J'ai découvert Samurai Japon l'année dernière, qui en est à sa 9ème édition en 2012. La manifestation consiste principalement en une longue après midi de spectacles liés à la culture japonaise, avec des artistes japonais. Elle a lieu dans les pavillons de Bercy, à deux pas de la station Cours Saint Emilion, dans un cadre habituellement réservé aux arts forains.

Ce dimanche 11 novembre 2012, le temps était suffisamment clément pour avoir des stands à l'extérieur, que ce soit l'accueil ou les différents étales, qui vendaient quelques objets typiquement japonais ou tout simplement à l'effigie de l'association pour alimenter les dons pour les victimes de la catastrophe du 11 mars 2011.

Les portes ouvrant vers midi, les stands de nourriture ont travaillé dès l'arrivée des premiers visiteurs, avec un peu plus de choix que l'année dernière : Udon, yakisoba, et notamment des takoyaki, qui ont eu un francs succès.

Le premier rendez-vous attendu était le cassage de tonneau de saké pour marquer le début des festivités. Tout le monde a eu droit à un petit verre de bienvenue jusqu'à épuisement du fût.

Quelques stands supplémentaires étaient à l'intérieur des pavillons, avec quelques panneaux en expositions en prime. Vous trouviez notamment un étalage de jouets en bois et un stand de cérémonie de thé, en plus de celui situé dans la cour.

La salle de spectacle a légèrement été réaménagée avec une portion podium qui étendait la scène sur le côté et permettait de varier les entrées et les sorties des différents protagonistes. Le reste était inchangé, avec toujours un écran sur la scène qui servait de support aux projections qui introduisaient les prestations. En effet, nous avions toujours droit à un panorama culturel général sur le sujet avant d'aborder sur scène tel ou tel art en particulier.

L'après midi a commencé par des diapositives sur le pays du Soleil levant, avec un point sur plusieurs régions touchées par le tsunami de 2011 mais aussi quelques actualités, tels que la nouvelle Tokyo Skytower, qui culmine à 634 mètres ou le 1300ème anniversaire du Kojiki.

La première intervention a été une chanson originale interprétée par une jeune fille, qui a ensuite enchaîné avec Zankoku na Tenshi no Thesis, le générique de début d'Evangelion.

La suite était plus convenue, avec un premier passage de danse traditionnelle, la danse d'Owara, exécutée dans les campagnes pendant toute une journée en septembre pour repousser les typhons. Le côté agréable de l'organisation est que les danseurs n'hésitent pas à passer dans les rangs et que vous pouviez donc apprécier leur chorégraphie de près sans avoir à être scotché à la scène.

Dans ce genre d'après-midi, il ne fallait pas être allergique à la danse, car d'autres tableaux ont suivi. D'abord des danses de Niigata, plus proche des gestes connus pendant les festivals d'été, les masturi, où pendant le changement de tenue, l'une des intervenantes a tenté de nous apprendre quelques mouvements de base.

Après l'entracte, d'autres personnes ont dansé en solo, chacune dans un rôle particulier.

Un autre spectacle incontournable est la mise en scène de combats de samouraï. C'est moins impressionnant et moins bien huilé que le show que j'avais eu la chance de voir à Japan Expo, mais c'est toujours l'occasion de faire participer quelques volontaires parmi l'assistance pour jouer les apprentis bretteurs.

Un tableau plus pertinent s'est déroulé plus tard avec la reconstitution théâtre de la carrière de Musashi Miyamoto, la célèbre figure des guerriers japonais, déclinée dans les films, les anime et les mangas. La pièce partait de morceaux choisis issus du Traité des 5 roues écrit par Miyamoto  à la fin de sa vie et qui présente ses préceptes en plus de ses actions.

Plusieurs spectateurs ont eu du mal à s'accrocher, étant donné que chaque plan joué était séparé par une longue lecture du manifeste. Pour ma part, j'ai été captivé parce que je ne m'attendais pas à découvrir un tel visage de la figure légendaire du Japon, qui n'a rien d'héroïque de l'aveu même de l'intéressé. J'ignore si les passages étaient choisis exprès, mais à chaque duel, Miyamoto  abat son adversaire par traitrise, sous couvert de vision stratégique. Le summum est quand il se fait porter pâle avant un combat, qu'il arrive soi disant souffrant dans un palanquin et qu'il trucide son ennemi, lorsque celui-ci ouvre les rideaux pour prendre de ses nouvelles.

Du duel légendaire de l'île Ganryu, contre Kojiro Sasaki, je retiens que Miyamoto a choisi son terrain, la plage et le sable pour gommer la différence de niveau avec son adversaire, qu'il l'a fait poireauter de longues heures pour que Sasaki perde son calme et enfin, qu'il s'est présenté dos au soleil pour que le bretteur de génie en face de lui soit bien ébloui. Bref, du grand art…

De manière plus rafraichissante, nous avons eu un numéro de Getappe, un exercice de claquettes avec des geta. L'introduction a présenté succinctement la ville de Fukuyama le centre névralgique de la geta au Japon, avec près de 60% de la production et le musée de la chaussure, avec ses 13,000 exemplaires. Ce dernier a été construit en 1977 pour marquer le centenaire de Maruyama and co, et la conception de la geta attribuée à Mosuke Maruyama en 1878.

La troupe étaient enjouée, dynamiques et à bout de souffle à la fin de leur représentation. La scène n'ayant pas le revêtement idéal, la plupart des danseurs étaient à même le sol, dans les rangés, en changeant de place au fur et à mesure des morceaux, inspirés par des musiques de film ou même d'anime tels que Totoro ou Lupin III.

Ils ont été suivis par une joueuse de tambours japonais, qui s'est également illustrée à la flûte.

La fin du programme a été très similaire à ce qui a été vu en 2011, même si les prestations ont été renouvelées pour la calligraphie. J'ai eu moins l'impression d'assister à la séance occulte d'une secte qu'à, effectivement, la composition d'un idéogramme, en s'inspirant d'un groupe de danseuses venues enchanter la scène.

La styliste, qui coiffe ses modèles avec des fleurs a également participé au show à nouveau mais en association avec la calligraphe, qui a marqué le kimono portée ensuite par le mannequin. Le défilé de mode était moins riche que l'année dernière mais l'effet plus percutant.

Enfin, le dernier tableau a repris la plupart des chorégraphies déjà vues au final de 2011, avec quelques passages chantés – dont je n'ai pas souvenir d'avoir entendus à l'époque – particulièrement réussis.

Tous les acteurs se sont ensuite répartis dans la salle pour danser le dernier mouvement, avant de réunir sur scène pour la photo de groupe.

En plus de Nancy une semaine avant, la manifestation avait fait étape au Mans la veille de l'édition de paris, en 2011. Cette année, l'étape du Mans a sauté, ce qui a laissé un peu plus de temps à l'équipe pour se préparer et j'ai entendu des habitués dire que c'était mieux organisé que les éditions précédentes. C'est sûr qu'il y avait plus de stands mais je n'ai pas perçu de révolution pendant le reste de l'après midi, mis à part une scène mieux exploitée. Le rendez-vous demeure relativement confidentiel et même en étant inscrit au groupe Facebook - il n'y a pas encore de page -, j'ai failli rater la date et le choix du dimanche n'est pas idéal quand vous dépendez des transports en commun. 

D'un autre côté, l'espace et la salle de spectacle ne sont pas dimensionnés pour accueillir une foule énorme, et ils restent confortables pour la fréquentation actuelle. Je comprends à la rigueur de faire garder une taille humaine à la manifestation, mais j'ai l'impression qu'il y avait moins de monde qu'en 2011 et là, c'est dommage étant donnée la singularité des spectacles.