Je poursuis mon compte rendu de l'édition 2011, après le premier chapitre.
La cérémonie des Japan Expo Awards
Le jeudi, Japan Expo tient sa cérémonie de remise des prix, en présence du milieu de l'édition, après le décompte des votes du public et l'avis d'un jury, chaque système ayant un poids équivalent sur le résultat final.
Comme l'an dernier, Claude Yoshizawa, a co-présenté la cérémonie, en s'occupant de la traduction pour les quelques japonais présents dans la salle, notamment pour les invités du festival, Nobuteru Yûki et Yumiko Igarashi. Le deuxième présentateur a été Marcus, qui apportait sa bonne humeur mais pas son expertise, n'ayant qu'un goût très modéré pour les anime et les mangas.
La cérémonie est généralement l'occasion d'avoir le show d'un des intervenants du festival et cette fois-ci, nous avons eu un showcase de Keisho Ohno, le joueur de Shamisen. Il a commencé par un morceau traditionnel avant de basculer vers une musique plus electro, en faisant participer son auditoire.
Après le spectacle, a débuté la distribution des statuettes, dans la mesure où les éditeurs gagnants avaient un représentant disponible dans la salle, ce qui n'est pas toujours le cas.
Pendant la séance, le prix Asie-ACBD 2011 (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) a été attribué à Elmer de Gerry Alanguilan, édité par le label çà et là. C'est plutôt une surprise en regard des titres plus connus en concurrence pour le prix, à savoir Kamui Den, Le voyage de Ryu et surtout Vinland saga.
Parmi les expositions (2/4)
L'exposition Wabi-Sabi se faisait remarquer par les jolis objets artisanaux qu'elle exposait, entre calligraphies, éventails, poteries et autres poupées.
Sur la scène culturelle (2/4)
Dans le programme du vendredi, j'avais repéré une démonstration d'Iaidô - sabre traditionnel -, mais elle a malheureusement été annulée.
Parmi les autres prestations, il y avait un spectacle pour le moins original avec un shamisen.
Le dimanche, vous pouviez revoir un spectacle Minyô.
Du côté de Comic con' (2/3)
Le festival a réussi à réunir sur le même plateau, un des créateur de la série Merlin, Julian Jones, et 3 des acteurs principaux, Colin Morgan (Merlin), Bradley James (Arthur) et Katie McGrath (Morgana).
Sur la scène principale (2/4)
Nous avons suivi le premier défilé de mode le jeudi après midi, un Seifuku Fashion Event de la marque Conomi, qui présentait des modèles en uniforme de lycée.
Juste après, Neeko a interprété une version revue de Tonari no Totoro, pas des plus réussie quand vous aviez eu droit à la mêmechanson pendant le concert de Joe Hisaishi, la semaine précédente.
Parmi les auteurs (2/4)
L'illustratrice japonaise, Shiitake, avait des séances de dédicaces pour le salon, mais aussi sur le stand nobi nobi, qui vendait son album jeunesse, Kaguya, princesse au clair de lune.
Parmi les stands (2/4)
Une des nouveautés était un espace estampillé maison hantée et qui m'a impressionné par le monde que l'activité à drainé, avec une queue qui faisait le tour complet du carré. Il est à peu près certain que le concept sera repris ailleurs, après la mode des maid et butler cafés. J'ai l'impression de voir des festivals de lycées japonais. A quand un planétarium?
Dans la salle de conférence (2/4)
Cette année, j’ai eu l’impression que la programmation était moins dense, si nous nous limitions à des rencontres avec des invités japonais dans le domaine anime manga. Si peu de choses a retenu mon attention le jeudi, l’agenda commençait à devenir chargé dès le 2ème jour, avec des interventions variées allant des témoignages sur la catastrophes de mars dernier au Japon, à la publication des mangas en France, en passant par une table ronde sur le cosplay.
Pour ma part, j’ai entamé ma première conférence le vendredi matin, qui s’intitulait Les manga et anime d'Osamu Tezuka d'un point de vue contemporain. Si j’ai suivi une partie des publications des mangas d’Osamu Tezuka en France (L’histoire des 3 Adolphes, Bouddha, Cratère, Hi no Tori), je suis loin d’être un fan et connaissais de l’auteur le minimum syndical, et je m’en contentais.
Initialement, je pensais donc ignorer joyeusement cette conférence mais le nom du présentateur, Yoshihiro Shimizu, m’a intrigué et quand j’ai su que c’était un des ténors authentiques de Tezuka production, j’ai radicalement changé d’avis.
La présentation avait une tournure très académique, avec un discours bien préparé, agrémenté de photos qui défilaient pour illustrer les propos. A mon avis, le matériel était aussi très orienté pour un public américain, ce qui m’a surtout découragé pour suivre la dernière partie des 70 minutes de présentation. La première partie concerne la révolution produite par Osamu Tezuka dans le manga, tandis que la seconde traite de son parcours professionnel avant d’aborder l’animation. Le dernier chapitre s’intéressait à l’héritage dans les anime d’après jusqu’à nos jours.
Yoshihiro Shimizu est revenu sur sa première rencontre avec le fondateur du manga moderne, qu’il a rencontré en 1978 alors qu’il était encore étudiant. Il a ensuite rejoint Tezuka Production en 1981, il y a donc maintenant 30 ans.
Dans son introduction, il a rappelé la particularité de la bande dessinée au Japon, un véritable média de masse avec 45 millions de magazines manga vendus chaque mois, sans compter les adaptations en anime la télévision. Il nous a présenté des photos prises dans différents lieux au Japon il y a 15 ans, avec des adultes qui lisent des mangas dans le métro ou au restaurant. Dans les photos plus récentes, nous voyons les mêmes scènes mais avec plus de personnes qui lisent leur bande dessinée via leurs mobiles ou autres smartphones.
Quand Osamu Tezuka est décédé en 1989, les coupures de presse de l’époque montrent que sa mort a vraiment été considérée comme une perte nationale, bien au-delà du milieu du manga. Pour expliquer les apports fondamentaux de l’inventeur du story manga, Yoshihiro Shimizu nous a fait un cours sur l’historique du manga, en tant qu’"image dérisoire".
En remontant 150 ans en arrière, nous retrouvons des caricatures, où sur une seule image, une situation humoristique est mise en scène, de manière très simple et immédiatement compréhensible. D’autres exemples ont suivi, avec une allusion aux tensions russo-japonaise au début du XXème siècle mais aussi avec un exemple de caricature d’un politicien dans les années 50.
Yoshihiro Shimizu a ensuite mentionné Sazae San, qui est donc plus ancien que les mangas d’Osamu Tezuka. Le format consiste en des gags sur 4 cases, facile à suivre et avec un plan et un lieu unique. Il existe d’autres précurseurs, où les histoires sont plus longues, sur plusieurs pages, mais l’essence reste la même : D’abord, les personnages évoluent comme si nous assistions à une pièce de théâtre, toujours du même point de vue de la salle et ensuite, le scénario est gardé le plus simple possible, l’intérêt résidant dans les situations comiques et les jeux de mots. Aucune réflexion n’est demandée au jeune lecteur, la cible de l’auteur.
Dans les travaux d’Osamu Tezuka, la différence est flagrante avec un appel incessant à la mise en scène cinématographique. Cela se traduit par des effets d’optique, des découpages audacieux et des effets de zoom dans un sens ou dans l’autre pour accentuer l’impression de vitesse, avec un équivalent de mouvement de caméra. Le jonglage avec les gros plans retranscrit facilement un sentiment ou une tension, sans avoir besoin de texte.
Pour chaque effet, Yoshihiro Shimizu nous a montré des planches de Crimes et Châtiments, ou encore Black Jack et Hi no Tori, que ce soit dans la manière d’arriver à la scène clefs, ou la disposition des cases en forme de coupoles ou en forme de labyrinthe, qui apportent des éléments d’information.
Il est aussi intéressant de noter que le maître ne s’affranchit pas complètement des codes traditionnels du manga, avec notamment le saupoudrage de gags au milieu du récit.
C’est aussi Osamu Tezuka qui a introduit les premières onomatopées alors que nous n’y pensons même plus aujourd’hui. A l’époque, il fallait penser à rajouter des caractères dessinés pour retranscrire les bruits avec des lettres au format différent, suivant le type de son.
Le découpage joue à la fois pour modifier le rythme, le rendre plus lent ou plus rapide, avec des effets de lumière et l’utilisation de cases complètement noire pour marquer un temps d’arrêt. Dans un chapitre de l'Histoire des 3 Adolphe, le lecteur comprend comprend que le personnage a un temps de réflexion seul, sans autre indice. Chacun a le loisir de décider de la durée du temps arrêt avant l’action suivante.
Dans Black Jack, Osamu Tezuka utilise l’ombre et la lumière pour mettre en contraste les remords du médecin noir, représenté dans l’obscurité, et son assistance qui revient à la vie, sous la lumière. L’exemple pris dans Hi no Tori va plus loin, avec des effets artistiques qui dépassent la réalité et qui reflètent directement les pensées des personnages.
Une autre trouvaille d’Osama Tezuka, est le recourt à des scènes de foule, toujours en référence avec le cinéma, notamment les longs métrages hollywoodiens remplis de figurants. Chaque tableau est l’occasion d’insérer des nombreuses sous scènes pour enrichir l’ambiance.
Le mangaka innove aussi dans le scénario, avec des intrigues complexes et des thèmes subtils, tels que les robots à moitié humain dans Hi no Tori ou la fille vivant comme un homme, dans Princesse Saphire. Le plus étonnant est qu’Osamu Tezuka revendique toujours dessiner pour un jeune lectorat, mais il ne lui mâche pas le travail de compréhension. De sa formation en médecine, il réutilise des termes savants dans Black Jack, avec la volonté que les enfants aillent vers le haut pour acquérir le sens des mots qu’ils ne comprennent pas. Le fait de développer des scénarii dignes du cinéma fait que l’auteur élargit son public, avec des adultes qui lisent ses oeuvres, de la même manière qu’ils iraient voir un film.
Après cette vue d’ensemble dans le manga, Yoshihiro Shimizu a retracé la carrière d’Osamu Tezuka, en partant de ses débuts en 1946, alors que le mangaka n’avait que 18 ans.
Dans un Japon encore exsangue suite à la guerre, le marché noir et le troc étaient des passages obligés dans tous les domaines, notamment dans l’édition. Il existait une filière régionale de publication de livres rouges, au papier de qualité très médiocre, mais c’est par ce biais, qu’Osamu Tezuka a publié ses premiers travaux, en commençant de manière classique, avec des gags découpés sur 4 cases.
Sa première œuvre remarquée, sa Nouvelle île au trésor, se vend à 400 000 exemplaires sur ce marché parallèle et local. Fort de ce succès, il sort une vingtaine de story mangas sur ce réseau, avec dans le lot, des œuvres mythiques tels que Metropolis ou The Lost Word.
Dans les années 50, les maisons d’édition ont repris leurs activités et publient des magazines mensuels de prépublication, avec qui Osamu Tezuka collabore. Son déménagement à Tôkyô date d’ailleurs de cette époque, pour se rapprocher des rédactions. La diffusion est bien meilleures que le système des livres rouges et le dessinateur devient rapidement célèbre dans tout le pays.
La jeune génération découvre le story manga, qui suscite des vocations pour une partie d’entre elle. De jeune mangaka montent dans la capitale et se retrouvent au Tokiwasô, dans une même pension, influencés par leur maître. Celui-ci a besoin d’aide et doit augmenter son rythme de publication, car à la fin des années 50, les magazines de prépublication passe d’une parution mensuelle à une sortie hebdomadaire.
Les locataires au Tokiwasô ne sont pas tous des assistants d’Osamu Tezuka mais ils partagent les mêmes valeurs et la même façon de voir le manga moderne. Parmi eux se trouvent des noms désormais célèbre, Hiroshi Fujimoto, l’auteur de Doraemon ou encore Shôtarô Ishinomori, qui a créé Cyborg 009 et qui test reconnu comme ayant été encore plus prolifique que son maître.
Dans la 3ème partie de son exposé, Yoshihiro Shimizu mentionne l’apport d’Osamu Tezuka dans le domaine de l’animation, en rappelant d’abord l’hégémonie de la Toei au début des années 50. Le studio suivait le même mode de fabrication que Disney, avec un long métrage de qualité de 90 minutes, chaque année, avec une qualité d’animation de 12 dessins par seconde.
Avec sa société Mushi production, Osamu Tezuka se lance dans un nouveau mode de production, capable de sortir un épisode de 30 minutes d’Astro, chaque semaine, en 1953. Le concept est révolutionnaire pour l’époque et repose sur plusieurs principes : Une qualité d’animation limitée à 4 dessins par secondes, une animation par éléments séparés (la bouche, les yeux) au lieu de bouger l’ensemble, et enfin, une base de données des dessins déjà faits, afin de pouvoir les réutiliser dans plusieurs épisodes.
Si la qualité technique est limitée, l’adaptation de ses story mangas conserve des scénarii complexes et des dialogues évolués. Yoshihiro Shimizu a illustré ses propos par des extraits vidéos de 2 séries de la même époque, Astro d’un côté et Tom et Jerry de l’autre. Le dessin animé américain présente une animation incroyablement fluide mais avec une histoire simple à suivre et aucun dialogue. Pour Astro, c’est l’inverse.
Dans sa dernière partie, Yoshihiro Shimizu, a poursuivi son parcourt chronologique en mentionnant divers titres des années 80 et 90, en insistant sur l’héritage narratif de ces séries, et l’essort du manga à l’étranger, mais à la sauce outre Atlantique. C’était normalement le thème principal de la conférence mais finalement le moins intéressant, l’essentiel des messages ayant été martelé avant, à plusieurs reprises.
En showcase (2/4)
Akira Yamaoka est l'auteur de la musique du jeu Silent Hill et en dehors des séances de dédicaces et des conférences, il a donné 2 spectacles avec son groupe, où il est guitariste, dans un univers résolument très rock.
De tous les concerts que nous avons pu suivre à Japan Expo, c'est le groupe qui nous a le plus séduit musicalement.