Du 2 au 5 juillet, avait lieu Japan Expo 16e impact, dont voici le premier compte rendu d'une série d'articles à venir, à l'image des textes publiés les années précédentes.
L'édition des 15 ans avait été remarquée par son extension sur cinq jours et du schisme avec Comic Con. Cette année le rendez-vous a repris un rythme plus traditionnel, du jeudi au dimanche. Cela ne signifie pas pour autant un simple retour au statu quo et j'ai pu noter un bon nombre d'innovations et de changements pour les visiteurs festivaliers, que je tenais à aborder ici en guise d'introduction.
Deux éléments extérieurs ont également joué sur les conditions, dans lesquelles s'est déroulé le salon. Le premier est le plan Vigipirate alerte attentat qui entraînait la fouille systématique des sacs à l'entrée. Au niveau des visiteurs, je n'ai pas eu d'échos négatifs concernant ce passage obligé. Pour les exposants, l'expérience a été plus chaotique pour certains qui n'ont pas compris qu'ils devaient se plier à l'exercice. Les queues étaient importantes à l'ouverture mais le passage relativement rapide, du moment que les vigiles n'étaient pas occupés à rattrapper les gens, qui voulaient court-circuiter la fouille. Le fait d'avoir un fléchage qui faisait arriver à une entrée située après le point de contrôle, a rajouté un peu plus de confusion. Un des gilets rouges qui circulait devant l'entrée en question souhaitait gentiment un bon festival mais pas qu'il fallait faire le tour pour passer au check-point. La situation s'est cependant clarifiée les jours suivants, avec cette fois-ci des gens du staff pour refouler les gens qui prenaient la mauvais entrée, laissée quand même ouverte parce que c'était visiblement une issue de secours.
L'autre élément perturbateur a été la canicule qui a sévit à plein régime jeudi et vendredi, avec une averse bienvenue le samedi et un dimanche enfin respirable. La température à l'intérieur du festival était sans commune mesure par rapport à celle à l'extérieur et donc supportable, mais il faisait chaud sous le toit en tôle des Halls et notamment sous les verrières, et dans plusieurs salles. La hauteur de plafond aide cependant a atténué les effets, même si une salle tel que le stand pour la masterclass avait fait un mauvais calcul avec un pseudo faux plafond, qui a transformé l'intérieur en sauna. C'était l'avantage des salles en dur, telle que celle pour la vidéo, un peu dans un espace confidentiel, coincées entre la scène principale et le Hall 5, mais climatisées. Tout cela pour dire que la chaleur a eu un peu raison des organismes. Le cocktail manque de sommeil et chaleur n'est jamais idéal. Personnellement, j'ai beaucoup plus profité de ma visite le dimanche que pendant les trois jours précédents, indépendamment du contenu du programme.
Au niveau des changements, les visiteurs ont dû retenir que le festival fermait une heure plus tôt. J'ai vu certains rouspéter à ce sujet sur les réseaux sociaux, même si je me souviens que le salon ouvrait une heure plus tard il n'y a pas si longtemps et que l'horaire d'ouverture a été avancé. Il aurait peut-être été bienvenu de décaler aussi l'heure de fermeture cette année-là, mais cela ne s'est pas fait. Je suppose que du côté des exposants et de l'organisation, cela permet de mieux souffler. En pratique, les portes ne fermaient pas à l'heure pile mais il est vrai que les stands pliaient bagage pour la journée. Avec une programmation, qui allaient quasiment jusqu'à l'heure de fermeture, je regrette juste un peu de ne plus avoir cette période d'après, qui permettait de profiter des stands un peu plus au calme. Il ne reste plus que le matin, avant 10h, qui correspond à l'arrivée du gros des troupes.
Une autre nouveauté, que j'avais notée pendant la conférence de presse, est le renommage des différentes scènes. J'étais un peu dubitatif sur le résultat mais effectivement, même si les noms ne sont pas très évocateurs, cela a permis d'avoir des pancartes suspendues dans les airs et qui indiquaient les principales salles. Il fallait seulement savoir que si la salle n'était pas marquée, alors il fallait aller dans l'autre Hall. J'ignore pourquoi mais je m'attendais à une signalétique au sol, de la même manière que les accès aux quais pour les différentes lignes de trains sont indiquées dans les grandes gares de Tôkyô. Pour ma part, je me suis juste trompé pour accéder à la salle Yuzu, en me basant sur l'ancien dispositif pour feu la salle Japan Expo, qui était là avant. J'ai cru que c'était bloqué parce qu'il y avait un tournage en cours, avant de tomber sur la véritable entrée quelques dizaines de mètres plus loin.
L'avantage des noms sans signification marquée est aussi de pouvoir jongler entre des programmes de différentes natures, même si chaque scène était quand même spécialisée à la base. Cela peut permettre d'insérer des interventions sans que cela détonne. La scène Kuri a accueilli diverses types de conférences, notamment plusieurs qui seraient restées cantonnées à la scène culturelles, dans le passé.
Ce n'est pas seulement les noms qui ont été modifié mais aussi l'agencement. La salle Yuzu est devenue une salle principale bis avec un podium en plus d'une scène surélevée. Karasu, l'ex Live House a été ré agencé avec une sorte d'antichambre pour gérer les files d'attente avant d'accéder au concert. Cela permettait théoriquement de contenir les queues dedans sans que cela ne déborde dans le Hall.
L'autre transformation notable est le dispositif autour de la scène culturelle, rebaptisée Sakura, sans pour autant perdre en convivialité. De manière générale, le contenu sur la partie culture est devenu un point fort de Japan Expo, malgré son étiquette de supermarché que traîne l'événement par ailleurs.
Il y avait un véritable espace pour le tir à l'arc japonais, le kyûdo, en plus des tatamis traditionnels pour les activités d'arts martiaux. Mention spéciale aussi pour l'activité de forge – par cette chaleur – qui proposait une initiation aux visiteurs.
Le thème de la culture était prolongé par une espace culinaire, où des démonstrations étaient en place. C'est une nouveauté annoncée et le résultat est encourageant. De manière générale, le couloir du Hall 5, à cet endroit, n'est pas franchement idéel en termes de flux de visiteurs et cela avait été un peu la place oubliée l'année dernière. Maintenant, il y a de quoi attirer les gens avec une extension des activités culturelles et cet espace cuisine petit mais que j'ai trouvé très conviviale. Les cuisiniers n'hésitaient pas à inviter leur audience à regarder de très près les plats en train d'être préparés.
L'affluence était aussi boostée dans cette partie par le montage d'une scène Wakanim, où il était possible de voir une partie des invités qui intervenaient ailleurs dans le programme officiel. De la même manière, il y avait deux petites scènes, Welcome to Japan et Saiko, où défilaient les différentes idoles venues pour l'occasion.
L'espace Wabi Sabi, qui réunit divers artisans japonais venus exposer leurs créations, avait toujours sa propre scène, avec aussi son propre programme, en plus de ce que vous pouviez voir sur la scène officielle Sakura.
Le jeu pendant le festival est de surveiller les agendas de ces scènes liées à des stands, qui proposent parfois quelques surprises, telle que la venue très peu médiatisée sur le stand de la ville de Kyoto de Kenji Horikawa et Masayuki Yoshihara, respectivement producteur et réalisateur sur Uchôten Kazoku et membres du studio P.A. Work.
Le reste du festival était organisé plus ou moins comme d'habitude si on omet la disparition de la scène de catch et d'une aire d'exposition de voitures. Les éditeurs étaient plutôt concentrés sur l'entrée du Hall 5, tandis que les fanzines et autres boutiques étaient concentrés dans le Hall 6.
Nous avions aussi droit à un espace conséquent Bandai / Namco / Toei.
Le plus impressionnant reste quand même la surface occupée par Nintendo du côté des jeux vidéo, avec quasiment l'équivalent d'un stand éditeur par titre. Il est vrai que l'enseigne japonaise était bien mise en avant par la venue de Shigeru Miyamoto.
J'ai d'ailleurs amorcé ma première conférence publique avec celle de Yosûke Kozaki, le character designer du jeu Fire Emblem If. Il est désormais connu pour ses travaux pour les jeux vidéo mais il a œuvré dans l'animation et le manga, et c'était plus pour ces domaines qu'il avait été invité à Chibi Japan Expo en 2009. Le revoilà donc en 2015 avec un nouveau look, sans ses lunettes et une coiffure différente.
Il est revenu sur son début de carrière en tant que mangaka et illustrateur, où il s'est forgé un style propre, avant de répondre à plusieurs sollicitations de character designer pour des productions d'anime et de jeux vidéo. Dans les deux secteurs, le titre du poste est identique mais le travail est différent. Dans un anime, il doit se concentrer sur la tête et le buste et le personnage, alors que dans un jeu vidéo, il doit se concentrer sur le dos, qui est la partie du corps que voient les joueurs le plus souvent.
Pour créer ses personnages, le dessinateur travaille à partir des données et des instructions que lui donne la production. Le résultat permet à son tour d'affiner le caractère des protagonistes et de leur histoire. Face aux critiques formulées par les fans américains sur sa contribution à Fire Emblem Awakening, il se défend en ayant suivi à la lettre les demandes de l'équipe de production. Il a plusieurs sources d'inspiration dont des travaux d'artistes dont Akiman et d'autres illustrateurs de chez Capcom.
S'il était surtout question de jeu vidéo pendant la rencontre, ses projets à venir sont diversifié avec un nouveau manga au menu, mais aussi une participation à deux projets d'anime à l'horizon 2016 et un troisième espéré dans deux à trois ans.
L'invité avait certainement des choses intéressantes à dire et était plutôt expressifs mais malheureusement les conditions n'étaient pas réunis pour pouvoir pleinement en profiter. La sono des espaces jeux vidéo autour de la scène Také était gênante pour tout bien entendre, et la chaleur éprouvante n'a pas aidé la traductrice qui se trouvait visiblement seule à gérer à la fois Yosûke Kozaki et le public. Elle a du passer dans les rangs pour passer le micro pour les questions des spectateurs. À cela s'ajoute, ses connaissances limitées dans le domaine, qui l'empêchaient de comprendre des questions assez pointues des fans, mais plus grave, aussi de saisir les réponses de l'invité, même si ce dernier essayait de se reformuler. Plusieurs réponses et/ou questions n'ont tout simplement pas été traduites.
Au cours de la séance de question réponses, Yosûke Kozaki, a pris l'initiative de commencer son dessin public depuis sa place, avant de le finaliser sur le chevalet.
La conférence suivant était celle de Tsukasa Saimura et Kozo Takahashi, les auteurs de Crueler then Dead, un manga sur les zombies publié chez Glénat. L'événement avait lieu sur la scène Kuri, un peu plus calme et animée par Marie-Charlotte Palot, de J-One. On peut aimer ou ne pas aimer l'animatrice mais au moins, au niveau de l'organisation, c'était carré. Chaque auteur était venu avec sa traductrice mais en fait, le dessinateur, Tsukasa Saimura, a commencé immédiatement la dédicace publique en laissant le scénariste, Kozo Takahashi, répondre aux questions et avoir à son service une personne pour traduire les questions et une autre transcrire ses réponses. De son côté, la présentatrice a fluidifié les échanges en répétant, reformulant et simplifiant les questions du public quand il y en a eu. Ce n'est pas grand-chose dans l'absolu, mais cela améliore grandement le confort d'écoute, surtout en regard à l'expérience malheureuse du matin avec Yosûke Kozaki.
Sur le contenu proprement dit, Kozo Takahashi est revenu sur son amour du genre zombie qu'il cultive depuis son enfance. Même si cela lui était interdit, il a pu voir à 8 ans la Nuit de morts vivants, qui l'a plongé dans cet univers et il a enchaîné avec les films de Georges Romero. Il est notamment fasciné par la transformation fulgurante des humains qui deviennent des monstres. L'auteur a cultivé sa culture zombie en notant au passage un certain nombre de manquements, qu'il a repris pour son compte et qui lui permet d'offrir un peu d'originalité dans un genre pourtant éculé et largement exploité.
Il travaille de front sur deux autres mangas en parallèle, tous centrés sur des histoires zombies, mais chacun a sa propre histoire, qu'il veut raconter depuis longtemps et son propre univers, ce qui lui évite de se répéter. A contrario, cela lui empêche de prévoir d'éventuels cross-over entre ses titres, avec des monstres de nature différente.
Il y a eu des questions plus techniques sur son métier : Il faut 10 à 12 heures à l'équipe pour finaliser une planche complète et monter un projet tel que Crueler than Dead, qui compte en tout que 2 tomes, lui aura pris 5 années. La période est en fait variable et pour un autre de ses mangas, il a pu sortir trois tomes en un an. Il imagine l'intrigue de bout en bout, mais se laisse quelques marges de manœuvre pour finaliser les détails au cours de la production.
En fait, Kozo Takahashi est aussi dessinateur mais il délègue la partie graphique totalement à la charge de Tsukasa Saimura, qu'il taquine mais dont il reconnait le grand talent artistique et à qui il faut confiance. Pendant la conférence, le scénariste a lancé quelques piques humoristiques en soutenant que sa source d'inspiration venait de Candy, un titre puissamment dramatique au Japon, avec la mort d'Anthony, que nous, Français, ne pouvions pas juger à sa juste valeur, vu que la disparition du personnage avait été édulcorée chez nous.
Un des thèmes de la conférence a d'ailleurs été la censure, qui touche directement les auteurs, qui subissent une pression éditoriale pour modifier des contenus et procéder à une autocensure. Cela limite leur degré de liberté et oblige à faire une croix sur une prépublication et à travailler pour un éditeur institutionnel. À ses débuts, Kozo Takahashi faisait des histoires avec des voyous avec déjà des litres d'hémoglobine. Pour se faire connaître avec des titres encore moins présentables, il est passé par le Comiket et se félicite, maintenant, de pouvoir être publié sur internet.
Bien entendu, le dessin public a été un zombie.
Setsuna a dit
Je suis content de voir qu'il y a au moins quelque part sur le net ou il est gravé la venue de ces grand hommes Kenji Horikawa et Masayuki Yoshihara (petite faute de frappe dans l'article) dont le fondateur de PA. WORKS ; Kenji Horikawa est celui à qui on doit Angel Beats , SHIROBAKO , Hanasaku Iroha aurait mérité plus de visibilité.
J'ai vraiment peur qu'on leur ait laissé une "mauvaise impression" et que tout projet dans l'avenir est contrarié... (j’essaie de me rassurer en me disant qu'ils venaient juste "tâter" le terrain...)
Je ne sais pas si vous avez pu demander des retours/attentes via le manager du stand (personne sympathique au passage) mais tout ce que je sais c'est que ces invités étaient de dernières minutes et que tout n'est pas la faute de la Japan Expo qui a du être prise de court , et que le peu de médiatisation est surement à cause de la raison de leur venue qui étaient de promouvoir la ville de Kyoto via l'anime Uchouten Kazoku , mais je pense qu'ils auraient du jouer la carte "Angel Beats/SHIROBAKO" pour attirer plus de monde...
Pazu a dit
@Setsuna Je fais reproche de peu de médiatisation au stand de la ville de Kyoto, pas à Japan Expo. Je suis passé au stand pour discuter du programme car je savais qu'ils avaient une scène et toujours des petites spectacles sympathiques, mais personne ne m'a signalé la venue des membres de PA Works. Ce n'est qu'en passant plus tard, que j'ai vu que le réalisateur et le producteur d'Eccentric Family avaient un talk-show, sans pour autant faire un rapprochement avec leur studio et les autres séries, et leurs noms n'étaient même pas mentionnés.
Il y a un compte-rendu de leur talk-show sur
https://yosteravenue.wordpress.com/2015/07/08/japan-expo-2015-p-a-works-a-paris-resume-du-talk-show-du-050715/
Setsuna a dit
Merci bien pour votre lien !
Je n'ai pas pu assisté à celle du Dimanche , mais celle du Samedi avait duré quelque chose comme 15minutes (+ les questions , qui étaient plus centrées sur Charlotte et SHIROBAKO) , j'imagine que l'animateur (qui est bien courageux...) a un peu plus préparé ses questions , mais je suis d'accord que le stand 'ville de kyoto' est fautive aussi dans l'histoire (ils auraient peut-être pu essayer d'avoir une meilleur visibilité en demandant une petite pub chez Wakanim vu que Waka' a Charlotte en simulcast).
Mais je pense aussi que Japan Expo aurait pu aider , même si j'ignore comment ça se passe dans les organes internes du comité de la JE , quelqu'un devait bien savoir que ces deux hommes là étaient présent dans leur salon et y en a surement un ou le job (dans le staff de la JE) est de voir ce que chacun fait , et de se rendre compte qu'ils avaient un fondateur d'un studio d'animation sur leur salon (et justement aider "le possible" contact Wakanim/Ville de Kyoto (car les deux parties ne savaient peut être pas que l'autre était là).
Dans Japan Expo 2015 (16e impact) |..., il a été dit
[...] ci-dessous, mais le lecteur cherchant vraiment des infos j’en conseille d’autres, autrement plus [...]