Après la salve de compte-rendus sur Japan Expo 13, revenons à nos marronniers traditionnels avec un aperçu des nouvelles séries de l'été 2012. Je commence par Joshiraku, Binbôgami ga!, Dakara Boku wa H ga Dekinai, Hagure Yûsha no Aestetica, Campione!, Arcana Famiglia, Kingdom, Muv-Luv Alternative - Total Eclipse, Rinne no Lagrange saison 2, Koi to Senkyo to Chocolate, Tari Tari, Kokoro Connect et Sword Art Online.

Joshiraku

Le manga d'origine suit le quotidien de 5 conteuses de raguko, qui passent beaucoup de temps à discuter, en débouchant sur des propos absurdes et humoristiques. La moitié du premier épisode s'adresse visiblement aux lecteurs du manga, en prenant du recul par rapport à l'adaptation en anime  et en s'amusant sur la possibilité de ne pas avoir à animer les scènes, car les personnages ne font que parler.

La mise en scène s'avère plus riche et plus classique à partir du milieu de l'épisode, mais la formule reste axée sur les discussions et les bons mots. En quelques minutes, JC Staff réussit l'exploit de vous convaincre de plutôt lire le manga que de visionner leur série et ce n'est pas le character design de Masayoshi Tanaka qui va vous faire changer d'avis.

Binbôgami ga!

Le manga est publié dans le mensuel Jump Square depuis 2008. Il était temps que l'histoire burlesque ait sa série et c'est désormais le cas en 2012, avec cette production signée Surnrise, à laquelle participe Yoichi Fujita, le réalisateur de Gintama.

Momiji est un déesse de la pauvreté, envoyée sur la Terre pour s'occuper du cas d'Ichiko Sakura. La lycéenne nage dans le bonheur totale et représente un danger aux yeux des instances célestes : Elle dérègle complètement l'équilibre entre les événements heureux et malheureux chez les humains. Pire, sans le savoir, elle vole la part de chance chez les autres.

La mission de Momiji est simple : Confisquer le surplus d'énergie positive chez Ichiko. Cependant, la jeune fille ne se laisse pas faire et elle présente des capacités insoupçonnées, à croire qu'elle est une déesse d'abondance.

Les situations font sourire et accumulent les clins d'oeil aux autres titres classiques, de Space Cruiser Yamato à Dragon Ball Z. En revanche, à la vue des premiers chapitres, l'histoire végète au niveau d'un running gag permanent, sans véritable scénario construit.

Dakara Boku wa H ga Dekinai

Si Queen Blade vous manque, vous pouvez jeter votre dévolu sur cette nouvelle série. Ryosuke Kaga est un lycéen pervers et fier de l'être, qui passe un contrat avec Lisara Restall, une noble figure du monde des shinigami. Elle est à la recherche d'un champion sur la Terre, rempli d'énergie, qui assurerait l'avenir de son clan. En attendant, elle profite de Ryosuke, qui lui assure des recharges régulières, utiles quand elle a besoin d'utiliser ses pouvoirs.

Etant donnée que la source d'énergie du lycéen est sa libido, Ryosuke Kaga a besoin de s'exciter pour faire remonter sa jauge et il n'hésite pas à étreindre les demoiselles nues pendant les combats pour mieux les sauter sauver après.  Bref, le titre est un mélange de burlesque et de scènes ecchi, avec peu de scénario, si ce n'est que le garçon apprend qu'il n'a plus que quelques mois à vivre, de la bouche de sa charmante shinigami.

Hagure Yûsha no Aestetica

L'anime fait aussi dans le fan service à fond, avec un premier combat contre des maids et un nombre de poitrines nues bien supérieur à la moyenne. Le récit présente cependant une facette intéressante, avec un pont entre le monde fantastique et le monde réel.

Le personnage principal, Akatsuki Ôsawa, a été un héros à Arezard, un univers parallèle d'heroic fantasy. Comme tous ceux qui sont passés par Arezard, il a conservé ses pouvoirs en revenant dans le monde réel et il est cantonné à Babel, une école spécialisée qui permet à ses élèves de maîtriser leurs pouvoirs, en toute sécurité. En rentrant, Akatsuki a emmené avec lui, Myû, qu'il présente comme sa soeur, mais qui est en fait la fille du roi démon, qu'il a vaincu à Arezard.

L'histoire a cependant du mal à décoller et l'ensemble reste quand même très axé sur les scènes de petites culottes ou assimilées.

Campione!

Les aventures de Godô Kusanagi sont plus sages. De passage en Italie pour rendre une tablette à sa propriétaire, l'adolescent japonais en vient à affronter et à vaincre un dieu. Il hérite de ses pouvoirs et il rejoint le club très fermé des Campione, les tueurs de dieux. Il est secondé par la belle mais farouche Erica Brandelli, qui l'a aidé pendant son duel en Italie et qui l'a rejoint au Japon. Godô est l'archétype de l’antihéros mais ses pouvoirs lui confère quelques nouvelles responsabilités et il doit notamment éviter de déclencher l'apocalypse par inadvertance.

La structure de l'histoire est classique avec d'abord un harem qui se construit autour de Godô, sous les yeux du personnage charismatique d'Erica. Ensuite, le récit est ponctué par les rencontres et les affrontements avec les autres Campione ou les dieux.

Arcana Famiglia

Voilà un autre anime à connotation italienne, qui se déroule au saint d'un clan à la sicilienne, sur l'île de Regalo. Chaque membre de haut rang est associé avec une carte atout de tarot et possède un pouvoir particulier, telle qu'une force surhumaine on bien l'invisibilité, par exemple. A l'anniversaire de ses 59 ans, le chef de famille fait une annonce fracassante en annonçant sa retraite prochaine et la tenue d'un tournoi pour désigner son successeur et le futur gendre de sa fille Félicita. Membre à part entière, cette dernière peut cependant concourir et défendre ses chances pour avoir son destin en main.

Après le premier épisode, le futur tournoi passe en arrière plan et nous avons droit à des scénettes de la vie quotidienne des membres du clan. L’intérêt est moindre et le rythme faiblit en intensité. C'est dommage. Le récit peine à attirer notre attention ci et là, en dressant les portraits plus précis des protagonistes et en dévoilant leurs secrets.

Kingdom

Au premier abord, l'animation en 3D rend l'anime insupportable à suivre, mais j'ai l'impression qu'avoir un scénario consistant est devenu une denrée rare et au moins, Kingdom en comporte un. Le récit se déroule en Chine, avant la réunification des 7 royaumes et met en scène le roi de Qin, encore adolescent. Fuyant les assassins lancés à ses trousses, il rencontre Shin, un orphelin de son âge, qui aspire à devenir général.

L'histoire est un début d'épopée, avec la rencontre improbable d'un roi et d'un garçon de ferme, sur fond de conspiration et de conflits à plus grande échelle. La réalisation n'offre rien d'extraordinaire mais le récit offre très peu de temps mort et reste bien dans son sujet.

Muv-Luv Alternative - Total Eclipse

Les 2 premiers épisodes dresse un tableau très noire de la situation : Dans un monde parallèle, où le Japon a encore sa capitale à Kyoto et où l'Union Soviétique existe toujours, les hommes sont entrés en guerre contre des monstres extra terrestres, qui envahissent la Terre. Yui Takamura fait un cursus au sein de l'armée impériale japonaise pour devenir pilote de Tactical Surface Fighter, les seuls engins capables de rivaliser contre les aliens. Ces derniers percent les défenses sur le continent et abordent désormais le Japon. Mêmes les cadets sont appelés en renfort et ils sont envoyés en première ligne, où la plupart n'atteignent pas les 8 minutes de survie en moyenne pendant un combat.

Les 2 premiers épisodes ont clairement une atmosphère de film d'horreur, avec des adolescentes qui finissent en pâture aux mains de monstres, quand elles ne sont pas fracassées dans leur cockpit, alors qu'elles pensaient avoir fait le plus dur. Pourquoi pas, mais le 3ème épisode nous fait basculer dans une ambiance complètement différente, plusieurs années après les premiers événements, avec des préoccupations plus proche des cours d'école que des champs de bataille, entre les querelles d'ego et de nouveaux protagonistes têtes à claque : L'évolution de l'intrigue dessert complètement le titre.

Rinne no Lagrange saison 2

Là, nous sommes dans la continuité de la première série, avec un tour de prestidigitation pour faire revenir Lan et Muginami sur la Terre aux côté de Madoka. Le conflit entre Dizelmine et Villagiulio prend une tournure plus rationnelle, dans la mesure où leurs planètes respectives doivent entrer en collision et l'un a choisi l'option de détruire le monde de l'autre pour sauver les siens. Pour cela, il a besoin de la puissance des Vox, et en premier lieu de la machine de Madoka.

J'ai toujours du mal avec ce genre d'anime tragicomique, où nous passons sans cesse d'un sujet un minimum sérieux à des préoccupations beaucoup plus superficielles. Il reste l'héritage des séduisants mecha concoctés par les équipes de designers professionnels de chez Nissan, le constructeur automobile.

Koi to Senkyo to Chocolate

Yûki Ôjima a déjà son harem quasiment au complet au début de la série, car la plupart des membres de son club sont des filles. Chisato Sumiyoshi, son amie d'enfance qui vient le réveiller dans sa chambre directement, chaque matin, en fait aussi partie. L'école qu'ils fréquentent comporte 6 000 étudiants et elle est structurée comme un micro état, où le pouvoir est partagé entre différentes factions. Les assemblées officielles se tiennent dans une vraie salle de parlement et les enjeux sont tels, que certains n'hésitent pas à attenter à la vie des gêneurs.

Loin de toute préoccupation sérieuse, Yûki et ses amis se contentent de déguster des sucreries en tout genre dans leur club de recherche en nourriture, sous l'oeil bienveillant de leur professeur superviseuse, Hazuki Shinonome, qui descend des pintes de bières pendant les séances. Leur petit coin de paradis est chamboulé avec l'approche des nouvelles élections des membres du bureau d'élèves. Le manifeste d'une des lauréates potentielles au poste de présidente, Satsuki Shinonome, vise à fermer tous les clubs jugés inutiles, avec en premier lieu le club de recherche en nourriture.

Ne trouvant pas parmi les postulants de personnes aptes à représenter leurs valeurs et à sauver leur club, le groupe décide de se lancer dans la campagne électorale avec Yûki en guise de candidat.

Exceptées les premiers moments sérieux et mêmes dramatiques, le premier épisode donne le ton comique avec un panorama rapide des protagonistes plus ou moins insolites et quelques scènes osées, qui, même si elles sont loin d'être explicites, rappellent l’atmosphère du jeu vidéo d'origine pour adultes. Au delà des grosses ficelles pas forcément déplaisantes, l'intrigue présente de petites subtilités, notamment en s'intéressant de plus près à quelques personnages. Après, cela risque d'être largement insuffisant pour relever le niveau de l'histoire, qui reste focalisée sur la campagne électorale.

Tari Tari

Le studio P.A. Works propose un titre proche d'Hanasaku Iroha, à l'opposée de leur adaptation sanglante d'Another. Ici pas de pension à tenir mais un retour au lycée sur le thème de la musique et du chant.

Après le fiasco de sa prestation l'année dernière, Konatsu Miyamoto est privée de chant au sein de la chorale officielle du lycée. Elle décide alors de démissionner et de monter son propre club. Elle entreprend alors son recrutement en commençant par sa meilleure amie Sawa Okita, mais aussi Wakana Sakai, une camarade de classe qui semble bien s'y connaître en musique mais qui est très réticente à participer, même trop, pour que cela ne cache pas quelque chose.

L'histoire fait très fleur bleue mais elle est rondement menée. Je pensais que le montage de la chorale bis allait nous occuper pendant toute la série mais l'arc est bouclé en seulement 2 épisodes et il permet d'ailleurs d'avoir quelques scènes sympathiques à la fin. Vous trouvez aussi quelques scènes touchantes par la suite, qui embellissent l'anime. Faute des scénario palpitant, l'anime risque de rester sur un registre trop tranche de vie mais le jeu de couleur, les moments d'émotion et sa qualité technique peuvent compenser.

Kokoro Connect

Au lycée privé de Yamaboshi, les élèves sont priés de participer à des activités en club. C'est ainsi qu'est plus ou moins né le club culture, qui réunit par défaut des membres qui n'ont pas trouvé de chaussure à leur pied ailleurs et qui n'ont donc pas une grande affinité entre eux, a priori. Il y a là 2 garçons et 3 filles.

La donne change avec un phénomène inexpliqué qui les frappe à intervalles réguliers : Pendant une période plus ou moins longue, leurs esprits changent de corps et ils se retrouvent à gérer des permutations à deux ou à trois. Ils gèrent d'abord la situation dans l'urgence mais au fil des jours, ils découvrent la face cachée des uns et des autres, à force de prendre leur place.

L'ensemble débute sur une situation incongrue et un début d'explication, qui sent l'expérience extra-terrestre. Rapidement, le point de vue se focalise plus sur les personnages eux-mêmes et leurs relations, qui évoluent au fur et à mesure que le phénomène continue. L'approche est intéressante et bien conduite jusqu'à présent.

Sword Art Online

Nous avons déjà eu notre dose de plongées dans les MMORPG avec les différents volets de .hack et l'opposition entre mondes réels et virtuels. Sword Art Online annonce la couleur dès le premier épisode : Le jour même du lancement de la plateforme, 10 000 joueurs privilégiés pénètrent dans un univers virtuel révolutionnaire, où le système et les capteurs dans les casques interceptent les ordres du cerveau vers les organes, ce qui affine la sensation de réalité, une fois dans le jeu mais en contrepartie, aucun joueur ne peut plus contrôler son corps réel.

Kirito fait parti des heureux élus et il profite à plein de la première journée, mais le soir la désillusion est grande. Comme tous les autres, il se retrouve prisonnier, condamné à rester dans le jeu, avec une épée de Damoclès au dessus de lui : Si un joueur meurt dans le jeu, il meurt dans la vie réel et la seule solution pour s'en sortir est de terminer tous les niveaux.

Le jeu de survie donne du piment à l'aventure et offre de nouvelles perspectives par son aspect horrifiant, en pratiquant à fond la carte de l'apitoiement. A part le début, où nous voyons Kirito se brancher au système depuis sa chambre, toutes les autres scènes se déroulent dans le monde virtuel et nous n'avons aucune nouvelle de l'extérieur alors que plusieurs semaines s'écoulent à l'intérieur du jeu.

L'idée de départ est bonne mais son potentiel semble sous exploitée et plusieurs passages manquent de crédibilité. Les participants donnent souvent l'impression d'aller au combat la fleur au fusil, avant de se faire massacrer sans surprise. D'un certain côté, vous pouvez vous dire que le scénario respectent là les codes d'un film d'épouvante.