Animint
Anime & manga
Japan Expo 2025 §3 : Metal Hero, Bagira-chan et Love on Trial
Par Pazu d'Animint le mercredi 09 juillet 2025 18:58 :: Manifestations
Outre les mangas et les animes, Japan Expo aborde aussi les productions en prises de vue réelles et nous en avions eu un bon aperçu l'année dernière avec les Kaijû et Ring.
Une des projections du jeudi soir était même le film Kyrie's Song du réalisateur Shunji Iwai.
Le tokusatsu et en particulier les séries Metal Hero ont été aussi mises en avant avec la présence de Makoto Sumikawa et Hiroshi Watari qui ont joué tous les deux dans Spielvan. Ils ont tenu deux conférences, l'une le vendredi et l'autre le samedi en compagnie des auteurs français de Shin Zero.
Au moment de devoir choisir sa profession, Makoto Sumikawa était une fan de Hiroyuki Sanada – Ayato dans San Ku Kai – et a postulé pour rejoindre la même école de cascadeurs, le Japan Action Club ou JAC. Ayant plus d'affinité avec les épreuves sportives qu'avec les matières théoriques, le cursus lui convenait, même si les entraînements étaient très difficiles. Elle a eu ses premiers rôles dans des comédies musicales.
Hiroshi Watari est aussi issu du JAC et considère l'école comme une famille, où ses aînés l'ont éduqué pour qu'il soit plus sociable, lui qui venait de la région de Niigata et manquait de manières de savoir-vivre, de son propre aveux.
Même au début de sa carrière, il a pu profiter des conseils d'un mentor qui était aussi son voisin à Tôkyô, à savoir Jun Murukami le cascadeur qui a revêtu les armures de Gavan – X-OR - et Sharivan.
Hiroshi Watari aussi porté l'armure de Gavan pendant trois épisodes avant de basculer sur une production complètement différente dans des rôles de ninjas, où le tournage avait lieu à Kyôto. Il regardait parfois des épisodes de Gavan mais sans plus. Il a pourtant postulé au rôle de Sharivan, le successeur de Gavan et il l'a obtenu.
Ce qu'il avait moins anticipé, c'est que la décision de la production pour introduire Sharivan a été prise à l'arrache et qu'il y a eu en fait seulement 4 jours entre son audition et le tournage de l'épisode 42 de Gavan, où il devait faire sa première apparition.
Incarner Sharivan l'a stressé et il a décidé de récupérer et visionner toutes les cassettes vidéos de Gavan pour s'en inspirer mais il s'est rendu compte qu'il n'arriverait jamais à atteindre la même vitesse d'exécution de Kenji Ohba qui jouait le héro. Cela lui a encore plus mis la pression mais il a fini par faire une croix sur Gavan et a composé son propre personnage.
En 1985, Hiroshi Watari a décroché le rôle de Boomerang dans Jaspion. À l'époque, Hikaru Kurosaki qui jouait le héro à visage découvert était sur deux projets à la fois et pendant les quelques épisodes où il a du s'absenter, la production a préféré montrer une autre tête et cela donné le personnage de Boomerang.
Sur Spielvan, Makoto Sumikawa a joué Diana, le personnage féminin principal qui portait aussi une armure et dépassait le cadre habituel de la petite copine qui apporte juste son soutien moral ou qu'il faut sauver car laissée sans défense. Quelque part, la nouvelle stature du rôle répondait à une petite évolution de la société japonaise qui voyait les femmes plus fortes.
Il n'empêche que Diana portait une mini-jupe et cela gênait l'actrice qui a adopté ses méthodes de combat pour éviter les poses gênantes. Alors qu'elle était plutôt adepte de donner des coups des pieds, ses attaques se sont limitées à des projections.
Sur le tournage, elle s'est très bien entendu avec Hiroshi Watari qui renait le rôle de Spielvan : Ils divergeaient souvent des répliques écrites mais arrivaient toujours à se comprendre sans avoir à se parler.
Pour des impératifs de planning les premières scènes ont été filmées dès début janvier avec un premier épisode dans la neige et un troisième, où il a fallu se baigner dans un lac dans le nord du Japon alors qu'il était question d'être dans une région australe dans le scénario. Les deux acteurs ont souffert du froid pendant les premiers mois de tournage tout en devant garder le sourire et ne rien laisser transparaître. Ils n'avaient que de simples collants pour se protéger mais leur calvaire était moindre que celui des cascadeurs qui portaient les armures.
En effet, Makoto Sumikawa et Hiroshi Watari jouaient juste les personnages à visages découverts et ont très peu revêtu les armures, où des personnes plus grandes les remplaçaient pour obtenir des mouvements plus amples devant les caméras. Les armures sont aussi dupliquées avec une version souple utilisée pour les combats et une version métallique visibles surtout après les transformations. Les éléments métalliques sont autant de pièces qui emmagasinaient le froid et les cascadeurs dans les ces armures avaient l'impression d'être enfermés dans un réfrigérateur.
L'acteur est aussi revenu sur l'inconfort des armures de combat, notamment du casque. Ce dernier présentait une étroite ouverture au niveau des yeux qui restreignait le champ de vision et obligeait à baisser la tête pour voir le sol et si jamais vous incliniez la tête, la rigidité du casque vous étranglait. En pratique, l'acteur s'est retrouvé à retenir sa respiration avant d'effectuer une cascade et l'obligation de compter ses pas pour repérer où était le trampoline pour viser juste.
Une autre limitation de l'époque concernait les effets lasers sur les armes et les costumes qui ne se faisaient pas post production, mais tout simplement avec des néons et d'autres lampes alimentées en électricité par des fils qui devaient passer sous les vêtements pour rester cachés. Les fils étaient cependant mal isolé et l'acteur se souvient avoir pris quelques coups de jus.
Ichiro Mizuki, le célèbre interprète japonais des génériques de Mazinger Z ou encore Captain Harlock, a joué le docteur Ben, le père du héro dans Spielvan et Hiroshi Watari qui a gardé contact avec lui, a continué à toujours l'appeler papa Mizuki
Il garde aussi un très bon souvenir de Machiko Soga, l'actrice qui jouait la vilaine reine Pandora dans Spielvan. Elle était très gentille mais était capable de se métamorphoser en adoptant des expressions exacerbées et complètement délurées. Selon lui, ce genre de rôle convenait très bien à l'actrice qui s'est beaucoup plu à poursuivre sa carrière dans les séries tokusatsu.
Makoto Sumikawa se souvient également d'elle mais regrette de ne pas l'avoir côtoyer plus souvent. En effet, le personnage de Pandora restait en permanence dans sa base donc il y a eu extrêmement peu d'interactions pendant le tournage et elles se sont juste croisées pendant les enregistrements des doublages.
Dans sa carrière, Hiroshi Watari a été marqué par les épisodes 25 et 26 de Chôjinki Metalder qui ont réuni plusieurs membres du JAC.
Pour Makoto Sumikawa, c'est le rôle de Navia dans Winspector qui l'a le plus marqué, un personnage avec lequel elle pu s'exprimer sans retenue.
En clôture de chaque conférence, les invités ont joué des petites scènes de combat ponctuées par les chorégraphie de transformation de leurs personnages respectifs dans Spielvan.
La samedi matin la scène Kuri a accueilli l'équipe de Jubaku Shôjo Bagira-chan, un projet atypique mêlant prises de vue réelle, effets spéciaux et séquences animées. Étaient présents le producteur Kawase Kôichi, le réalisateur YP et l'actrice qui joue Bagira-chan. Cette dernière était vraiment dans la peau du personnage car elle était dans le rôle pendant toute la séance et même plus, vu que nous avons appris qu'elle était aussi avec son costume la veille, au restaurant. Le présentateur avait sans doute plusieurs questions sérieuses à lui poser mais il s'est plutôt recentré sur YP.
YP est un professionnel habitué à manier les images de synthèse en animation et a commencé par plusieurs publicités et des clips vidéos. Il baigne dans la pop culture et a puisé une partie de ses inspirations dans les mangas du Shônen Jump, que ce soit Naruto, One Piece, Dandandan ou encore My Hero Academia.
Le premier épisode de Jubaku Shôjo Bagira-chan partagé sur YouTube a rencontré un franc succès non seulement au Japon mais aussi auprès des personnes à l'étranger qui ont partagé leur enthousiasme. Il a attiré l'attention des médias japonais mais aussi d'acteurs connus qui ont même émis le désir de participer au projet. Les storyboards du réalisateur sont aussi partagés sur les réseaux sociaux et pour petite anecdote, vous pouvez repérer rapidement la présence de Bagira-chan qui est croquée sous forme d'un chat.
L'équipe de production représente une soixantaine de personnes derrière, entre les animations, les effets spéciaux et les scènes à filmer. D'après son actrice principale, YP se montre exigeant pendant le tournage mais motive ses acteurs à donner leur maximum.
Bien qu'il ait écrit les storyboards et indiqué le détail des effets spéciaux, YP est toujours surpris du résultat et revisionne plusieurs fois les scènes en post-production. Quand à l'actrice de Bagira-chan, c'est tout à fait ce qu'elle imaginait dans son esprit pendant qu'elle jouait ces mêmes scènes.
Jubaku Shôjo Bagira-chan débute par un suicide mais YP souhaite transmettre un sentiment positif au public au travers de son personnage devenu un fantôme mais rempli d'amour.
Après la sortie du second épisode, l'équipe prévoit le tournage d'un long métrage dès la fin de cette année avec pour objectif de le sortir non seulement au cinéma au Japon mais aussi des les salles à l'international.
À la réflexion, il y a presque eu une erreur de casting entre le présentateur trop sérieux et le caractère déjanté de YP et Bagira-chan, sans doute habitués à des séances purement promotionnelles. Cela se sentait quand ils ne répondaient pas du tout à certaines questions, soit pour passer les messages qu'ils souhaitaient soit quand des questions étaient trop recherchées. À cela se sont ajoutées les hésitations de la traductrice donc j'en viens à soupçonner que des réponses à côté de la plaque étaient peut-être involontaires.
À sa décharge, ce serait plus productif que les animateurs nous épargnent leurs tentatives de philosopher sur le cinéma avec les invités. Il y a évidemment un juste de niveau à trouver entre tenir des propos au ras des pâquerettes - comme dans les événements au formol organisés par les éditeurs japonais - et poser des questions avec des nuances que même nous public français avons du mal à saisir, avec en plus la barrière de la langue, qui aboutissent à des réponses insatisfaisantes pour tout le monde.
La même traductrice était de service pour la rencontre avec Kôji Fukada, venu aborder Love on Trial, un film sur les amours interdits d'une idol poursuivie en justice par son agence pour avoir violé son contrat. Le long métrage a été présenté à Cannes cette année, n'est pas encore sorti au Japon mais devrait arriver sur nos écrans en février 2026.
Le réalisateur a trouvé son thème il y a bientôt dix ans en tombant sur une histoire similaire où une agence a traîné devant les tribunaux un idole qui a eu une relation amoureuse alors que c'est explicitement interdit dans son contrat. Il a ensuite effectué des recherches et découvert d'autres cas. Les conditions aujourd'hui sont peut-être moins strictes mais la mise en lumière de telles relations provoque souvent une chute de popularité et un renvoi d'idole à terme.
Cette rigidité est ancrée via les pratiques commerciales en place depuis les années 2000, où la production du groupe AKB0048 a fait figure de pionnière : Pour pouvoir rencontrer les idols quelques instants, les fans doivent prouver qu'ils ont acheté leurs CDs. Tout le monde joue le jeu avec des rapports artificiels voir illusoires avec des situations extrêmes, où une idole a déclaré être la petite amie de tout le monde.
Dans son film, Kôji Fukada a pris ses distances vis-à-vis d'une condamnation pure et dure de ces pratiques. Il laisse ce travail aux journalistes et accepte la culture des idoles qui existe depuis 50 ans. Il observe la progression de son héroïne et laisse les spectateurs se faire leur propre opinion sur le sujet.
Le rencontre a eu lieu sur la petite scène Nozomi avec pour animateur Emmanuel Pettini qui avait une émission hebdomadaire sur les idoles sur feu la chaîne Nolife et qui est surtout un traducteur/interprète qualifié français japonais. Il a pu poser ses questions directement en japonais quand le besoin s'est fait sentir.
Même en étant placé au premier rang, il était difficile de saisir les propos des intervenants. Ce n'était pas un problème de volume sonore étant donné que le Hall 4 est plutôt calme mais plutôt de réglage et/ou de position des hauts parleurs.
La présence de Kôji Fukada était plus discrète que d'autres invités mais son nom avait retenu mon attention du fait de son "pedigree" et sa conférence durant le salon tombait en même temps qu'une session avec Junji Itô à laquelle je ne pouvais pas aller de toute manière si je voulait assister à la conférence le dernier film en date de Lupin III, donc c'est bien tombé.
Discuter de ce billet sur le forum - Lien permanent - Laisser un commentaire »
Cet article vous a plu?
Faites-le connaître ou votez pour cet article sur les sites suivants :