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Compte rendu Makoto Shinkai au Grand Rex pour The Garden of Words

Par le :: Manifestations

2013 , makoto_shinkai

Hier soir a eu lieu l'avant-première du moyen métrage Kotonoha no Niwa a.k.a. The Garden of Words au cinéma Le Grand Rex à Paris, en présence du réalisateur japonais Makoto Shinkai. Ce dernier a entamé son périple marathon en Europe en débarquant à Edimbourg depuis le Japon jeudi, avant d'enchaîner avec une master class le vendredi en Ecosse puis de poursuivre sur sa lancée pour rejoindre la France.

The Graden of Words

Pour la présentation du film Kotonoha no Niwa, je vous renvoie à la critique dans l'encyclopédie d'Animint. La séance consistait à la projection du film, précédée de celle du court métrage Dareka no Manazashi et suivie d'une session de questions réponses avec le réalisateur.

Dareka no Manazash

Makoto Shinkai a dit quelques mots sur Dareka no Manazashi: Il s'agit d'un film de commande la part du groupe immobilier Nomura Real Estate. Le cahier des charges stipulait qu'il devait aborder le logement et la famille, mais à partir de là, le réalisateur avait carte blanche avec le peu de budget disponible et le peu de temps imparti. En effet, il a travaillé sur ce projet alors qu'il était en pleine production de The Garden of Words. De manière générale, Makoto Shinkai a constaté une recrudescence des films de commande, due selon lui à l'arrivée à des postes décisionnels de personnes de sa génération, qui optent plus facilement pour le support anime.

En ce qui me concerne, j'aime bien le résultat, qui s'appuie encore une fois sur une histoire un peu triste mais un dénouement plus gai que d'habitude. Une des interrogations pendant la séance de questions a d'ailleurs portée sur cet aspect pessimiste des scénarii de Makoto Shinkai et notamment les histoires d'amour impossibles.

Le réalisateur se défend d'abord en indiquant qu'il est existe de nombreuses films ailleurs qui optent pour les dénouements heureux. Ensuite, ses récits ne sont pas noirs et comportent des moments positifs. The Garden of Words est un exemple avec une sorte de séparation qui se dessine mais dans tous les cas, les 3 mois vécus avec les personnages dans le film représentent une expérience inoubliable et positive dans tous les cas, au delà des émotions et de la simple tristesse.

Les films du créateur japonais ont la particularité d'explorer le thème de la distance entre les amoureux. C'est le cas à différents niveaux dans La Voix des étoiles et dans Cing centimètres par seconde. En vérité, c'est le public qui a fait prendre conscience de cet aspect là à Makoto Shinkai, qui ne cherche pas forcément à insérer d'office une distance. Il parle plutôt de décalage et dans ses prochaines réalisations, il pense aborder des sujets, où les relations sont asymétrique, sans qu'il s'agisse d'un cas de relations amoureuses à tout prix mais, par exemple, d'un amour entre un parent et son enfant.

Par là, Makoto Shinkai pense surtout proposer un scénario plus réaliste. Dans The Garden of Words,  il a choisi de poser un écart entre les personnages via leur âge, le lycéen Takao ayant seulement 15 ans alors que la femme qu'il recontre, en a 27. Les normes de la société japonaise rendent toute relation amoureuse impossible, avec deux mondes distants, celui des adolescents et de leurs rêves, face à celui des adultes et de leurs problèmes. Personnellement, il a avoué avoir eu le béguin pour unes de ses profs au collège, avant de retourner la question à l'assemblée au Grand Rex.

Makoto Shinkai

Il réfute l'idée d'avoir plus ou moins de facilité à composer un personnage féminin et que cela soit une difficulté en tant qu'homme. Si la remarque en France était qu'il avait su saisir l'essence de sa protagoniste, Makoto Shinkai a déjà eu droit à la réflexion inverse, ailleurs, où on lui a dit qu'il ne comprenait rien aux femmes.

Pour lui, le travail réside dans l'imagination et l'effort de recherche.  Il s'est remis dans sa peau à 27 ans – il en a maintenant 40 – et s'est rappelé son mal être aussi bien personnel que professionnel, alors qu'il hésitait à franchir le pas pour plonger à bras dans le corps dans le monde de l'animation. Bizarrement, il a révélé, qu'il a toujours eu du mal à se faire à l'idée qu'il était destiner à rester réalisateur dans l'animation et ce, même jusqu'à la sortie de Cinq centimètres par seconde.

La tournure finale de la relation amoureuse entre Takao et son inconnue n'est pas tellement l'enjeu le film, tellement elle semble évidente mais le réalisateur s'est concentré à en décrire les étapes, sous toutes ses facettes.

Le réalisme est accentué par le choix des lieux. L’abri dans le parc de Shinjuku existe vraiment et Makoto Shinkai, qui habite dans le quartier, a aussi pris l'habitude d'y flâner. Il n'a pas fait de rencontre mais il a imaginé la scène. Même si le film ne dure que 47 minutes, il y avait un certain challenge à  boucler la production en six mois. Selon le réalisateur, le travail a été facilité par le choix du parc, qui est un référentiel connu et plus facilement maîtrisé qu'un paysage imaginaire.

En fait, le travail d'écriture du film a commencé en juin 2012 en pleine saison des pluies et c'est ainsi que les ingrédients principaux lui sont venus à l'esprit. Il a voulu faire de cette pluie un élément clef des visuels et deux techniques ont été mixées pour parvenir au but : D'abord des images des synthèse pour calculer la trajectoire des gouttes qui tombent du ciel mais aussi l'animation traditionnelle à la main, quand les gouttes arrivent et ricochent au sol dans les flaques d'eau. Quand vous visionnez le film, ce sont effectivement des scènes marquantes.

Makoto Shinkai s'est aussi arrêté un instant sur le choix des couleurs. D'habitude, il se content de deux tons principaux, l'un pour la lumière et l'autre pour l'ombre, comme c'était le cas dans Voyage vers Agartha. Dans Kotonoha no Niwa, il en a rajouté un troisième avec un ton de reflet vert qui apparaît sur la peau des protagonistes et qui reflète la couleur des jardins.

Pour l'anecdote, le réalisateur a travaillé en écoutant les musiques de Daisuke Kashiwa, qui est fan de son travail et de sa collaboration avec Tenmon, qui compose généralement  les bandes originales de ses films. Pendant les préparatifs, Makoto Shinkai a utilisé les morceaux de Daisuka Kashiwa pour illustrer de manière temporaires les scènes de pluie, puis il est arrivé à la conclusion qu'il fallait que ce soit ces musiques et rien d'autres. Il a donc demandé au compositeur d'arranger ses morceaux pour les besoins du film et fait une infidélité à Tenmon.

Après la pluie, un autre point central du film sont les chaussures. Le réalisateur a d'abord plaisanté - ou pas - en faisant croire qu'il voulait que les spectateurs pubères développent un fétichisme pour les pieds, mais il est revenu à des explications plus terre à terre, liées au scénario. Il y a l'aspect métaphore, avec le fait que Takao aide son inconnue à marcher de nouveau, dans le sens d'avancer à nouveau dans la vie. Ensuite, le garçon devait avoir un objectif très précis et passionné, et le métier de cordonnier collait bien à l'ambiance. Les scènes de pieds ont découlé naturellement, en sous produits des choix effectués en amont mais là, il est nullement question de fétichisme.

Makoto Shinkai

La mère de Takao apparaît peu dans le film mais elle occupe une place importante dans le récit. L’analepse sur les chaussures offertes à son anniversaires sonne comme le début de la passion du garçon, et la propre situation de la mère, où elle fréquente un homme de douze ans son cadet, permet à son fils d'avoir une projection dans une relation qui semble impensable.

Après les épisodes relatés dans le film, le réalisateur a voulu poursuivre l'exploration de l'univers et il l'effectue sous forme de roman, publié à un rythme mensuel dans une revue littéraire. La publication contribue à la stratégie marketing du film, qui a permis d'avoir une place spéciale dans la revue mais à l'origine, il y a eu l'envie d'écrire.

De manière générale, notamment pour les adaptations en manga de ses films, les mangakas ou les éditeurs approchent Makoto Shinkai pour lui proposer leurs projets. La seule exception a été Cinq centimètres par seconde, où rien n'était prévu au départ, mais le public considérait que la fin du film était trop triste. Du coup, le romans et le mangas sont sortis à sa demande.

Pour The Garden of Words en roman, le réalisateur ignore comment il va conclure l'idylle et attend le retour de ses lecteurs pour décider. Il a juste passé un message subliminal en invitant l'éditeur français du film a sortir également le livre. 

Comme je l'avais déjà vu pendant Japan Expo en 2012 et d'autres pendant l'avant première de Voyage vers Agartha, Makoto Shinkai est du genre bavard et n'hésite pas à développer sa réponse à une question, en élargissant le sujet initial. Il a cependant réussi à être concis quand une personne lui a demandé de décrire son parcours professionnel jusqu'à maintenant.

En conclusion, il n'est pas étonnant que la séance ait été plus longue que le temps de projection et lui-même le savait, en indiquant que les gens qui avaient des trains à prendre ne devaient pas hésiter à sortir de la salle en cours de route. Pour ma part, c'est principalement ce que j'attendais, d'où ma prise de note de ces échanges toujours intéressants à suivre.

Makoto Shinkai

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 20/10/2013 à 21:11
    Corti a dit

    Fallait que je sois en Bretagne à ce moment-là moi…

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