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“Un dossier de mai 2010”

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Des épopées glorieuses au devoir de mémoire

Si vous regardez du côté d’Hollywood, la Deuxième Guerre Mondiale a été une grande source d’inspiration, voir la première, en concurrence avec la guerre du Vietman. Au début, les scénaristes ont surtout joué la fibre patriotique, avec des reconstitutions relativement fidèles, quand vous pensez aux films Le Jour-J ou La bataille de Midway  mais elles sont imprégnées de l'héroïsme à la gloire du soldat américain. Il a fallu attendre relativement longtemps pour avoir des films ou des fictions télévisées avec des messages différents. Le débarquement de Normandie dans Il faut Sauver Soldat Ryan montre à quel point l’opération avait pu être une boucherie et la Mémoire de nos pères adopte un ton acerbe, devenu pourtant habituel, quand il s’agissait d’aborder un épisode du Vietnam.

Le conflit sert également d'arrière plan pour bon nombre d'histoires fantastiques, que nous retrouvons dans la série des Indiana Jones ou encore des Hellboy. Les protagonistes nazis font office d'excellents méchants et ne souffrent d'aucune contestation. Dans ce sens, l'industrie de l'animation japonaise a aussi exploité le filon et ne rechigne pas à montrer des fascistes germaniques pour ses besoins narratifs.

Le premier film de Fullmetal Alchemist, Conqueror of Shamballa, en est un exemple, même si le récit se déroule avant le début de la grande guerre. Citons dans la même veine,  First Squad, du cinéma de guerre sur le front russe, mélangé avec des virées fantastiques dans l'au-delà. Dans les 7 épisodes de Kishin Corps, les héros doivent affronter des extra-terrestres, avec lesquels les armées allemandes se sont associées pour pouvoir bénéficier de leur technologie. Topo similaire dans URDA, où un groupe spécial SS met la main sur une navette spatiale du futur et compte bien s'en servir pour modifier le cours de la guerre.

Du côté japonais, le traumatisme des bombardements massifs ou atomiques, a donné lieu à une littérature dense sur le sujet, avec plusieurs témoignages écrits ou des romans fortement autobiographiques. Contrairement à la vision victorieuse des alliées, les histoires japonaises sur la Guerre du Pacifique, en film live ou en anime, traitent, à de rares exceptions, de la défaite inévitable et surtout des victimes civiles au pays.

Le dessin animé est un support adéquat pour raconter les tragédies aux enfants, bien que le contenu est à vérifier avant. Certains titres sont destinés à une lecture adulte ou au minimum adolescente, et plusieurs films présentes des images très dures. En revanche, dans le lot, plusieurs anime sont clairement à l'intention des primaires, en rappelant concrètement les faits, sous couvert d'un récit romancé, ou d'une approche plus documentaire.

Les classiques connus en France

Le nombre d'anime de ce genre atteint facilement la trentaine au Japon mais force est de constater  qu'il y en a beaucoup moins de connus en France.  

En terme de sortie cinéma, le film plus récent chez nous doit être Le Journal d'Anne Franck, paru en 2000. Le statut est ici un peu particulier car il s'agit d'abord d'un récit occidental et non pas d'un événement qui implique directement des japonais. Ensuite, la version que nous avons eue, a été remaniée par le réalisateur Julian Wolf et son équipe, à partir du film original, Anne no Nikki d'Akinori Nagaoka, de 1995. En fait, la fondation Anne Franck a jugé l'adaptation japonaise inaboutie et inexacte pour le public européen et le producteur a fait en sorte d'obtenir une mouture plus fidèle au récit de l'adolescente juive.

Le long métrage Hotaru no Haka, Le tombeau des Lucioles, d’Isao Takahata, a connu chez nous une diffusion, certes confidentielle, au cinéma en 1996, et à la télévision sur la chaîne ARTE. Il est aussi édité en DVD.

Le Tombeau des Lucioles est incontestablement le dessin animé le plus connu en France sur le sujet de la 2ème Guerre Mondiale au Japon. Le long métrage date de 1988 et le studio Ghibli l'a sorti au Japon en même temps que Totoro. Bien qu'il date de plus de 20 ans, le film reste  techniquement un cran au-dessus de toutes les productions faite sur des thèmes similaires, même les plus récentes.

L’histoire relate le destin de Seita et sa petite soeur Setsuko, dont le père est parti servir son pays au sein de la flotte japonaise et dont la mère est l’une des victimes des bombardements de Kobe. D’abord recueillis à contre cœur chez leur tante, ils décident de s’échapper et de vivre en totale  indépendance dans un abri, au bord de la rivière. Si les premières semaines sont heureuses, la dure réalité leur revient en pleine face, avec les difficultés pour se procurer de la nourriture et leur total abandon à leur sort.

De la nouvelle imaginée par Akiyuki Nosaka, déjà très dure, Isao Takahata parvient à en faire un long métrage encore plus poignant, en mêlant de manière tragique, les instants de rêve et de bonheur avec des moments de pure tragédie. Le réalisateur utilise quelques images chocs au début mais sans plus. Son objectif, comme d’autres films sur lesquels je reviendrai, est d’exposer la vie quotidienne de l’époque, entre deux parts de rêves. Il joue habilement sur le contraste, en nous faisant entendre le rire et les "onichan" innocents de Setsuko, puis en débouchant brusquement sur une scène morbide.

L’autre point fort du film est sa bande originale, composée par Michio Mamiya et Masahiko Satô, avec qui Isao Takahata avait déjà collaboré sur Gauche le Violoncelliste, pour l’un, et sur Panda go Panda, avec l'autre. Au final, le Tombeau des Lucioles est emprunt d’une profonde tristesse, qui en fait toute sa beauté.

Hotaru no Haka

En France, Gen d'Hiroshima est le pendant, en manga, du Tombeau des Lucioles. En 2006, Kaze a édité les DVDs des 2 films tiré du manga, ce qui en fait un classique disponible depuis cette date. Nous reviendrons sur ces adaptations un peu plus tard, dans ce dossier.

The Cockpit est également disponible en DVD et fait partie des premiers anime new age publiés par un éditeur français en vidéo. Les 3 OAVs s'inspirent d’un manga de Leiji Matsumoto, l’auteur, entre autres, d’Albator et de Galaxy Express 999.

Deux épisodes ont un rapport direct avec des japonais. Dans l’épisode Escadron Fleur de cerisier, nous suivons le destin d’un kamikaze alors que nous sommes à quelques heures du bombardement atomique d’Hiroshima. Quant à Soldats Motards, il met en scène 2 militaires rescapés qui prennent la route au milieu de la cambrousse, sur un sidecar, au sein d’un champ de bataille.

Les destins funestes réservés aux protagonistes résonnent comme autant de situations cruelles et d’hymnes pacifistes. Non seulement le jeune kamikaze doit se sacrifier à quelques jours de la capitulation, mais l'ironie de la situation est encore plus terrible. Pour les 2 soldats acculés, leur esprit jusqu’au-boutiste leur fait prendre une décision désespérée alors que ne sont pas des héros.

Le travail et les penchant de Leiji Matsumoto pour les reliques de la 2ème Guerre mondiale, offrent une place importante aux mécaniques en elles-mêmes, que ce soit la moto ou les avions, et du coup, l’atmosphère se démarque un peu des autres anime du genre. Le message pacifique reste cependant très fort.

Les animaux: De la propagande guerrière au message pour le paix

La 2ème Guerre Mondiale revêt une importance historique pour l'industrie de l'animation japonaise, avec la sortie du premier long métrage. Dans nos tablettes, le Serpent Blanc est le premier film d'animation de la Toei en 1958 et marque le début de l'âge d'or du studio, mais dans l'absolu, le premier film japonais date de 1945 et s'intitule Momotarô - Umi no ShinpeiMomotaro - le divin soldat de la mer.

Le film est la suite de Momotaro no Umiwhashi, les Albatros de Momotaro, un anime qui ne fait que 37 minutes et qui ne peut donc prétendre au titre de premier long métrage. Son réalisateur est Mitsuyo Seo, une personne pour le moins atypique dans le pays. Il est d'obédience marxiste, ce qui lui vaut d'être torturé et emprisonné pendant 21 jours en 1931. Ses convictions nuiront également à sa carrière après la guerre, car en 1949, la Tôhô refusera de distribuer son dernier film, Ôsama no Shippo, jugé trop à gauche. Après cet échec, il abandonnera l'animation pour se concentrer sur les illustrations pour les enfants.

Avant d'en finir là, il poursuit sa carrière dans les années 30 et il participe en 1937 à Chikara to Onna no Yo no Naka, le premier dessin animé parlant au Japon. En 1942, il réalise le premier volet de Momotaro pour le compte de la Shôchiku, un film de propagande qui fait revivre aux enfants l'épisode de Pearl Harbor. en mettant en scène les animaux traditionnels des contes et légendes japonaises.

Le second volet célèbre la "libération" de l'Asie par les japonais, qui débarquent en bienfaiteurs avec des espoirs des paix tout azimut. L'un des passages célèbres est la chanson AIUEO, que les guerriers chantent avec les animaux de la jungle, venus apprendre la langue. Le film a laissé des traces, notamment sur Osamu Tezuka, qui l'a vu au cinéma pendant son enfance et qui reprendra la scène à son compte. Cette fois-ci, c'est Kimba a.k.a Léo, son fameux roi lion, qui instruit les animaux de la forêt, venus apprendre la langue des humains.

Momotaro

Les autorités se sont servi de l'image des animaux auprès des enfants pour leur propagande. Le sort des pensionnaires du zoo d'Ueno pendant la guerre, est un sinistre exemple de communication avec la jeunesse.

Dans les zones touchées par les bombardements, il s'est rapidement posée la question du danger que pouvait représenter une bête sauvage échappée dans les rues, si son enclot était abîmé. Ainsi, des mesures drastiques ont été prises pour éliminer les reptiles aux morsures mortelles, les fauves et les ours ci et là.  

A Tôkyô, avec le début des bombardements sérieux dès 1942, les responsables du zoo ont commencé à éliminer les animaux dangereux en trop, puis ils ont fini par tuer les pensionnaires les plus remarquables, à savoir les 3 éléphants en septembre 1943, puis les hippopotames quelques mois après. Une ville est toujours attachée à ses éléphants et d'ailleurs, l'une des images qui nous reste du siège de Paris, pendant la guerre de 1870, est l'abattage à contre coeur des 2 éléphants du zoo de Vincennes, alors que la population mourrait de faim.

A l'époque, le triste épisode d'Ueno a été médiatisé avec une cérémonie funéraire officielle accueillant le gratin politique et des centaines d'enfants, chargés de témoigner de ce que les ennemis de la nation leur faisaient subir. Des témoignages et des notes laissent penser que le massacre des  animaux ait été délibéré et le danger qu'ils représentaient, qu'un prétexte fallacieux. Il semblerait que le nouveau maire de la ville ait volontairement voulu choquer ces concitoyens, encore trop loin du théâtre de la guerre à son goût, en 1943.

Même si la piste de l'évacuation n'a pas été explorée, le résultat est de toute manière navrant, surtout au regard de ce qui est arrivé dans les autres parcs zoologiques du pays. Beaucoup ont du se résigner à abattre leurs lions mais certains directeurs de zoo, comme celui de Kyoto, ont su faire jouer leurs relations avec l'armée pour passer outre les ordres du pouvoir politique local. A l'étranger, les mesures étaient moins extrêmes et les pertes étaient directement dues au bombardements. A Leningrad, la situation a même été inverse. Alors que plus d'un million de civils ont été tué pendant le siège, les animaux du zoo ont survécu.

L'énorme reproche fait après guerre aux responsables du zoo d'Ueno est la manière avec laquelle ils ont tué leurs pachydermes. Pour d'obscures raisons, ils ne les ont pas abattus ni même empoisonnés comme ils l'avaient fait avec d'autres animaux: ils les ont laisser crever de faim, les laissant à l'agonie pendant plusieurs semaines.

En 1982, le zoo d'Ueno a fêté le centenaire de son existence et un film est sorti à l'occasion, Zoo no inai dôbutsuen, un zoo sans éléphants, qui raconte l'histoire vraie de Hide, 12 ans, et de sa petite soeur, 6 ans, qui découvrent Ueno amputé de ses animaux, alors que c'était leur rêve de pouvoir voir un éléphant, après les épreuves difficiles de la guerre.

Le film va heureusement plus loin que la période la guerre et relate la croisade - toujours véridique - des enfants pour revoir des éléphants à Tokyo. En 1949, le premier ministre indien Nehru, ému par la moisson de lettres orchestrée par les enfants, fait don d'Indira, une éléphante qui rejoint le zoo le 25 septembre, sous le regard émerveillé de milliers de gens.

Un zoo sans elephant

L'un des enfants de Futatsu no Kurumi - Les Deux Noix, fait aussi allusion à la disparition des éléphants à Ueno mais le téléfilm s'intéresse également au sort des chiens de la population. Les enfants sont pourchassés pour avoir tenté de protéger leur animal de compagnie, destiné à servir de matière première dans les usines ou de bombe mobile au front, selon les dires des gens chargés des captures.

Dans Kuro ga ita Natsu, Un été avec Kuro, la petite Nobuko recueille un chat et veut le conserver chez elle, malgré le peu d'enthousiasme de ses parents, confrontés à des difficultés pour joindre les deux bouts pendant la guerre, en 1945. Finalement, le chat rejoint la famille et apporte quelques instants de bonheur, malheureusement bien éphémère. Cet anime de 1990 présente un character design des personnages assez sommaire mais la bande son est soignée et se termine sur un  épilogue poignant.

La présence d'animaux atténue les images trop forte des horreurs et véhiculent les messages pacifistes plus facilement auprès des plus jeunes. Beaucoup de contes de guerre jouent sur cette carte. Akiyuki Nosaka, l'auteur de la nouvelle originale du Tombeau des Lucioles, a écrit un conte qui raconte comment une louve sauve une enfant abandonnée au Mandchôko et lui sert de mère de substitution. Kiku-chan to Ôkami, Kiku et le loup, qui adapte le conte est sorti en 2008.

D'autres histoires poétiques sont carrément des hymnes à la nature, improbable en ces temps de guerre, un drôle de mélange avec une conscience écologique. Par exemple, Chisai Sensuikan ni Koi wo Shita Dekasugiru Kujira no Hanashi met l'accent sur la présence d'une baleine qui donne chaud au coeur à la population locale, alors que les adolescents sont déjà destinés à servir de Kamikaze. Umigame to shonen, Le garçon et la tortue, s'intéresse au sort des tortues venues pondre sur les plages, pendant que les combats font rage.

La narration: Du documentaire à la parodie

Le concept de conte de guerre, teinté d'écologie est relativement récent, depuis les années 2000, dirons-nous. C'est une manière d'aborder le sujet de la guerre par un biais original mais d'autres voies sont possibles.

Natsufuku no Shôjo-tachi, Les filles en habits d'été, de 1998, est une approche très documentaire, avec un panel de séquences d'animation et de témoignage filmés. Les personnages sont imaginés par rapport aux journaux intimes retrouvés et il s'agit en fait d'une reconstitution.

Dans un autre genre, la série Animentary Ketsudan, Animentary la décision, reprend les différentes étapes de la guerre du Pacifique et contrairement à ce qui se fait maintenant, les épisodes décortiquent les  opérations militaires, expliquant les mouvements stratégiques. La série est une antiquité de 1971, produite par le studio Tatsunoko (La bataille des planètes), avec une animation minimaliste. En revanche, si vous connaissez la bataille de Midway ou de la mer de Corail, l'anime vous instruit aussi sur des opérations moins connues, telle que la campagne des Indes Néerlandaises.   

Par ailleurs, plusieurs anime sont inspirés par des romans autobiographiques, notamment des témoignages d'enfants à l'époque. Le récit suit un schéma qui se calque sur les différentes phases connues par la population japonaise. D'abord une première étape qui s'inscrit dans le conflit larvé en Chine, qui parait loin aux yeux de la population japonaise. C'est l'occasion de décrire le quotidien de la famille et la période prospère. Viennent ensuite la déclaration de guerre contre les Etats Unis et la Grande Bretagne et le début des restrictions sévères. La situation se traduit souvent par la mobilisation du père de famille, qui laisse sa femme et ses enfants se débrouiller seuls.

Vous assister aux collectes obligatoires de métaux et autres matières premières récupérables, où les charrettes menées à bout de bras circulent dans les ruelles. Une autre scène répétée à mainte reprise est la cérémonie de départ des hommes valides appelés progressivement tous sous les drapeaux. Les voisins se réunissent autour de l'incorporé en lui lançant des banzai.    

Les récits abordent la période des bombardements intensifs, avec les alertes aériennes, les destructions et les familles séparées, avant d'aborder la tragédie vécue par le ou la protagoniste principal, qui perd tous les siens. Le survivant se retrouve seul, dans un pays en ruine, obligé de trouver le courage pour continuer à vivre. L'un des moments forts est toujours l'annonce de la capitulation du Japon, l'instant qui révèle que les gens sont morts pour des prunes. Il existe heureusement quelques variantes moins noires mais force de constater que les récits véridiques suivent souvent ce chemin de croix.

Les histoires imaginaires se calquent aussi sur ce schéma mais, de manière surprenante, elle se montrent souvent moins dure que les romans autobiographiques, enlevant un poids au spectateur que nous sommes. L'horreur de ces récits est telle que l'atmosphère s'allège quand vous n'avez seulement qu'un disparu dans la famille, à la fin.

Ushiro no Shomen Dâre, Qui se cache derrière?,  raconte les péripéties de la petite Kayoko, encore en primaire en 1940. Il s’agit d’un roman autobiographique à l’origine, transposé en dessin animé en 1991. Le titre fait référence à un jeu d’enfants dont le but est de deviner qui se cache derrière soi.

Enrôlé dans l’armée engagée en Chine, l’oncle de Kayoko n’est déjà plus qu’une photo souvenir. La famille nombreuse est soudée, avec un aîné qui doit déjà apprendre le métier de son père pour assurer la succession, tandis que ses cadets peuvent encore rester dans l’enfance. L’un est un vrai chenapan tandis que l’autre a tout pour devenir avocat ou médecin.

La vie est difficile, avec des maladies qui apparaissent faute d'hygiène, mais le film montre bien le bouleversement survenu à la déclaration de guerre de 1941. Les populations sont mises à contribution pour fournir le maximum de matières premières à la patrie. Les plats en métal, souvenirs heureux de l’abondance d’autrefois, disparaissent dans les amas de ferrailles des collectes, ainsi que les jouets des enfants et les bijoux des grands parents.

Les détails disséminés dans le récit font toujours mouche. Nous retenons notamment la fête de départ de Kayoko, qui quitte la capitale pour aller se réfugier chez de la famille, à la campagne. Avant de partir, elle invite ses amis de l'école à célébrer l’événement chez elle, avant de ne plus pouvoir se voir. Le moment fort est la petite chanson qu’elle veut chanter devant eux mais dès qu’elle entonne les premiers refrains, une remarque fuse parmi ses amis : "N’est-ce pas une chanson qu’il est interdit de chanter maintenant? Notre professeur nous l’a dit".

ushiro

Chocchan Monogatari, L'histoire de Chocchan, est un autre exemple.  Ce film, inspiré de faits réels, a été diffusé en 1996. Cho Kuroyanagi est choriste et se marie avec un musicien, contre l'avis de son père, qui la renie. Le couple s'installe ensemble et bientôt la petite famille s’agrandit. Ils ont déjà 4 enfants quand la guerre éclate, mais déjà pas beaucoup de moyens. Cho doit aller régulièrement porter des affaires au porteur sur gage, pour en retirer quelques yens.

La famille est démunie quand la maladie les frappe de plein fouet, mais ils sont encore ensemble. La situation empire vraiment quand les hommes au-delà de 30 ans sont aussi appelés sous le drapeau et Cho se retrouve seule, avec ses enfants, obligée de s'exiler dans d'autres contrées pour fuir les bombardements mais aussi pour s'assurer un travail et des ressources. Les bombardements n'épargnent aucun site industriel et la jeune femme se retrouve une nuit sous les bombes, protégeant tant bien que mal ses enfants à même le sol. Le cours de survie continue ensuite, où toute la famille manque de périr noyée, mais l'issue à la fin de la guerre, montrée dans ce film, est plutôt heureuse.

Autre récit autobiographique,  O-Hoshisama no RailRail of the star, se déroule en Corée, une contrée annexée par le Japon depuis 1910. Chitose Kobayashi raconte la vie de sa famille,  dont le père est venu pour diriger une usine. Le récit débute encore une fois par une séquence tranche de vie, avec les jeux insouciants des enfants mais déjà quelques détails, qui marquent. La petite fille est sensibilisé aux problèmes de japonnification, qui interdit la langue coréenne et le port de noms coréens par les autochtones. Une nouvelle fois, il est aussi question de maladie.

Pendant la guerre, la famille doit se réfugier dans une grand ville au Nord de la Corée mais leurs conditions de vie se détériorent vraiment que lorsque le Japon capitule. Les troupes soviétiques viennent rapidement occuper leur région et bloquent les frontières. Les japonais pensent profiter d'un rapatriement chez eux, comme cela s'organise dans la zone sud de la Corée, occupée par les américains mais rien ne vient. A force de tergiverser, les issues pour s'enfuir se referment et en parallèle, le parti local confisque les biens des japonais et les parquent dans des bâtisses. Un jour, la famille Kobayashi décide de fuir vers le Sud, quitte à y aller à pied.

Le film aborde un thème moins trivial, le rapatriement des populations installées dans les colonies depuis longtemps, ici la Corée mais cela a aussi été le cas pour Taiwan, par exemple. L'ironie du destin est que les Kobayashi et leurs voisins japonais devront leur salut à un coréen, qui prendra un énorme risque pour eux et qui avait toutes les raisons du monde de leur en vouloir, après ce qu'il a vécu.

Ecchan no Sensô traite  un problème similaire, via la témoignage d'Etsuko Kishikawa, qui avait 7 ans en 1945. Sa famille était à Harbin, la capitale de la Mandchourie, où le père avait une situation et où ils ont peu souffert de la guerre, jusqu'à l'invasion et l'occupation soviétique qui précipite la défaite du Japon. L'anime suit le rapatriement mouvementé de la petite fille.

Aoi Kioku - Manmô Kaitaku to Shônen-tachi relate les mêmes événements de Mandchourie, sous un autre angle. Le film de 1993 met en scène un groupe de jeunes garçons, Kenji, Yusuke et Junpei, tous originaires de Kyota, qui se sont portés volontaires pour grossir les rangs des colons en Mandchourie. Leur camp est au nord du pays, tout près de la frontière soviétique. Ils vivent durement, en suivant un entrainement strict même pendant l'hiver. Bon gré mal gré, la vie s'écoule paisiblement jusqu'au 9 août 1945, date de la destruction de l'armée du Guandong par une offensive de l'Armée rouge lors de la bataille de Mandchourie.  Le 15 août, le Japon capitule et les états fantoches du Mandchoukouo  et du Mengjiang disparaissent, mais pour les garçons encore sur place, un long voyage se profile pour pouvoir rentrer au pays.

aoi kioku

Après le documentaire et le témoignage de guerre, fiction ou pas, une autre approche est la science fiction, avec des glissements temporelles dans le passé. Toki no Tabibito - Time Stranger est un classique connu, où le protagoniste principal, Agino Jiro, provient du futur et fait une escale forcée à notre époque, avant de repartir sur le théâtre de la Seconde Guerre Mondiale, après avoir entraîné quelques personnes dans son périple, avec lui. Le passage en 1945 est éphémère et l'essentiel se déroule à l'époque des samouraï mais c'est déjà un exemple.

Ayaka Nakanishi, l'héroïne de Futatsu no Kurumi, Les Deux Noix, vit en fait à notre période, sans trop se préoccuper des monuments aux morts et se retrouve aussi propulsée en 1945, tout en conservant une liaison téléphonique avec une de ses amies. La situation est incongrue mais cela permet de faire facilement la liaison entre le présent et le passé. C'est d'ailleurs un artifice aussi utilisé dans Tsuru ni Notte Tomoko no Bôken, l'Oiseau bonheur, à mi-chemin entre le voyage dans le temps et le rêve.

Dans Junod, le parcours des deux jeunes collégiennes copie le schéma narratif de l'Oiseau bonheur, en commençant par une visite d'Hiroshima, avant de projeter leur âme dans le passé. Elles n'interviennent pas mais elles assistes aux événements, en spectatrices invisibles.

Pour Zipang, la configuration est différente. L'auteur du manga original  Kaiji Kawaguchi a imaginé un scénario sur le modèle du film Nimitz, retour vers l'enfer, avec le Mirai, un destroyer dernier cri de la marine japonaise, qui est pris dans un phénomène électromagnétique, qui l'envoie en 1942, sur les lieux de la bataille de Midway.

La série de 26 épisodes reprend seulement une partie du manga, qui n'était pas encore fini en 2004. Les scènes sont autant de rappels sur les événements passés et les soldats du 21ème siècle ont la chance de croiser la route des grands acteurs historiques de l'époque, militaires ou politiques. Vous revivez ainsi les détails de la bataille navale de Savo, qui aurait pu sonner le glas de la prise de Guadalcanal par les Alliés, ou vous apprenez tout simplement que les îles Truk constituaient une base importante de la Marine impériale japonaise.

Zipang est instructif sur la situation du Japon de l'époque, au moins militairement, mais reste une oeuvre de fiction. Contrairement au Nimitz, qui n'a pas d'incidence sur les événements de Pearl Harbor, le Mirai se fait remarquer de plus en plus, même si le cour de la guerre semble encore stable dans l'anime.

Dans ses romans, Yoshinori Hirose est allé directement au but et a réécrit l'histoire de la Guerre du Pacifique, avec l'Amiral Isoroku Yamamoto en train de mener le Japon à la victoire. Le développement est pour le moins osé et a fait l'objet d'une adaptation en anime, Konpeki no Kantai a.k.a. Deep Blue Fleet, soit 32 OAVs sorties entre 1993 à 2003. Dans la même veine, toujours inspiré par le même romancier, sont parus les 15 épisodes de Kyokujitsu no Kantaila Flotte du Soleil Levant, entre 1997 et 2002.

Hetalia Axis Powers présente une vision plus radicale, en personnifiant les pays, avec chacun leur caractère. Les épisodes font chacun 5 minutes et sont une suite de sketches plutôt réussis, qui souligne les oppositions et les amitiés entre les différentes puissances. La série humoristique couvre la période à la sortie de la Première Guerre Mondiale mais avec la progression du nombre d'épisodes traite aussi de la Second Guerre Mondiale.

L'image des pays est loin d'être à leurs avantages, avec des personnages androgynes, et celui de la Corée a fait suffisamment scandale – alors qu'il n'existe que dans le manga original - pour interrompre la diffusion de l'anime sur la chaîne Kids Station. Les scènes sont prises à la légère, insufflant à un personnage le soucis de peindre sa maison en rose, en plein pourparlers. D'un autre côté, la parodie souligne quelques réalités, comme par exemple, la Grande Bretagne qui dit au revoir au petit américain et lorsqu'elle revient peu de temp après, se retrouve face à un adulte. La série plaît et fait la couverture des magazines spécialisés, tel que le mensuel Animage, une couverture généralement réservée à des titres vendeurs tels que Gundam, Fullmetal Alchemist ou encore K-ON, en ce moment.

Hetalia Axis Powers en couverture d'Animage

Seiji Arihara, un acteur incontournable du genre

Traiter des anime racontant la 2ème Guerre Mondiale conduit inéluctablement à citer Seiji Arihara. Qui est donc Seiji Arihara? Il s’agit d’un réalisateur japonais, qui a dirigé plusieurs moyens et longs métrages qui abordent le sujet. Du coup, tout le monde lui a collé une étiquette de spécialistes du domaine.

Le paradoxe de Seiji Arihara est qu’il espère toujours faire autre chose que des anime sur la guerre et la paix, mais on lui confie peu de projets de dessins animés  de l'ordre du divertissement, après qu'il ait failli s’enfermer dans la production récurrentes des aventures de Doraemon.  

En France, le travail le plus célèbre de Seiji Arihara est l’Oiseau Bonheur, un projet sur la bombe atomique d'Hiroshima, initié par Miho Cibot Shimma, une japonaise mariée à un français et qui a vécu en France plus de 30 ans. Le studio Mushi Production a investi la moitié de la mise de départ pour finalement sortir le film en 1993.

Sa sortie en France a été l’occasion d’avoir des entretiens avec le réalisateur Seiji Arihara, dont le premier travail remarqué a été Hi ni Ame ga Furu - Il pleut des flammes - en 1988. Le film relate la vie d’une famille de la ville de Fukuoka, sujette à un bombardement massif par des B-29 américains. Nous y trouvons des enfants joyeux et insouciants avant qu’ils ne soient confrontés à l’horreur.

En 1991, il enchaîne avec Ushiro no Shomen Dâre, Qui reste-t-il derrière? que nous avons déjà cité.

Il dirige aussi Raiyantsuuri no Uta, la chanson de Liang Chu Li, en 1994, un film remarqué car c'est un témoignage sur l'occupation de la Chine par le Japon et du traitement infligé aux prisonniers de guerre.  

Six ans après, en 2002, il réalise Ecchan no Sensô, l'histoire du rapatriement d'Etsuko Kishikawa, depuis la Mandchourie.

En 2005, il s’occupe de Nagasaki 1945 Angelus no Kane, l’adaptation du témoignage d’un médecin, qui a vécu le bombardement atomique de Nagasaki. La production du film marque les 60 ans de la bombe atomique.

ecchan

Keiji Nakazawa, le mangaka témoin

Il est aussi difficile d'éluder le nom de Keiji Nakazawa, l'auteur du célèbre manga Gen d'Hiroshima.   Nous reviendrons sur l'adaptation en dessin animé de Gen et le présent dossier traite avant tout des anime, en laissant de côté les mangas.

Keiji Nakazawa a perdu ses parents, son petit frère et deux soeurs à cause de la bombe atomique d'Hiroshima, que ce soit le jour même ou suite aux répercussions radioactives.  Il a retranscrit son témoignage personnel dans Ore wa Mita, Je l'ai vu, ses oeuvres suivantes sur la bombe restant fortement imprégnées mais de l'ordre de la fiction.

Outre GenKeiji Nakazawa est l'auteur de Kuro ga Ita Natsu, un été avec Kuro, déjà mentionné dans ce dossier, et surtout de Kuroi Ame ni Utarete, Sous la pluie noire, dont il a porté le projet d'adaptation en anime en 1984. Son réalisateur est Takeshi Shirato, qui a maintenant à son actif des films de Gegege no Kitarô, Odin, les séries de Kinnikuman ou encore le film Lupin III - Adieu , Nostradamus.

Les contes de guerre du studio Shinei Dôga

Les productions les plus connues du studio Shinei Dôga sont Doraemon et Crayon Shinchan, qui, outre des séries qui battent des records de longévité, ont régulièrement un nouveau film chaque année, et ce, depuis des décennies!

Dans ce contexte, il est étonnant de retrouver le nom du studio parmi les pourvoyeurs de films sur la Deuxième Guerre Mondiale. Si vous faîtes vos comptes depuis les années 80, les deux studios prolifiques dans le domaine sont Mushi Production, qui travaille avec Seiji Arihara, mais aussi Madhouse.

Pour Shinei Dôga, le travail commence en 2002 avec le lancement des Sensô Dôwa, les contes de guerre, à raison d'un téléfilm par an, qui est diffusé au mois d'août sur les chaînes de télévision japonaise, souvent le 15 août, date anniversaire de la capitulation du Japon. Le dessin des personnages en fait un film pour enfant, avec une animation moyenne, mais les thèmes sont abordés avec gravité, où la mort est toujours présente. Le côté expéditif, voir parfois caricatural de certaines disparitions, rendent l'atmosphère moins pesante que bon nombre d'anime réalistes.

Umigame

La première histoire est Umigame to shonen, le garçon et la Tortue en 2002, déjà mentionné avant, sous couvert de fable semi écologique.

Le deuxième téléfilm est Tako ni Natta Okaa-san, Maman était un cerf-volant, en 2003. Le récit se déroule à Kobe, en narrant les efforts d'une mère pour subvenir au besoin de son enfant en nourriture ou en vêtements, en jouant la carte de la débrouille. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent cependant, jusqu'au bombardement massif de la ville, réduite en cendre, où la mère courage joue son dernier rôle.

Le téléfilm de 2004 avec son titre à rallonge, Chisai Sensuikan ni Koi wo Shita Dekasugiru Kujira no Hanashi, est l'histoire d'apprentis kamikaze, de baleine et de sous-marin.

En 2005, Boku no Bokugo, mon abri anti-aérien, relève du fantastique. Yusuke Kasamatsu se souvient de son père qui a commencé à construire l'abri de la maison mais qui n'a pas pu le terminer complètement, avant qu'il ne soit appelé sur le front. Depuis, le père n'a jamais refait surface mais en allant se réfugier dans l'abri, Yusuke a la surprise de pouvoir voir ce que fait son père et où il est pendant les combats. Un jour, la famille reçoit l'avis de décès tant redouté.

Shu Yakeato no, Okashi no Ki, brûle arbre en sucre, est le téléfilm de 2006. Le sujet est toujours autour des bombardements et des villes en feux. Le dénouement est encore plus tragique que dans les autres téléfilms.

Futatsu no Kurumi, Les DeuxNoix, en 2007, passe par un voyage dans le temps et traite non seulement des animaux domestiques pourchassés mais surtout du grand bombardement de Tokyo en mars 1945.

Kiku-chan to Ôkami, Kiku et le loup, est à nouveau une fable avec un animal et est donc le conte de guerre de 2008.

Enfin, le téléfilm de 2009 est Aoi Hitomi no Onna no Ko no Ohanashi, l'Histoire de la petite fille aux yeux bleus. Dans un petit village au Sud du Japon, l'arrivée d'Eiko met la population en émoi. La petite fille a les yeux bleus et elle est la fille d'un américains. Avec toutes les horreurs qui circulent sur les soi-disantes atrocités occidentales, tout le monde rejette et brime Eiko, mêmes les adultes. Un garçon, Kenta, est différent des autres et s'intéresse à sa camarade, qui l'intrigue, plus qu'autre chose. Ils finissent par tisser des liens entre eux mais l'antiaméricanisme primaire s'accentue au village, avec les annonces successives des décès des hommes partis à la guerre.

Le bombardement de Tokyo, le 10 mars 1945

Quelques événements ressortent particulièrement de l'ensemble des anime de guerre, et sont le sujet principal de plusieurs d'entre eux. Vous avez les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, mais aussi le bombardement de Tokyo le 10 mars 1945 et la bataille d'Okinawa.

Le 10 mars 1945, peu après minuit, plus de 300 bombardiers B-29 ont commencé à larguer un demi millions de bombes incendiaires sur des quartiers repérés. Ce soir là, la météo est idéale avec des vents pour attiser les flammes sur des habitations de toute manière en bois, et les avions procèdent en ordre en déversant d'abord leurs bombes en cercles pour isoler les quartiers. Vient ensuite le coup de grâce, où les charges sont expédiées au centre des marques, sur des populations prises au piège. Dans ces conditions, le bombardement a été particulièrement meurtrier et le nombre de victimes est estimé à plus de 100 000.

Dans  Toki no Tabibito - Time Stranger, les protagonistes débarquent de leur camionnette spatio-temporelle au moment du bombardement sur les contreforts de la ville mais le professeur avec les jeunes gens fait juste une remarque pour expliquer quel événements ils vivent, avant de devoir eux aussi échapper aux flammes et quitter l'époque.

Ushiro no Shomen Dâre, Qui reste-t-il derrière? traite le sujet plus en frontal car le bombardement est la cause de la disparition de la famille de Kayoko, l'héroïne. Cependant, la jeune fille, envoyée chez sa tante, ne vit pas l'événement en direct et elle assiste, impuissante, au déluge de feu, dont elle peut juste apercevoir les lueurs d'où elle est. Sa famille à Tôkyô comportait ses parents, sa grand-mère et ses 4 frères. Seul Kisaburô, l'un de ses frères, a survécu à la tragédie et le récit qu'il en fait ensuite à sa soeur montre à quel point la vie ne tient parfois qu'à un fil.

En 2005, la vie de Kayoko Ebina est à nouveau adaptée en anime, intitulé Ashita Genki ni naare, Demain il fera beau, à l'occasion des 60 ans de la fin du conflit. Le film s'inspire plus fidèlement des  mémoires de l'auteur, Une moitié de patate douce. Les paroles du générique de fin sont signées par  Kayoko Ebina en personne. Le récit reprend le drame principale mais s'intéresse surtout à la vie de la jeune fille, après la capitulation du Japon, alors que le film de Seiji Arihara détaillait plutôt la période avant et pendant la guerre.

Ashita Genki

Garasu no Usagi, le Lapin de Verre, est un autre film sorti en 2005 avec la vague de commémoration du 60ème anniversaire de la fin de la guerre. L'anime est une adaptation du livre éponyme de Toshiko Takagi. L'écrivaine s'est inspirée de ce qu'elle vécue pour composer cet ouvrage pour enfant, vendu à plus de 2 millions d'exemplaires. Elle se met en scène, en revivant les épisodes de la guerre, alors que sa famille tenait une verrerie. Nous assistons à l'euphorie après Pearl Harbor puis au départ des ses frères à la guerre, avant de suivre de plus en plus de déconvenues.

Dans le bombardement de Tokyo, la jeune fille perd sa mère et ses deux petites soeurs, mais aussi son père, pendant un autre raid. Le lapin de verre, retrouvé sur les ruines de sa maison devient le symbole de sa lutte pour survivre et croire en des lendemains meilleurs.

Le récit revient en partie sur le déroulement du bombardement de Tôkyô, avec des abris antiaériens inutiles devant des incendies, des abris que les gens finissent par quitter. Les canaux se révèlent des endroits loin d'être suffisants pour être en sécurité, devant la puissance des flammes.

Futatsu no Kurumi, Les Deux Noix, présente aussi des détails sur le bombardement et l'héroïne venue de notre époque, se retrouve à courir au milieu des rues, en compagnie de la famille qui l'a recueillie mais qui se retrouve prise au piège. Alors que la foule se dirige vers les canaux, elle sait qu'ils ne doivent pas y aller, mais se réfugier au contraire au  temple Hôrinji, miraculeusement épargné par le brasier.

La bataille d'Okinawa

En 1945, les îles Okinawa sont le dernier rempart avant l'invasion des îles principales du Japon. Dans ce contexte, les japonais préparent des défenses en y plaçant une armée forte de 120 000 hommes. Du côté des Alliés, l'opération de débarquement est l'assaut le plus important de la Guerre du Pacifique avec plus d'un millier de navires engagés. La bataille durera 3 mois, anéantie complètement l'armée japonaise placée à Okinawa et emporte avec elle une bonne partie de la population civile.

Shirahata no Shôjo Ryûko, la fille au drapeau blanc remonte à 1988 et s'inspire des écrits d'Arakawa Akira. L'épisode final est véridique avec la jeune fille prise en photo par un américain à la fin du conflit mais l'auteur en fait une version fictive qui laisse penser que les militaires qui voulaient se rendre, l'ont utilisée comme bouclier.

En fait, la véritable petite fille, Tomiko Higa, se fera connaître et écrira son témoignage, recourant juste aux archives pour situer les événements qu'elle a vécus. Sa version a été adaptée en manga par Miyauchi Saya, toujours sous le titre éponyme de Shirahata no Shôjo.

Dans l'une ou l'autre des versions, les civils sont doublement victimes, non seulement des raids des avions américains, mais aussi des exactions des soldats de leur propre pays, qui les percevaient plus comme une gêne qu'autre chose. Tomiko Higa raconte d'ailleurs qu'elle allait se réfugier auprès des soldats japonais...morts pour pouvoir récupérer leurs rations et survivre plus longtemps.

girl with white flag

Tsushimamaru Goodbye, Okinawa exploite un autre épisode atroce, qui s'est produit bien avant que les américains débarquent sur les îles. Le 22 août 1944, le sous-marin USS Bowfin prend en chasse un convoi et coule le cargo Tsushima Maru, sur son trajet vers Kagoshima. En fait, le navire évacuait près de 1 500 civils d'Okinawa, dont plus de 700 écoliers. Seuls une soixantaine d'enfants ont survécu au naufrage.

Le style des dessins est à nouveau simple voir naïf mais le film de 1982, produit par les familles des survivants reprend la chronologie de manière très réaliste.

Avec Kankara Sanshin, produit par le Groupe Tac en 1989, nous avons une histoire un peu moins triste. Le récit reprend les épreuves subie par la population d'Okinawa, avec des soldats fanatiques qui préfèrent se suicider, plutôt que se rendre. Après la bataille, il ne reste aucune ressource et  les survivants dépendent de leurs vainqueurs pour l'approvisionnement.
 
Il leur reste cependant leur culture, notamment la musique, les chants et les danses traditionnels pour leur donner un peu de baume au coeur, alors qu'il doivent vivre au jour le jour. Pour la musique, un problème pratique se pose. Avec la guerre, les sanshin, les instruments à corde traditionnel des îles, ont été détruits et sont encore introuvables. Qu'à cela tienne, les boites de conserves récupérées font des socles acceptables pour former un nouveau type d'instrument, les kankara sanshin.

Kankara senshin

La bombe atomique d'Hiroshima

Dans une entrevue, Miho Cibot Shimma raconte la genèse de l'Oiseau Bonheur, pourquoi elle a voulu produire un dessin animé à propos la bombe atomique d’Hiroshima et la référence à Sadako Sasaki, la jeune victime d’une leucémie, suite au bombardement, et désormais liée à la légende des 1000 grues. L’initiatrice du projet cherchait un matériel pédagogique sous la forme d’un anime et à l’époque, elle n’en a trouvé aucun, même au Japon, qui soit montrable à de jeunes enfants.

L’Oiseau Bonheur s’appuie sur le personnage de Tomoko, une petite fille, qui visite le mémorial d’Hiroshima consacré à la bombe atomique, pour pouvoir faire son exposé. Sur place, nous la suivons effectuer sa visite et voir les vestiges récoltés sur place après l’explosion et conservés dans le musée. A mi chemin du fantastique et de l’imaginaire de Tomoko, les corps et les visages des personnes qui utilisaient les objets exposés apparaissent  dans les vitrines. A partir d’une ombre laissée sur une marche, vient se superposer la personne qui était assise là, avant qu’elle ne soit purement effacée par la bombe.

En sortant du musée, Tomoko voit la statue de Sadako Sasaki prendre vie et la convie à faire la course comme avec toute autre petite fille. Elle est emportée dans les airs sur une grue géante, mais aussi dans les affres du passée, où elle revit l’explosion atomique.

Purement pédagogique et grand public, l’anime reste très prude sur le détail des atrocités et ne vous attendez pas non plus à une histoire complète mais plutôt à suivre un périple construit au fil de l’eau, pendant une demi heure.

Oiseau Bonheur

L'Oiseau bonheur n'est pas le seul à faire une référence au musée d'Hiroshima. Matsu Kurona wo Bentô, un autre moyen métrage de 50 minutes, relate le témoignage associé à un bentô conservé au musée. De même Natsufuku no Shôjo-tachi, Les filles en habits d'été, s'appuie aussi sur les lambeaux des vêtements des victimes, même si l'anime les fait revivre via leur journaux intimes. Au moment de disparaître, les lycéennes déblayaient les décombres dans un des rares quartiers de la ville victime de bombardements.  

Citons également Hiroshima ni Ichiban Densha ga Hashitta, Un soir d'été tragique à Hiroshima, un épisode spécial de 30 minutes produit par Madhouse pour la NHK, diffusé le 6 août 1993, pour le 47ème anniversaire de la bombe.

Le film référence reste cependant Hadashi no Gen, Gen d'Hiroshima, adapté du manga dessiné par Keiji Nakazawa. L'anime commence par montrer le quotidien de la famille de Gen, une famille qui comprend encore un père, dont le travail de fortune consiste à préparer des geta, des sandales japonaises. Seiji Nakazawa présente un père lucide sur l'issue de la guerre et en fait même un opposant.

Le scénario énumère les différents événements méthodiquement, notamment les raids aériens sans conséquence et l'étonnement d'être épargnés alors que les villes voisines ont été réduites en cendre. Pour l'explosion de la bombe elle-même, les autres anime jettent souvent un voile pudique dessus en se limitant à un éclair, ou bien ils se focalisent sur les énormes effets de souffle. Dans Gen, les effets sont montrés de manière très crues et les scènes sont parmi les plus dures de toute l'animation japonaise.

L'extrait a déjà été diffusé en France - au moins sur la chaîne ARTE - au moment d'anniversaires sur la bombe d'Hiroshima. Autant dire, que ceux qui étaient devant la chaîne ce soir-là, s'en sont souvenus. Les victimes sont dépecées, carbonisées et ont le temps de le sentir. La chaleur et les rayonnements les transpercent, avant que le souffle ne détruise tout et que le nuage champignon ne s'élève dans les airs.

Le récit poursuit après son tableau apocalyptique, avec le jeune Gen comme témoin privilégié: D'abord, les colonnes de morts-vivants qui circulent dans les rues, puis ensuite le feu qui ravage la ville et tue les survivants coincés sous les décombres.  Le soir vient finalement, avec la pluie noire qui fait revenir vers le sol les cendres et les débris propulsés dans l'atmosphère et toute la radioactivité avec.

Cette pluie apporte la mort à petit feu avec elle. Seiji Nakazawa en a fait le titre de son premier manga sur le sujet en 1966, Kuroi Ame ni Utarete, Sous la pluie noire. L'auteur y imagine la vie de jeunes gens ayant survécu au désastre, qui vivent du marché noir et continuent leur combat.

Dans Gen, le jeune garçon s'évertue à trouver comment survivre et s'aperçoit des retombées de la bombe sur les soldats venus nettoyer les lieux. Inconscients des dangers de la réactivités, ils viennent grossir le nombre de victimes. La suite de Gen d'Hiroshima, le film Gen 2, produit en 1986,  se situe en 1948 mais la population d'Hiroshima vit encore dans la précarité. La ville ressemble encore à un vaste bidonville, où les cours ont lieu dans des bâtiments en ruine. Trois ans après Pika-Don, le fond des rivières regorge encore des ossements.  

Le récit mentionne le marché noir et les orphelins abonnés mais aussi le ressentiment contenu contre les américains présents sur place. Il suit aussi la mort à petit feu de la mère de Gen, qui continue jusqu'au bout à se battre pour assurer un minimum de revenus à son fils.

Gen

Junod est un long métrage de 2010 et s'intéresse à un 3ème combattant, le docteur Marcel Junod, qui est le premier médecin étranger à se rendre sur place le 8 septembre 1945, avec surtout 15 tonnes de médicaments et du plasma sanguin.

Le film part de la visite d'Hiroshima mais il s'intéresse à toute la carrière du docteur suisse, qui a été sur plusieurs théâtres de conflits: Addis Abeba prise par les italiens, la guerre d'Espagne, la Pologne occupée. Représentant de la Croix Rouge, il sillonne l'Europe, tentant de négocier des concessions humanitaires aussi bien avec l'Allemagne qu'avec l'URSS. Dans ses mémoires, son arrivée à Hiroshima reste l'épreuve la plus traumatisante.

L'anime reflète cependant quelques imprécisions malheureuses, ne serait-ce qu'en se référant à une carte pour souligner l'opposition entre l'Allemagne et la France, une carte avec les frontières des pays d'aujourd'hui, au lieu de prendre celles de l'entre deux guerres. Son réalisateur est Shinichiro Kimura, originaire d'Hiroshima, et plus habitué à des titres commerciaux. Il a réalisé par exemple les séries Hand Maid May, Karin ou encore Sleeping with Hinako.

La bombe atomique de Nagasaki

Si Hiroshima est plus souvent cité, il existe aussi des anime spécifiques sur la bombe de Nagasaki, la ville chrétienne du Japon.

Dans Nagasaki 1945 Angelus no Kane, Les cloches de l’angélus, nous  suivons le calvaire du docteur Tatsuichiro Akizuki, qui n'avait pas encore 30 ans à l'époque. L’hôpital Urakami Dai-Ichi se situe à environs 1 kilomètre de la grande cathédrale Urakami et est sensé soigner des tuberculeux. S'il y a effectivement 70 patients, il n'y plus aucun médicaments particulier contre la tuberculose mais l'ensemble de l'hôpital jouit d'un régime alimentaire bien meilleur que l'ordinaire. D'ailleurs, un autre docteur, Shuntarô Hida, témoigne que les haut gradés militaires faisaient en sorte de dormir dans un hôpital, où il avaient à manger, plutôt que dans un hôtel, où il n'y avait plus rien.

Le 9 août 1945, la bombe éclate sur Nagasaki, à 1,5 kilomètre à peine de l'hopitâl. Les étages et tout l'intérieur sont soufflés mais le bâtiment reste encore debout et par miracle, le docteur Akizuki s'en sort indemne. En revanche, les flammes ravagent l'ensemble et tout le monde doit évacuer comme il le peut à l'extérieur.  Les survivants de l'équipe médicale essaient de soigner les victimes, qui proviennent de la ville, notamment ceux transpercés par les éclats de verre. Sans instruments, ni aucun médicament ou compresse, les chances de faire quelque chose d'utile sont très minces.

L'anime revient aussi sur les scènes qui se déroulent dans la ville, à l'image du témoignage de Gen d'Hiroshima. Ensuite, il est plus question des actions du docteur Akizuki, qui s'occupe de l’hôpital de fortune, installé sur les ruines de l'Urakami Dai-Ichi. Les premiers jours passent mais le médecin n'a aucun traitement à sa disposition et manque de tout. Il constatera cependant que la seule présence d'un docteur auprès d'un malade suffit au moins à apaiser ses souffrances.

Il est ensuite confronté au mal mystérieux des radiations, totalement inconnues à l'époque. Alors qu'il pensait certaines personnes sortis d'affaire au bout de 2 ou 3 jours, en constatant des brûlures bénignes, il s’aperçoit que leur condition physique se détériore brusquement au bout d'une semaine et qu'elles meurent. Il voit bien aussi que des patients qui ne présentaient aucune blessure apparentes présentent les mêmes symptômes. Il ne peut que constater le mal et soupçonner une dysenterie ou une péliose hépatique.

Comme si cela ne suffisait pas, quelques temps après, ils doivent aussi faire face à un typhon. A Hiroshima, le typhon de septembre 1945 provoquera 3 000 morts de plus dans une ville encore démunie. Dans Angelus no Kane, devant la violence des vents, le médecin doit faire évacuer les grands brûlés de l'étage mais ils ne sont pas transportables et hurlent de douleur quand quelqu'un les touche. Le docteur finit par les exhorter pour qu'ils se déplacent eux-même et de agripper à leur vie et de garder un espoir. Le titre du film fait allusion à un jour meilleur, où les cloches de la cathédrale retentiront à nouveau.

Nagasaki Bells

Zeno - Kagiri Naki Ai Ni est un hommage à frère Zeno, un moine polonais établi à Nagasaki et qui  a survécu au bombardement. Il se démène pour tenter de sauver des gens mais son oeuvre est la création de l'orphelinat Mugenzai no Sono en 1946. Grâce à ses connexions, il parvient à faire revivre une revue en réunissant le matériel nécessaire alors que la pays manque encore de tout. Il poursuit son oeuvre charitable avec la construction d'un nouvel orphelinat, donnant chaque jour plus d'ampleur à son mouvement, jusqu'à la surprise d'avoir la visite de l'Empereur du Japon dans un des orphelinat et par la même occasion, un fantastique relai médiatique. L'anime date de 1999.

Et après?

Les anime sont seulement une petite facette de l'évocation de la Seconde Guerre Mondiale, traitée par ailleurs dans tous les domaines artistiques japonais, notamment dans les films live et la littérature. Si vous vous intéressez à la bombe atomique, passé un certain âge, vous serez dirigés plus facilement vers les différents livres sortis sur le sujet, que sur un dessin animé ou un manga.

Du panel d'anime listés dans ce dossier, il est indéniable qu'ils portent en clair le message antimilitariste du "Plus jamais ça". Dans le lot de ce que nous avons pu visionner, seul le deuxième film de Gen d'Hiroshima porte un regard acerbe sur les américains. Dans Glass no Usagi, Kayoko se jure de venger les siens mais elle voit à quel point une telle pensée est absurde, quand elle rencontre un soldat américain pour la première fois, après la fin de la guerre. Gen, lui, conserve un ressentiment contre ceux qui ont lâché pika-don, et il est choqué par le traitement infligé aux restes des victimes, enterrées au bulldozer, sans aucune cérémonie funéraire, nécessaire au repos de leur âme.

Le ressentiment, nous en sentons en revanche une parcelle, en consultant des interviews des auteurs des films, qui fustigent notamment la gestion des victimes de la bombe par les forces américaines. De victimes, elles sont devenues cobayes et des sujets libres à autopsier pour découvrir les effets des radiations, au seul profit des Etats Unis. Au Japon les recherches ont été interdites jusqu'en 1952, sans parler du blackout qui a couru pendant des années, murant dans le silence les témoins du drame.

A contrario, quand vous abordez le sujet, des occidentaux fustigent la victimisation du Japon, depuis le largage des bombes atomiques. Quid du traitement inhumain des prisonniers de guerre?  Quid des massacres de Nankin et dans toute la Chine, en général? Quid de l'unité 731? La question est toujours épineuse dans son ensemble et le débat n'est toujours pas apaisé. Vous tournez autour d'échanges tels que "Ce n'est pas parce que nous ne nous sommes pas excusés, que vous ne pouvez pas vous excuser avant".

Un anime comme Raiyantsuuri no Uta, la chanson de Liang Chu Li, va dans le sens de la reconnaissance de ces événements mais que penser du principe de  Konpeki no Kantai et  Kyokujitsu no Kantai, qui réécrivent l'histoire? Zipang est très nuancé, avec l'idée d'imposer la paix, de s'opposer au fanatisme et de sauver le maximum de vies quel que soit leur bord. En revanche, les blessures du passé ressurgissent dans les dialogues, à mi-mots, notamment l'humiliation de la capitulation.

Zipang

Le manga avait fait parler de lui jusqu'à chez nous, avec le succès commercial de Shin gomanisumu sengein, Manifeste pour un nouvel progueillisme, de Yoshinori Kobayashi. Le mangaka rejette directement les crimes reprochés au Japon et défend surtout la thèse de libération de l'Asie, faisant preuve d'une amnésie sélective, propre à la droite japonaise qui réfute une vision culpabilisante de la guerre.

Après il faut éviter de diaboliser le support du manga sur ce sujet. Il sert aussi bien pour les messages antimilitariste et un bel exemple est le cas de Mizuki Shigeru. Le mangaka est le célèbre auteur de Gegege no Kitarô et une encyclopédie universelle en ce qui concerne les Yokaï et le folklore japonais. Ce que vous savez peut-être moins est qu'il a été un soldat et qu'il a perdu un bras en Nouvelle Guinée. Il doit son salut aux indigènes, qui l'ont soigné, alors qu'en parallèle leurs chefs - au pluriel - se faisaient  décapiter par les japonais pour manque de coopération.

Autant dire que le mangaka est un témoin lucide, qui n'hésite pas à dénoncer les débordements des soldats japonais dans ses histoires de guerre. L'homme a une stature beaucoup plus importante que les essayistes révisionnistes. Au Japon, dans sa ville natale, un musée lui est consacré et des sculptures à l'effigie de ses personnages bordent une rue à son nom.

A ce stade, le débat dépasse largement le domaine des anime manga et plus que le succès d'un manga révisionniste, il est sans doute plus inquiétant d'avoir eu Junichirô Koizumi, premier ministre japonais, rendre hommage le 15 août 2006 aux 14 grands criminels de guerre qui reposent à Yasukuni. Koizumi a aussi prôné une diplomatie décomplexée vis-à-vis des voisins asiatiques, la Chine et les 2 Corées, avec son ministre des affaires étrangères, Tarô Asô, qui endosse son costume de faucon et accumule les déclarations fracassantes teintées de nationalisme.

Après Koizumi, le parti libéral-démocrate conserve le pouvoir mais les dérapages révisionnistes la desservent. En 2008, Toshio Tamogami, le chef d'état major des forces aériennes est obligé de démissionner, après avoir réfuté dans un livre que le Japon ait été l'initiateur des conflits, que ce soit contre la Chine ou les Etats-Unis.

Aux élections de 2009, le pouvoir passe au parti démocrate du Japon, qui prend une attitude à 180 degrés en ce qui concerne la responsabilité du Japon lors de la Deuxième Guerre Mondiale: Rapprochement avec la Corée et la Chine, en dénonçant les propos révisionnistes de Tamogami, remise sur le tapis des exactions de l'armée impériale pendant la bataille Okinawa, et rencontre avec les représentantes des femmes de réconfort pour aborder la question des compensations et des excuses officielles.

Les aléas politiques laissent toujours planer des doutes sur l'avancée des discussions et la volonté d'aborder certains sujets brûlant, telle que la présence américaine héritée de la Grande Guerre puis maintenue par la Guerre Froide. Nous pouvons supposer que l'avancée actuelle sera propice pour traiter dans le cinéma de nouveaux sujets, encore relativement tabous au Japon et que le format en anime continuera a être utilisé pour véhiculer le message aux jeunes générations.  
 

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