Le Cheminot met en scène un vieux chef de gare, Otomatsu, à l'aube de la retraite, isolé dans une petite ville d'Hokkaido, qui se vide de ses habitants. La neige tombe en abondance sur la voie dont la fin de service coïncidera avec la date du départ définitive de notre cheminot. Même le matériel roulant est une antiquité et sera retiré de la circulation. L'homme âgé inspire un véritable respect, voire une admiration de ses collègue devant son dévouement pour tenir son poste, quelque soit le temps et les circonstances, et ce depuis trente ans.
La vie a cependant laissé des blessures profondes à Otomatsu, qui passe le jour de l'an tout seul, dans sa gare, avec pour seul divertissement l'arrivée du train du jour et du chasse-neige. Des jeunes filles viennent alors perturber sa tranquilité en surgissant dans le hall désert de la petite gare. Les événements amènent Otomatsu à se souvenir du passé.
L'histoire débute avec des images d'Epinal, avec le chef de gare fidèle à son poste, en pleine nuit, alors qu'il n'y a personne dans les trains, pendant la période des fêtes. Comme Taniguchi, le dessin de Takumi Nagayasu est de nature réaliste, avec quelques nuances subtiles pour différentier un souvenir vis-à-vis d'une scène du présent.
Sans dévoiler les tenants et les aboutissements de l'histoire, sachez que vous retrouvez dans cette nouvelle, l'atmosphère étrange qui a fait le succès des recueils d'histoires courtes de Tsukasa Hôjô. Déjà publié une première fois en France en 2001, l'ouvrage a connu une deuxième édition en octobre 2007, sous un format plus luxueux. Les planches sont de taille plus grande et plusieurs sont en couleurs – de vraies couleurs, pas en version dichrome style City Hunter.
Pour ma part, si le conte est touchant et très bien raconté, j'ai du mal à accrocher au personnage inflexible de cheminot obnubilé par son devoir, tel un soldat vaillant à son poste. Il y a un tel décalage entre l'importance de sa tâche et les sacrifices consentis, que cela parait caricatural. Je dirai que nous touchons là peut être une différence de culture ou tout au moins, je n'accorde absolument pas – et je ne suis pas le seul – la même image d'Epinal à un employé de la S.N.C.F.
Pourquoi vous suggérez de lire ce manga alors? D'abord, vous pouvez faire fi de mes remarques et vous laissez emporter par le récit. Ensuite, je tiens à vous signaler que l'ouvrage comporte une deuxième histoire courte, intitulée La lettre d'amour. Elle est indiquée sur la couverture mais pas de façon évidente. Le récit est beaucoup moins tranche de vie que la précédente mais finalement, je trouve cette histoire d'amour plus intense et plus belle, malgré toute l'horreur décrite par moment.
Post scriptum:
Le titre original de la première nouvelle est Poppoya, qui signifie littéralement le chef du tcou-tchou. Le cheminot est un titre un peu plus vendeur.
sed a dit
ben tout ca me donne envie de le lire
je trouve le dessin de la couverture trés belle
j'en dirai plus une fois lu hein :p
QCTX a dit
Haaa.... le "Cheminot", ça faisait longtemps. Au début, j'ai cru que j'allais regretter le prix un peu supérieur à la moyenne qu'en demandais l'éditeur. et puis j'ai commencé à lire...
bizzarement, j'ai plus apprécié la première histoire que la seconde. La réaction du héros dans le train me paraissant un peu surjouée, justement. Alors que le cheminot, lui... Bah, c'est pas comme s'il avait d'autres préoccupations, hein.
Bref, ça reste un conte poétique et sympathique sur la vie et travail "à la japonaise", envoutant et qui fait voyager.
Que demander de plus ?
Iznogoud a dit
"je n'accorde absolument pas – et je ne suis pas le seul – la même image d'Epinal à un employé de la S.N.C.F."
Et pourtant...
C'est bien une réaction de parisien, ça...
Ce genre de personnage existait encore il y a quelques années en France, avant le démantèlement des petites lignes en milieu rural.