d'ICO et s'est achevé par le générique de fin, ICO - You Were There.

Au sujet de la team ICO, Michiru Ôshima a confirmé qu'elle n'avait pas été contactée pour participer à leur prochain opus, The Last Guardian. En plaisantant, elle a indiqué que c'était peut être qu'il s'était vendu plus de CDs de musique que de jeu lui-même, pour ICO. Pour rappel, les musiques du volet précédent, Shadow of the Colossus, ont été composées par Kow Otani.

Le contenu de la dernière partie du concert, plus axé sur les séries drama et les films live m'a permis de découvrir de nouvelles musiques, au travers des deux hommages. D'abord un hommage à l'interprète Eri Kawai, disparue en 2008, dont la chanson, Sha-rion, a été reprise en version française pour l'occasion. En revanche, avoir le titre prononcé à la française pendant la chanson, n'est pas le choix le plus judicieux.

Le deuxième hommage a concerné le réalisateur Yoshimitsu Morita, décédé le 20 décembre 2011, d'une insuffisance hépatique aiguë. Depuis le film Paradise Lost en 1997, Michiru Ôshima a écrite la bande originale d'une dizaine de ses longs métrages, en presque 15 ans de collaboration, et malgré le caractère difficile du monsieur, sa disparition laisse forcément un vide, alors que nous attendons la sortie – à titre posthume - de son dernier film pour mars 2012.

Paradise Lost

J'ai été enthousiasmé par l'interprétation du thème de Shitsurakuen / Paradise Lost que je ne connaissais pas du tout. En revanche, je serai plus sévère sur The Copycat et encore plus sur le thème Godzilla x Mecha-Godzilla. Pas à cause de la musique proprement dite, excellente, mais de l'arrangement qui consistait à diffuser la bande son dans la salle et faire jouer deux malheureux violons en vrai, alors que nous entendions un orchestre symphonique complet en playback, qui couvrait leur son, le tout devant une séquence vidéo qui tournait en boucle. Il aurait mieux valu faire une véritable séquence reportage vidéo ou faire l'impasse sur ce thème, inadapté en musique de chambre.

De la même manière, la régie de la salle diffusait la bande musicale de certaines chansons, qui sont plus pop qu'orchestrale, ce qui donnait plus l'impression d'un exercice - certes très réussi - de karaoké plutôt que d'un concert. Je me demande si cela serait mieux passer en voyant un synthé ou une guitare acoustique sur  scène, en pensant aux prestations de Yuki Kajiura ou encore de Noriyuki Iwadare pendant Japan Expo 2010, mais de toute manière, il manquait les percussions.  D'un autre côté, je préfère avoir entendu plusieurs chansons plutôt que n'avoir des morceaux classiques, d'autant plus que c'est l'une des riches facettes de Michiru Ôshima, qui a plusieurs bons générique à son crédit.

En guise de rappel, la compositrice a conclu personnellement le concert en jouant, au piano et en solo, une composition originale de son crû, entre deux salves d'applaudissements de la salle.

Finalement, j'ai été agréablement surpris par le concert, notamment par son côté chaleureux, intimiste et vivant. Je remets en cause certains choix mais je n'ai pas été déçu par la qualité musicale. Au moins, la salle offrait un confort d'écoute, ce qui n'est pas le cas dans d'autres lieux pourtant plus branchés. Je pense que la programmation a presque réussi son pari en parcourant toute la palette de diversité dont sont capables les oeuvres de Michiru Ôshima. Ne connaissant surtout que ses compositions pour les anime, j'ai été un peu déçu de ne pas entendre un extrait de So-ra-no-wo-to ni le fabuleux thème de Bônen no Xamdô, mais du coup, j'ai pu (re)découvrir les bandes originales de Nabari et The Tatami Galaxy.


Bounen no Xamdou

Discuter de ce billet sur le forum - - Laisser un commentaire »

Cet article vous a plu?

Faites-le connaître ou votez pour cet article sur les sites suivants :

  • anime manga aggregator sama
  • Partager sur del.li.cious
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur Google

Ajoutez votre commentaire:

Merci de bien vouloir soigner votre orthographe et de proscrire le style SMS.


Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

 

↑ Haut de page