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Quartier lointain de Jirô Taniguchi

Par le :: Manga

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Jirô Taniguchi est l'un des très rares mangaka à avoir non seulement ses oeuvres publiés en France mais en plus à connaître une véritable reconnaissance dans le milieu bédéphile européen.

D'un autre côté, son style se démarque de la touche manga habituelle et des titres blockbusters japonais. A première vue, chacune des pages qu'il dessine reflète un souci de coller au mieux à la réalité, avec des images magnifiques mais il s'en dégage une certaine rigidité, qui n'existe pas chez d'autres auteurs. Ses travaux se situent bien loin des réalisations sur la vie quotidienne d'auteurs tels que Mitsuru Adachi ou encore Rumiko Takahashi. Pour faire un parallèle avec les anime, c'est comparer le très sérieux Omohide Poroporo avec le film léger de Mimi o Sumaseba.

S'il attire des personnes à découvrir les bandes dessinées japonaises – l'auteur est publié chez Casterman - il n'est pas forcément l'auteur de prédilection que vous lirez en premier si vous connaissez déjà les mangas. En ce qui me concerne, j'ai mis beaucoup de temps avant de me décider à me plonger dans un de ses bottins et le premier d'entre eux a été Quartier Lointain, qui n'est pas son premier titre paru en France, mais sans doute le plus connu grâce au prix qu'il a obtenu à Angoulême. Taniguchi a reçu le prix Alph Art du scénario à l'édition 2003.

Les premières pages de Quartier lointain sont conformes à l'idée attendue d'une bande dessinée réaliste. Nous suivons le parcours d'un homme de quarante huit ans, Hiroshi Nakahara, père de famille et cadre dans une entreprise. Alors qu'il est en déplacement, après une fête trop arrosée, il se retrouve dans le train qui le conduit vers sa ville natale au lieu de rentrer chez lui. Pour tuer le temps, il se rend au cimetière sur la tombe de sa mère et se met à penser à elle et à l'étrange tournure qu'a prise la vie de sa famille et la sienne. A peine est-il sorti de ses pensées, qu'il s'aperçoit que son corps a changé. Le voici projeté trente ans en arrière et à revivre son année scolaire quand il avait quatorze ans.

Le thème du voyage dans le passé n'est pas révolutionnaire mais Taniguchi a un réel talent pour mener le récit et les quatre cents pages de la version intégrale se lisent d'une traite. L'auteur introduit d'abord un savant dosage de poésie et de romantisme autour d'un profond sentiment de nostalgie. Devenu adolescent, Hiroshi retrouve le cocon familial et la joie d'un corps jeune, tout en ayant son esprit d'adulte. Lui, si moyen lorsqu'il était jeune, se met à briller à l'école et à épater les autres par sa maturité, notamment la plus belle fille de la classe.

Il se remémore telle ou telle personne qu'il rencontre et qu'il avait oublié jusqu'à là. S'il s'amuse à comparer leur image de jeunes adolescents avec ce qu'ils sont devenus plus tard, l'exercice est plus dur lorsqu'il s'agit d'un camarade qui devrait décéder quelques années après. Vient ensuite la réflexion de savoir s'il n'est pas en train de changer complètement le cours des choses. Si son caractère et sa condition change rien qu'en étudiant mieux, ne peut-il pas faire plus? Une intervention divine lui accorderait-il donc une seconde chance?

Le nouveau monde uniquement merveilleux où le héros se laisse dorloter laisse la place à une course contre la montre, où se doit de sauver l'avenir de sa famille et de comprendre tous les événements qui lui ont échappé et sur lesquels il n'est revenu que bien plus tard. Ses yeux d'adulte le pousse à se lancer dans des investigations et le voici plongé dans le passé de ses parents. Si l'histoire prend place dans les années soixante, la rétrospective sur les parents nous rejette jusqu'à la deuxième guerre mondiale avec bien d'autres difficultés pour les populations civiles.

Sans chercher des événements extraordinaires, Taniguchi réussit à tenir son lecteur en haleine, avec un bon nombre de réflexions en filigrane. Hiroshi se redécouvre et se surprend à goûter les joies d'un amour au collège, lui qui est un homme mûr. L'auteur n'est guère tendre avec lui et met en lumière ses vices qui ressurgissent même quand il n'est qu'adolescent. Est-il réellement en train de changer sa vie ou est-il en train de perpétrer un cycle sans espoir, accablé par un destin qui ne veut pas le lâcher ? Le bel optimisme de départ laisse la place à un gros doute et nous ne nous demandons si le récit prend la tournure d'un drame fantastique, à l'image des aventures racontées par Osamu Tezuka dans son Phénix. Cependant, une nouvelle fois, Taniguchi trouve une issue et une jolie fin à son récit.

En conclusion, même s'il n'y a rien de transcendant, l'ensemble est très agréable à lire et très intelligemment menée. Cela change d'auteurs comme Tsukasa Hôjô dont les dessins de Family Compo sont fort jolis mais dont le manga est plombé par l'histoire.

Quartier lointain

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 17/01/2008 à 14:12
    kistner a dit

    j'ai se livre depuis une semaine moi qui n'aime pas lire j'ai complletemen été emporter par l'histoire j'ai ate de lir le suite.

  2. Le 02/04/2008 à 20:12
    ET a dit

    Je trouve cette oeuvre sensationnelle, et ne suis absolument pas d'accord avec votre affirmation "même s'il n'y a rien de transcendant". Quartier Lointain, c'est une émotion forte qui pourtant de manière typiquement japonaise est contenue et maitrisée avec minutie et surtout, présente à chaque page. C'est vraiment un pur chef d'oeuvre. Dont le noir et blanc ne fait qu'intensifier le style excellent. Lisez-le!

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