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La fresque manga Hi no Tori

Par le :: Manga

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En Occident, le grand public connait surtout de Tezuka que deux de ses séries télévisées fétiches, à savoir Astro le petit robot et Léo, le roi de la jungle. Et encore, nous ne connaissons surtout qu’une partie de ces adaptations car les premiers épisodes d’Astro datent des années soixante et n’ont jamais été diffusés chez nous. Ils étaient en noir et blanc.

Les fans de manga peuvent découvrir une partie du travail de Tezuka grâce aux nombreuses publications des éditeurs français mais cela ne représente qu’une infime partie de l’iceberg. En un peu plus de quarante ans de carrière, Tezuka a été l’auteur de plus de sept cents mangas, ce qui représente cent soixante dix mille pages environs. Des chiffres qui donnent le tournis.

Parmi tous ses travaux, Hi no Tori aka le Phoenix, a une place particulière. C’est d’abord l’oeuvre d’une carrière entière. Si la publication a officiellement débuté en 1967 avec la sérialisation des histoires qui composent le premier volume, l’Aube, les travaux préparatoires datent des années cinquante. Ces esquisses, dessinées entre 1954 et 1957 ont été reprises dans un volume supplémentaires de la saga, intitulé Hi no Tori, le chapitre de la Grèce et de Rome. Même s’il l’a interrompue à plusieurs reprise, pendant plusieurs années de suite, Tezuka a poursuivi sa fresque tout au long de sa vie et il la laisse inachevée à sa mort, qui est survenue en 1989.

L’édition japonaise comporte en tout douze volumes  de tailles inégales, chaque volume correspondant à une époque du Phoenix. L’édition française propose un redécoupage plus équilibré entre les volumes avec onze tomes au total. Les tomes sont d’ailleurs en cours de réédition en ce moment.

Les dessins de Tezuka reflètent bien le style des anciens mangas des années soixante.  Qui connaît Sazae san ne sera pas surpris par ce trait simplifié mais notamment ultra soigné lorsque vous examinez certains paysages. En revanche, cela n’a rien à voir avec le style plus moderne et plus conformiste des blockbusters actuels. Les pages abondent en petites cases. Le format n’a rien d’extraordinaire quand nous voyons Urusei Yatsura, qui a été publié sous un format original similaire, alors que le titre date des années quatre vingt. D’un aspect purement matériel, l’édition française de poche est un peu malaisée à lire mais l’édition originale style bottin téléphonique aurait présenté d’autres inconvénients. 

Intéressons nous maintenant au manga proprement dit. Le phoenix est cet oiseau mythique capable de renaître de ses cendres mais Tezuka lui rajoute la vertu de donner l’immortalité à celui qui boit de son sang. Il peut être un objet de convoitise et des hommes partent à sa poursuite pour obtenir le sésame de la vie éternelle. Une partie des aventures contées présente cet aspect mais leur portée va beaucoup plus loin.

Tezuka nous narre des  histoires qui se déroulent, suivant les chapitres, soit à l’aube de la civilisation ou bien très loin dans le futur, quitte même à faire évoluer en parallèle des intrigues à des époques différentes. Le Phoenix est un symbole qui reste présent en filigrane, symbole intemporel avec plus ou moins d’impact sur les personnages principaux. En plongeant dans le passé, nous revivons les légendes des empereurs qui ont façonné le Japon. Pour nous occidentaux, c’est une découverte quasi pédagogique de ces époques et de ces mythes.

Cependant, sous le trait rageur de Tezuka, les auras de ces dieux empereurs sont complètement désacralisées. La reine Himiko du Yamatai est présentée comme une affreuse commère par exemple et met en scène les pires des atrocités, de façon fatidique : Les femmes sont violées, quand elles ne font pas partie de la populace qui est massacrée ou réduite en cendre par le vainqueur, enfants y compris.

La souffrance est omniprésence quelque soit les époques. Pire, en nous projetant dans le futur avec le même désespoir, Tezuka ne donne aucun crédit à l’amélioration de la condition humaine. Les progrès technique et la science n’apportent rien de nouveau, si ce n’est de nouvelles armes et de nouveaux fléaux, la nature profonde de l’homme ne changeant pas.

La lumière provient de l’oiseau Phoenix, véritable dieu de la compassion et vecteur spirituel des pensées bouddhistes, avec ses cycles de vie et de réincarnations. Des personnages récurrents apparaissent. Il ne s’agit pas forcément de l’exploitation à outrance des traits d’un personnage, tel que Mitsuru Adachi le fait pour ses héros et ses héroïnes, mais bien de descendants ou d’ancêtres d’une même personne. Nous retrouvons ainsi régulièrement Saruta, remarquable par son nez boursouflé. Tezuka nous dit que l’histoire est un éternel recommencement et n’hésite pas à se projeter sur des milliards d’années pour explorer à fond ses thèmes humanistes.

Outre l’intérêt de découvrir certaines légendes du Japon ou le simple plaisir de lecteur, Hi no Tori est une oeuvre fondamentale de la production de la bande dessinée, en étant un exemple flagrant de mythopoeia, la création d’une certaine forme de mythe, avec ces nombreux univers, en abordant des thèmes comme le merveilleux, la satire ou la religion.

Hi no Tori

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 02/06/2007 à 03:27
    The Wicker Man a dit

    J'avais vu le long métrage, un peu différent du manga, à l'époque quand j'étais petit, et je m'en souviens encore, c'est dommage qu'il n'ai pas eu + de succès, cette histoire était vraiment originale!

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