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Planète manga - Carte blanche à Kunio Katô

Par le :: Manifestations

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Même si ses travaux sont pour le moins confidentiels chez nous, Kunio Katô est une célébrité en tant que lauréat de l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation en 2009, à seulement 31 ans. Il est le deuxième représentant de l'animation japonaise à avoir été récompensé aux Academy Awards, après Hayao Miyazaki qui avait obtenu un Oscar en 2003 pour le Voyage de Chihiro.

Quand j'ai vu dans le programme du centre Pompidou le titre carte blanche au lieu de conférence, j'ai pensé à celle menée par Katabuchi Sunao au forum des images en 2010. J'imaginais bien le réalisateur suivre la même méthode et nous projeter des extraits de films qui l'ont influencé. J'étais partagé entre la possibilité de découvrir de nouveaux titres et l'ennui de se coltiner peut-être des court-métrages connus qui ne me plaisent pas, étant donné le style de , plus proche des productions artisanales que de celles de l'industrie de l'animation japonaise.

Kunio Katô

En définitive, la carte blanche a été une rétrospective de la carrière de Kunio Katô, qui a sélectionné un panel de ses travaux pour les projeter pendant la conférence. Cette fois-ci, Ilan Nguyen traduisait et conduisait la présentation en même temps, en posant quelques questions au réalisateur, qui était souvent très loquace.

Je me suis permis de compléter le compte rendu avec des notes prises après mes recherches pour retrouver les noms dont je n'étais pas sûr, mais je vous fais grâce de la signalétique note du rédacteur à chaque fois. Comme d'habitude, j'ai intègré les propos de la séance des questions réponses dans le corps du texte, au lieu d'en faire une section isolée à la fin.

Kunio Katô

Le premier sujet a été la sempiternelle question sur les débuts de Kunio Katô et comment s'est produite sa rencontre avec le cinéma d'animation. En fait,  le réalisateur était attiré par le dessin depuis son enfance, en se voyant plus orienté vers la bande dessinée ou du moins le graphisme. En revanche, il était conscient des conditions difficiles de tels métiers et il a longtemps conserver ce souhait d'orientation pour lui-même et ce n'est qu'à la fin du lycée, qu'il a vraiment bifurqué en optant pour un cursus à la Tama bijutsu daigaku.

L'université des beaux-arts de Tama est un établissement très bien coté, situé à Setayaga, à Tôkyô, et elle compte parmi ses anciens élèves de nombreux artistes, des designers, des photographes, des acteurs ou encore des architectes. Akemi Takada est diplômée de cette université, par exemple.

Kunio Katô

Kunio Katô a commencé par suivre des cours essentiellement axés sur le graphisme pendant les 2 première années. Ce n'est qu'en 3ème année, qu'il a vraiment découvert le cinéma d'animation.

Il doit beaucoup à son professeur, Masahiro Katayama, qui est devenu le mentor de plusieurs de ses élèves.  Katayama, décédé en 2011, a eu un rôle assez large dans le domaine de l'animation, en tant que créateur mais surtout en tant que responsable au sein de d'organisations ou membres de jury. Il a participé au projet de Kihachirô Kawamoto, Jours d'hiver, qui a associé une myriade de réalisateurs pour illustrer un renku - suite de 36 poèmes enchaînés - de Bashô.

Pendant ses cours, Kunio Katô a pu voir une foule de travaux d'animation en provenance du monde entier, complètement différentes des productions commerciales et des séries pour enfants, avec des techniques qu'il ignorait jusqu'alors. Le professeur Katayama passait plus de temps à projeter des films qu'à faire un cour sur les techniques proprement dites. Il laissait ses élèves approfondir le sujet par eux-même.

Kunio Katô mentionne aussi les encouragements permanents de Masahiro Katayama, toujours capable de trouver un point positif dans les travaux rendus par ses étudiants. En tant qu'élève, il était pourtant prêt à recevoir des critiques négatives et les attendait pour pouvoir progresser. Avec le recul, Kunio Katô ne regrette pas cette attitude positive, et selon lui, il est contre-productif de pointer les faiblesses des uns et des autres. Il faut mieux aider quelqu'un à découvrir sa propre voie. Plusieurs de ses camarades ont d'ailleurs trouvé chacun leur style et ont pu percer dans le domaine.

En 2000, Kunio Katô réalise son premier film d'animation, Roboting, en collaboration avec un autre étudiant, Takashi Kurihara. Pour des questions de droits, il était impossible de diffuser ce travail expérimental, de la même manière que vous ne verrez sans doute jamais une projection officielle de Daicon IV.

Kunio Katô

En revanche, nous avons pu voir son projet de fin d'étude, The Apple Incident, qu'il a fait en 2001. Le but étant de retranscrire tout ce qu'il avait acquis comme connaissance pendant son cursus, Kunio Katô a eu beaucoup de mal à donner une forme concrète à ce qu'il voulait monter, au point qu'il s'est vraiment lancé dans la production à peine 2 semaines avant la date butoir.

Aujourd'hui, il reconnait une certaine immaturité graphique dans ce travail, mais sa démarche était déjà de montrer une image intérieure, en prenant pied dans l'imaginaire.

Après ses études, Kunio Katô ne se voit pas rejoindre une grande société mais plutôt vivre avec un statut de travailleur indépendant. Finalement, en contact avec Tatsutoshi Nomura, qui fréquente aussi l'université des beaux arts de Tama, il rejoint la structure de ce dernier : Robot Communications Inc., une petite entreprise regroupant des animateurs, des réalisateurs et des producteurs, qui enchaînent les productions indépendantes mais aussi les commandes pour la NHK ou les films publicitaires.

Kunio Katô

Kunio Katô réalise en 2003-2004 les 6 épisode en flash du Journal du voyageur, dont le titre international est The Diary of Tortov Roddle, qui relatent le périple fantastique d'un personnage en haut-de-forme sur le dos d'un cochon, qui a la carrure d'un cheval. Il s'agit de sa première collaboration avec Kenji Kondo, qui signe les musiques.

Pour la projection, nous avons eu droit à un épisode postérieur et rallongé pour la version vidéo.

L'auteur aime ancrer ses histoires dans l'imaginaire, et c'est, selon lui, peut être une sorte de rejet réflexe devant le réalisme, devant sa vision négative des dures conditions des métiers artistiques, telles qu'il les percevait à l'origine. Son profil de réalisateur pour cinéma d'art et essai a amené d'ailleurs une question sur ses relations avec les producteurs.

De ce côté là, Kunio Katô estime avoir beaucoup de chance chez Robot, où la préoccupation première n'est pas le fond du film mais l'audience visée. S'il doit discuter, voir négocier, dans un esprit collaboratif, le réalisateur admet volontiers qu'il doit sortir un film visible du public et que sans public, cela n'a pas de sens.

La suite du programme a correspondu à des travaux de commandes. Le premier court-métrage All around the kitchen de 2006, a été fait pour une émission à vocation éducative. Le sujet est pour le moins léger, avec des coqs et des poulets qui dansent sur une chanson en anglais. D'un point de vue conceptuel, le réalisateur a choisi de simuler une animation via la technique de papier découpé, mais sans y avoir recours directement.

Kunio Katô

La projection suivante a regroupé les Tsuzuki o Kangaeru Monogatari, 4 films publicitaires que Kunio Katô a fournis pour célébrer en 2010 les 40 ans de Sekisui Heim, une société de construction. La première volet se situe au printemps et narre le départ de la fille aînée pour l'université à Tôkyô, alors que le petit frère reste à la maison avec ses parents. Les autres écrans parcourent les saisons suivantes, en faisant évoluer succinctement les différents membres de la famille. Au delà de la promotion de l'image de Sekisui HeimKunio Katô s'est attaché à insérer ces descriptions d'un foyer ordinaire au sein d'un film commercial.

Le titre d'après a été la Maison en petits cubes, le fameux court-métrage qui a valu son Oscar à Kunio Katô mais aussi son Cristal au festival d'Annecy en 2008. Avec une durée de 12 minutes, c'est son film le plus long à ce jour et qui a impliqué le plus de personnes. Je n'avais pas fait l'effort de le voir avant, mais c'était très bien de le découvrir ainsi sur grand écran, et d'être agréablement surpris par une histoire très poétique, alors que les dessins ne le laissent pas deviner. L'histoire et la mise en scène reprend tout à fait ce que j'apprécie dans plusieurs histoires one-shot du Pacte des yôkaï ou tel qu'Hotarubi no Mori e, de la même Yuki Midorikawa.

Kunio Katô

Les croquis préparatoires et les illustrations originales de la Maison en petits cubes font l'objet d'une exposition en ce moment au Japon, en mettant en avant son approche créative. L'événement se déroule jusqu'au 25 mars 2012 au musée Hachioji Yume à Tôkyô, puis se déplacera au musée de Kariya dans la préfecture d'Aichi, de 21 avril au 3 juin 2012 et la dernière date annoncée est du 21 juillet au 17 septembre 2012 au musée Nagashima à Kagoshima, au sud de Kyûshû, d'où est originaire le réalisateur.

Dans cette exposition, vous trouvez également des illustrations d'autres titres, tels qu'Atogaki et surtout les JokeiScènes – des courts métrages qu'il a spécialement conçus pour l'occasion. Dans le processus de création classique d'un dessin animé, il faut respecter plusieurs étapes, en passant par le scénario et le storyboard. Ici, Kunio Katô a choisi une construction plus proche du croquis, capable d'évoluer au fur et à mesure, sans but à atteindre.

Kunio Katô

En pratique, son travail se traduit par des milliers de dessins et de croquis, qu'il ordonnance au fil de l'eau. Il passe peut être beaucoup de temps et se fatigue sans doute plus, mais il est beaucoup plus satisfait de sa production par ce biais, en ayant pu laisser libre cours à son esprit créatif. En revanche, avant de passer à l'animation proprement dire, il fige sa composition et il revient rarement dessus pendant la production.

Pour ses Scènes de 1 minute, il a aussi varié volontairement les techniques utilisées. Il choisi son thème et son motif de départ, puis décide de la méthode qui correspond le mieux. Dans Repos, il adopte un style tout en couleur, puis bascule dans un coloris vert pour dépeindre Neige. Potage est un crayonné assez précis, tandis que nous passons à des peintures d'enfants dans Amis avant de revenir au crayon et à l'aquarelle dans Matin.

Kunio Katô

En ce qui concerne ses projets futurs, Kunio Katô n'a rien dévoilé mais il a indiqué qu'il a une vision plus nette de ses desirata maintenant qu'au début de son parcours professionnel. Ces sont autant d'objectifs qu'il tient à accomplir.

Invité au Salon du Livre à l'occasion de la sortie en France de son livre illustré de la Maison en petits cubes, il a enchaîné les rendez-vous pendant le week-end à la Porte de Versailles, puis finalement une séance de dédicaces au Centre Pompidou, qui est venue clôturer cette carte blanche.

Kunio Katô

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