Je poursuis mon compte-rendu de Japan Expo 2022 avec des sujets pour le moins divers : Le Geki x Ciné, Yuji Kaida, le spécialiste des illustrations de Kaiju et des concerts de shamisen.

 

Une conférence sur le Geki x Ciné avait eu lieu le vendredi et une deuxième le dimanche, qui a du être la copie conforme de la première. Un responsable de la société Gekindan Shinkansen qui monte des pièces de théâtre au Japon depuis des dizaines d'années. Leurs spectacles mêlent des scènes d'action dans un contexte historique avec des situations inspirées des œuvres de Shakespeare. Ils ont aussi dans leur catalogue des déclinaisons en comédies musicales.

 

Le succès a été au rendez-vous mais des limitations ont surgi de manière récurrente. Si les acteurs sont un tant soit peu connus, ils avaient des agendas chargés et le nombre de représentations était donc limité dans le temps, et la troupe jouait en permanence à guichet fermé. En plus il n'y avait pas de scène adaptée partout au Japon, ce qui restreignait la liste des villes où ils pouvaient jouer.

 

 

Il y a vingt ans, la compagnie à décidé d'investir dans le Geki x Ciné, le tournage de pièce de théâtre pour le cinéma. Cela a permis de toucher plus de spectateurs sans contrainte de temps et dans beaucoup plus de lieux, les salles de cinéma étant nombreuses et réparties sur tout l'archipel. Depuis le lancement du processus, la compagnie a sorti en moyenne un film par an.

 

Gekindan Shinkansen s'appuie sur une troupe d'acteurs qui reviennent d'une pièce à l'autre mais les rôles principaux sont confiés à des célébrités pour lesquelles l'histoire a été pensée.  

 

Sur la plan technique, les représentations sont capturées en direct dpar une vingtaine de caméras, avec une prise à la séance de l'après-midi et une autre le soir dans la même journée, au cas où une scène ne conviendrait pas. Les images sont ensuite montées et la bande son retravaillée avant d'être appliquée pour obtenir le produit final.

 

 

La société de production a l'ambition de pouvoir projeter ses derniers films en Europe et aurait du venir à l'édition annulée de Japan Expo en 2020. Ils ont juste reporté leur venue mais seule une seule personne a pu venir parmi les invités initialement prévus. Le réalisateur Hidenori Inoue et le scénariste Kazuki Nakashima sont intervenus en vidéo dans des messages enregistrés. M. Nakashima est connu pour avoir écrit les scénarii de Kill la Kill, Gurren Lagann ou encore Promare.

 

Je me suis rendu à une des conférences car son horaire était compatible avec mon planning mais j'étais plutôt dans le noir avant de découvrir qu'il s'agissait de pièces de théâtre filmées pour le cinéma. La fiche descriptive sur le site Japan Expo mentionnait la présentation d'un spécialiste de l'entertainment au Japon sans mentionner le mot théâtre ou comédie musicale une seule fois. J'ignore si l'un des mots clefs aurait déplacé les foules mais il y avait quelques fans dans l'assemblée qui étaient très au courant.  

 

 

Concrètement, une poignée de films sont disponibles en ce moment sur Netflix et pour en obtenir plus sur cette plateforme, à défaut de multiplier les visionnages, il faut poster des commentaires pour montrer votre intérêt.   

 

 

Parmi les invités cette année, vous aviez aussi l'illustrateur Yuji Kaida, connu pour ses travaux mettant en scène des Kaiju, les monstres géants des films japonais. 

 

Sur le salon, une exposition lui était consacré avec une sélection de reproductions de ses œuvres. S'il a des commandes d'illustrations de Kaiju, il compose aussi des créations originales avec des dragons et des chats. Il aime beaucoup ces derniers et en a trois chez lui au Japon. Que ce soit les dragons ou les chats, ils apprécie leur aspect mystérieux.

 

 

C'est cette aura de mystère qui lui fait préférer le premier Godzilla de 1954 devant toutes les autres versions sorties depuis. Non seulement à cause de l'impact de la nouveauté mais par les imprévus rencontrés par la production : Le costume de Godzilla que devait porter Haruo Nakajima était beaucoup trop lourd – plus de 90 kg – et entravait sa démarche. M. Kaida a vraiment eu l'impression de voir une créature inhumaine à l'écran, là où il attendait un cascadeur dans un costume.

 

Il ignorait que Hideaki Anno s'intéressait aux Kaiju lorsque ce dernier s'est mis à travailler sur Shin Godzilla. M. Kaida avait quelques craintes sur le résultat mais il a été agréablement surpris par le respect de la licence originelle par le réalisateur d'Evangelion, qui a juste rajouté sa touche. Il a aussi beaucoup aimé les reprises de la bande originale musicale, notamment le morceau Uchûdaisensô.

 

M. Kaida est d'ailleurs l'auteur d'une illustration de Godzilla x Evangelion demandée par les ayant droits des deux licences. Il n'est pas le seul illustrateur à avoir été sollicité mais il considère que sa peinture a le plus d'originalité et de mouvement avec un combat mis en scène entre Godzilla et l'Eva 01.

 

Pour composer ses illustrations, M. Kaida S4attaque d'abord aux décors tranquillement du paysage à l'horizon aux bâtiment de la ville environnante, quand il est encore loin de la date limite du rendu de son travail, puis il dessine le Kaiju en restant très concentré, avant de finir par les détails au premier plan.

 

Il préfère peindre de manière traditionnelle pour en rendu plus réaliste qu'il ne trouve pas en utilisant les logiciels informatiques. Il a mis du temps à utiliser les technologies numériques pour ses illustrations car les outils ne les satisfaisaient pas. Il reconnaît cependant que c'est très pratique notamment lorsque les ayant-droits exigent qu'ils corrigent des détails, tels qu'un bras trop long sur un Kaiju. En revanche, il a généralement une totale liberté sur les choix des expressions et des couleurs.

 

Parmi ses réalisations, il compte des affiches de film notamment l'affiche japonaise de Kong: Skull Island, où il considère avoir mis plus d'action qu'il y avait dans la matériel de référence fourni par Warner Bros Japan. Il a été très heureux de voir via Instagram que le réalisateur Jordan Vogt-Roberts avait mis l'affiche japonaise dans sa chambre.

 

Une autre de ses fiertés est la dédicace de Steven Spielberg sur son affiche japonaise de Player One. M. Kaida avait lu et beaucoup aimé le roman original, et a été ravi d'apporter sa contribution à l'adaptation cinématographique en illustrant l'affiche japonaise.

 

La conférence du samedi est aussi revenue en partie sur le début de carrière de M. Kaida, notamment ses illustrations pour des jouets sortis par Bandai. Quand la société le pouvait, il avait accès aux produits finis et pouvait donc en faire les dessins. Dans les autres cas, il utilisait tous les autres types de modèles à sa disposition, en s'inspirant par exemple directement des dessins animés s'il s'agissait d'un robot tiré de là.

 

 

Il a également dessiné beaucoup de jaquettes de jeux vidéo et dans le lot, il retient particulièrement Ghouls'n Ghosts, où il a pris sa femme pour modèle pour dessiner la princesse dans l'illustration.

 

L'entretien de samedi était agréable à suivre, avec le support d'un artbook pour accompagner les propos tenus avec l'invité. Il était un peu bizarre de revenir sur le début de carrière de M. Kaida en fin de conférence mais sans doute que c'était une crainte d'être contraint par le temps et de pouvoir sacrifier ce thème au cas où, en ayant bien complété les questions par rapport à ses illustrations sur les Kaiju.

 

 

En plus des séances de dédicaces officielles, l'illustrateur est allé après ses conférences non loin de là dans un des boxes libres, où il distribuait des cartes postales et où il était possible d'échanger avec lui. Vu la pile de cartes qu'il restait et le désert devant le stand, je n'ai pas l'impression qu'il ait rencontré beaucoup de monde à part les gens qui sont venus juste après les conférences. J'espère que personne n'a été retoqué pour les dédicaces car il s'est rendu disponible sur le salon, mais sans grande visibilité quant à sa présence sur les stands anonymes.

 

 

Je finis cet article avec un mot sur les artistes qui se sont produits sur la scène Sakura, l'espace culturelle du festival, et qui avaient en commun d'avoir des shamisen.

 

Yuzu Natsumi a fait une prestation chantée, et elle a tenu au moins un autre concert à Paris, après Japan Expo. 

 

 

 

Les frères Kuni-Ken ont une approche très rock de leur shamisen que soit au son ou à la posture.

 

 

 

 

Enfin, le Paris Sanshin Club a présenté un extrait de la culture traditionnelle d'Okinawa, où le shamisen est l'une des composantes. Le groupe a joué des instruments de musiques, interprété des chants et des danses, tous ensemble ou par sous-ensemble.