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Japan Expo 2017 §2 : Les producteurs Koji Takeuchi et Masao Maruyama
Par Pazu d'Animint le mercredi 12 juillet 2017 23:45 :: Manifestations
Je poursuis ma salve de comptes rendus de Japan Expo avec les conférences publiques des producteurs Koji Takeuchi et Masao Maruyama, ce dernier étant accompagné de Yoshihiro Watanabe à sa conférence individuelle le samedi matin.
Koji Takeuchi est passé sur la scène Animé 100 le vendredi, à la fin de l'après-midi. Comme la plupart des autres invités, il a une longue carrière dans l'animation japonaise qui l'a conduit à travailler avec Isao Takahata et Hayao Miyazaki, entre autres. La conférence était cependant centrée sur deux de ses activités actuelles, à savoir le Tokyo Anime Award Festival (TAAF) et Anime Tamago.
Pour le TAAF, l'accent a été mis sur la sélection d'anime de qualité pour décerner les prix parmi une panel annuel de 400 séries télévisées et 70 films. L'un des awards a la particularité de récompenser un artiste pour l'ensemble de sa carrière et Leiji Matsumoto est l'un des lauréats, par exemple.
Koji Takeuchi a insisté sur l'aspect ouvert et public du festival en faisant venir des animateurs étrangers pour échanger avec les professionnels japonais, mais également avec le monde amateur. Il a aussi souligné la présence d'ateliers pour les enfants pour faire naître des vocations. La prochaine édition est prévue du 9 au 12 mars 2018.
L'autre grand chantier auquel il participe est Anime Tamago. Project A a été la première initiative en 2011 pour donner leur chance à de jeunes talents dans les studios d'animation pour qu'ils peaufinent leur formation en travaillant sur leurs anime. Le concept a été pérennisé ensuite avec une structure Anime Mirai qui s'est transformée finalement en Anime Tamago.
Les réalisations doivent répondre à des critères précis, à savoir être uniques, innovantes, populaire et présenter une prouesse technique. Une fois le projet sélectionné, les studios participants font monter à bord leurs jeunes recrues. Le processus est très réglementé avec une non seulement une grille tarifaire stricte et un volume de production à suivre, mais également une procédure de formation et d'encadrement des jeunes animateurs pour que les bénéfices de l'expérience soient optimaux.
Le credo de Koji Takeuchi est vraiment la formation avec la participation d'animateurs chevronnés qui viennent partager leur savoir. En ce sens, ses initiatives sont plus large qu'une simple aide matérielle telle que la prise en charge de l'hébergement d'un jeune qui démarre. Le producteur a fustigé le trop bas salaire des débutants et le peu d'acteurs qui ont à la fois du poids dans l'industrie et qui agissent aussi à bon escient.
Il est prêt à chercher les jeunes talents partout dans le monde et il existe désormais un embryon de projet qui a le budget pour l'instant de faire venir au Japon trois animateurs étrangers.
Le sujet de de la conférence ne m'a pas transcendé mais c'était intéressant avec une présentation succincte mais claire des différentes enjeux.
L'autre grand producteur invité à Japan Expo, Masao Maruyama, était le parrain de l'opération Animé 100. Il était visiblement en première ligne quand vous voyez le nombre d'interviews faites avec lui par les médias généralistes. Le producteur a plus de 50 ans de carrière derrière lui, dont un des grands moments a été la fondation du studio Madhouse en compagnie des célébres animateurs tels qu'Osamu Dezaki, Rintaro ou encore Yoshiaki Kawajiri. En fait, tous ces gens travaillaient sur Ashita no Joe quand ils ont appris que leur employeur de l'époque, Mushi Production, a fait faillite. Ils auraient pu intégrer d'autres studios existants mais ils ont préféré bâtir leur propre société pour avoir plus de liberté.
L'une des premières grandes réalisations de la nouvelle maison de production a été Genma Taisen, alias Harmagedon, dirigé par Rintaro et qui marque un tournant dans l'industrie de l'animation japonaise selon Maruyama : Le film était vraiment à destination des adultes, contrairement aux anime produits pour les enfants jusqu'alors, et il a remporté un franc succès.
Quand on lui demande quel est l'anime qu'il a préféré produire, Maruyama déclare qu'il les considère tous comme ses enfants et qu'il ne peut donc pas y avoir un préféré par rapport à un autre. Il admet cependant une petite faiblesse pour ceux qui sont restés imparfaits et inachevés.
De manière générale, le producteur est fier d'avoir travaillé avec des réalisateurs talentueux parmi lesquels il compte aussi Shinichirô Watanabe en plus des fondateurs de Madhouse. Dans la liste vous pouvez aussi rajouter le regretté Satoshi Kon. Masao Maruyama était déjà venu à Japan Expo en 2012, en abordant le problème de terminer le film Yumemiru Kikai, le projet posthume du réalisateur mis en sommeil chez Madhouse. En 2011, le producteur a fondé le studio MAPPA et il était question un temps qu'il reprenne le flambeau. Ses propos en conférence m'avait marqué à l'époque : Il avait déclaré qu'il irait en Enfer s'il ne concrêtisait pas le projet d'ici 3 ans. C'était donc il y a 5 ans...
Pendant sa conférence publique, il a accepté de donner des nouvelles et d'acter que Yumemiru Kikai ne verrait jamais le jour. En revanche, il envisage maintenant une adaptation du manga Opus, du même Satoshi Kon, via son nouveau studio M2.
Ce même studio a travaillé ce printemps sur une adaptation du roman Onihei Hankachô, un classique de la littérature japonaise déjà adapté en série live, en film et au théâtre mais jamais avant en anime.
Parmi ses autres projets récents, Masao Maruyama est revenu sur sa contribution sur le film Dans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi. C'était une des entreprises les plus difficiles qu'il ait connue. Travailler avec le réalisateur expérimenté et très professionnel a été simple mais le gros écueil à été de trouver le financement. Masao Maruyama a plutôt l'habitude de produire des titres qui comportent des scènes d'action, et il s'est retrouvé là avec un concept moins vendeur. Le chemin a été long et le long métrage a mis 7 ans pour sortir mais le producteur est fier d'avoir tenu bon et d'avoir réuni des fonds sans modifier le contenu du projet d'origine.
Cependant, par rapport aux besoins initiaux, le budget a été divisé par deux et l'enveloppe nécessaire à sa promotion a été sacrifiée. La film a quand même réussi à attirer les spectateurs au Japon avec 2 millions d'entrées en 6 mois, puis finalement plusieurs récompenses dont le prix du jury à Annecy en juin dernier.
Selon le producteur, le film de Sunao Katabuchi illustre bien la souffrance quotidienne pendant la 2e guerre mondiale, la volonté de survivre et le message d'espoir pour ne pas abandonner, qui vient en échos avec les épreuves vécues lors de la catastrophe de mars 2011 au Japon.
Yoshihiro Watanabe a complété ses propos en soulignant le travail de recherche de Sunao Katabuchi. Avec la guerre, les archives d'Hiroshima, où se déroule en partie Dans un recoin de ce monde, ont disparu et le réalisateur a du effectuer des interviews et des rencontres avec des témoins de l'époque. Ces derniers ont confirmé la justesse de ses retranscriptions quand ils ont pu voir les résultats dans le film.
Ils ont enfin rappellé que le long métrage sortira au cinéma en France le 13 septembre 2017.
Dans un registre plus léger, j'ai reposé la question à propos de Masahito Marukawa, l'un des personnages dans Shirobako. Le président de Musashino Animation dans l'anime est le portrait craché du président de MAPPA qui l'a évidemment inspiré. Quand le protagoniste apparaît dans les épisodes, c'est souvent pour distribuer les plats qu'il a cuisinés et nous le voyons plus souvent dans son rôle de cuisto que de président. La question était de savoir si Masao Maruyama cuisinait aussi au studio. Je m'attendais à une boutade mais en vrai, il cuisine aussi beaucoup et prépare des petits plats pour les équipes. Yoshihiro Watanabe qui a collaboré avec Masahito Marukawa, a confirmé et il a souligné que ses repas étaient délicieux.
Yoshihiro Watanabe a profité de la conférence pour présenter un des titres dans son escarcelle, à savoir l'excellent Uchôten Kazoku dont la 2e saison vient de se terminer au Japon. Il était fier que la ville Kyôto ait choisi cet anime pour promouvoir sa culture et c'est d'ailleurs ce que j'ai pu constater pendant les précédentes éditions de Japan Expo quand l'ancienne capitale japonaise y avait un stand. Il n'y en avait pas cette année a priori.
Pour conclure la conférence, Masao Maruyama a rappelé le large spectre des anime qui peuvent traiter de sujets très variés et à 76 ans, il n'a pas du tout l'intention de raccrocher.
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