Animint

  Anime & manga

 
 
“Un podcast de mai 2006”

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Transcription

Bonjour, c’est Pazu pour un nouveau rendez vous anime manga à l’occasion des dix ans du site Animint. L’émission d’aujourd’hui sera une petite rétrospective sur ces dix années, de 1996 à 2006. J’aborderai plusieurs facettes de la japanimation pendant cette période, que ce soit les sorties des longs métrages, les séries télévisées marquantes, le paysage internet ou encore les principales conventions.

Avant cela, je reviens en quelques mots sur la naissance d’Animint. Il n’est pas apparu, venu de nulle part en mai 1996. Il est en fait la synthèse de deux sites web francophones qui existaient depuis plus de deux ans : D’abord le site de Lum qui était consacré à Urusei Yatsura, autrement dit Lamu, le manga dessiné par Rumiko Takahashi. Le site était hébergé à l’université d’Orléans, où Lum faisait ses études. Il abordait bien d’autres thèmes et proposait un référencement des dessins animés passés en France avec de nombreuses listes d’épisodes ou les génériques. Le contenu de cette partie est d’ailleurs à l’origine de la base encyclopédique actuelle. Les pages de Lum comportaient également des rubriques sur l’Internet tels que des conseils pour effectuer ses achats sur la toile, ainsi qu’une version web de la Foire aux questions du newsgroup fr.rec.anime. Je parlerai de ce newsgroup un peu plus tard mais ces rubriques ont également été transférées sur Animint.

Le second site est ma page personnelle d’élève ingénieur à l’Institut National des Télécommunications, avec une partie qui recensait les manifestations liées à la japanimation en France, ainsi qu’une autre grosse rubrique de critiques sur les anime, qui ont donc été les premières critiques à apparaître dans la partie actuelles des dossiers.

Après son cursus à Orléans, Lum a intégré l’INT et le problème s’est posé pour l’hébergement de son site en 1996. Contrairement à aujourd’hui, il n’était pas évident de trouver un espace web conséquent à bas prix. C’est naturellement qu’il s’est dirigé vers la solution de transférer ses pages sur le serveur des élèves de l’INT, où était déjà mon site entre autres. Etant donnée la volumétrie de ses fichiers, il ne pouvait pas tout transférer et devait revoir ses pages. Il a proposé alors en mars 1996 que nous effectuions une fusion de nos deux sites web. L’ensemble a failli s’appeler INT Anime mais c’est finalement le nom Anim’int que nous avons retenu. Le travail de synthèse et de transfert progressif des pages nous a pris un bon mois et en mai 1996, nous avons abouti à une version finalisée d’Animint.

Avant de passer à la suite, je vous propose un interlude musical avec le générique de fin d’une série shôjô qui passait au Japon à cette époque. Il s’agit de Mizu Iro Jidai qui est largement méconnue mais qui est pourtant sympathique à regarder. C’est d’ailleurs une des premières critiques sur Animint. Voici donc Ano Koro no Yôni.

...Générique de Mizu Iro Jidai...

Après les débuts d’Animint, je commence ma première rétrospective par la sorties des longs métrages, que ce soit au Japon ou en France. Je serai loin d’être exhaustif en ce qui concerne le Japon, étant donné le nombre important de sortie cinéma chaque année.

Jusqu’à récemment, la maison de production Toei Animation proposait ses Toei Anime Fair, à chaque printemps et à chaque été, un ensemble de films qui sortent au moment des vacances pour les écoliers et qui regroupent deux à trois titres de 30 à 45 minutes en général. En 1996, le Toei Anime Fair de l’été proposait par exemple le premier film de Jigoku sensei Nuubei (Professeur Nubei des enfers) et un autre film de Gegege no Kitarô. Ces deux moyens métrages tournés vers le fantastique sont des dérivées des séries télévisées éponymes produites par la Toei et diffusées cette année là. L’Anime Fair du printemps contenait un dernier film de Dragon Ball Saikyou e no Michi (L’armée du ruban rouge). En 2002, l’Anime Fair de l’été comportait Digimon Frontier, Muscleman 2 et Crash Gear Turbo.

Cette édition 2002 a été cependant un échec commercial et elle a entraîné la fin des Anime Fair. Dès lors, le rythme de parution pris par la Toei via ces Anime Fair depuis 1969, s’en est trouvé perturbé. Bien sûr, la Toei continue de lancer des films d’animation au cinéma mais moins systématiquement. La maison de production a sorti un cinquième film de Saint Seiya en février 2004 et en mars 2006, ils ont lancé le septième film de One Piece, même si les scores au box office ne sont pas aussi impressionnants qu’à la meilleure époque des Anime Fair.

D’autres anime sont revenus de façon récurrente pendant ces dix ans. Je citerai d’abord Doraemon, le fameux chat bleu extraterrestre dont un film sort chaque année depuis vingt six ans, donc cela nous a fait onze nouveaux films depuis 1996. Je mentionnerai aussi Detective Conan dont le premier film est sorti en 1997 et qui a également pris le rythme d’une sortie cinéma par année. La série télévisée a commencé en 1996 et a dépassé les 440 épisodes ce mois-ci. Inu Yasha n’a eu pour l’instant que quatre films étalés entre 2001 et 2004, tandis que Crayon Shin Chan en est à son quatorzième film en avril 2006. Le premier film de Tenchi Muyo Tenchi Muyo in Love date de 1996 et il a été suivi de Manatsu no Eve en 1997 et de Tenchi Forever en 1999. Une autre série d’OAV a eu également son film. Il s’agit d’Aa Megamisama ou Ah My Goddess, dont le premier film est sorti en 2000. Quant aux séries télévisées, même si elles ne sont pas produites par la Toei Animation, beaucoup ont généré des films. Evangelion a eu ainsi une suite en film en 1997 de même que Nadesico en 1998 et Fullmetal Alchemist en 2005. Utena a eu une nouvelle histoire en film en 1999, ainsi que Tenkuu no Escaflowne en 2000, et Gensou no Maiden Saiyuki a été resservi en long métrage en 2001. N’oublions pas non plus les trois films de l’apprenti ninja Naruto, dont le dernier opus sortira le 5 août prochain. Mêmes les histoires de Tezuka sont revenues à la mode, avec en 1997, la sortie de Jungle Taitei, le film événement sur le roi Léo.

Comme je l’ai dit, je ne pourrai pas être exhaustif surtout en ce qui concerne toutes ces parutions que je dirai commerciales. En revanche, je mentionnerai quelques films plus d’auteurs tels que Princesse Arete en 2001 ou encore Palm no Ki en 2002. Princesse Arete relate la vie en prison d’une princesse tandis que Palm no Ki narre les aventures d’un pantin qui mène sa quête pour devenir humain.

Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas abordé les films les plus mémorables, que nous avons eu la chance de voir en France, que ce soit en vidéo ou même au cinéma pour certains. Vous avez notamment les productions du studio Mad House. En 1996, le studio s’est chargé de l’animation du film de X, puis en 1998, c’est au tour de Perfect Blue, que nous avons découvert en France en septembre 1999 et qui a fait un peu plus de soixante dix mille entrées.

Avant Perfect Blue, nous avons eu droit en 1996 à un film de Sailormoon, qui a fait un flop, et à un second film de Dragon Ball Z, qui a dépassé les cent mille entrées mais ce score n’est pas aussi bon que celui du premier film projeté en France en 1995. En 1997, le premier film de Ghost in the Shell fait également un score honorable chez nous avec plus de cent vingt mille entrées. C’est sans commune mesure avec le million d’entrées en l’an 2000 du premier film de Pokemon, qui a été produit au Japon en 1998. Pokemon continue toujours d’enthousiasmer les producteurs, que ce soit au Japon ou aux Etats-Unis. Nous en serons au neuvième film en juillet 2006.

Mais revenons à notre rétrospective. 1998 est l’année de la sortie de Spriggan, que nous n’avons connu jusqu’à maintenant que par le biais de projections ponctuelles pendant des festivals ou des conventions. En novembre 1999, Jin Roh la légende des loups est sorti sur quelques écrans en France. Cette fable moderne transposées du petit chaperon rouge n’a séduit que quelques cinquante mille cinéphiles mais le titre a eu un brillant résultat quant à ses ventes en DVD par la suite. Je vous propose d’ailleurs maintenant d’écouter le thème d’ouverture de Jin Roh.

...Extrait de Jin-Roh...

Jin Roh est une production des studios IG avec qui travaille souvent Mamoru Oshii, qui y a réalisé d’ailleurs en 2004 le deuxième film de Ghost in The Shell, Innocence. Innocence a fait parti de la sélection officielle de Cannes et est entré dans les dix premiers au box office français. Le studio IG est également derrières deux autres films plus récents, XXXHolic et Tsubasa Chronicle qui sont parus pendant l’été 2005 et qui change des travaux habituels du studio, plus orienté science fiction d’habitude.

Un autre film de science fiction Cowboy Bebop la porte du paradis dont la sortie française date d’octobre 2003. Steamboy marque le retour à l’animation de l’auteur d’Akira, Katsuhiro Otomo. Lancé au Japon le 17 juillet 2004, le film rétro futuriste sort en France dès le mois de septembre. Le dernier dessin animé de ce genre à être sorti en France doit être Appleseed. Ce film, réalisé par le studio Digital Frontier, a été entièrement produit en images de synthèses. Sa sortie au Japon date d’avril 2004 et il a également été projeté dans les salles aux Etats-Unis en janvier 2005 avant de passer en France en août 2005.

Je reviens maintenant sur l’énumération des travaux du studio Mad House, que j’avais abandonnée après Perfect Blue. En 2001, les gens du studio ont travaillé sur trois films : Metropolis, Vampire Hunter D – Bloodlust et Millenium Actress. Tous sont maintenant sortis en DVD chez nous et Metropolis a eu une carrière cinématographique avec plus de cent vingt milles spectateurs. En 2002, le studio a enchaîné sur le troisième film de Pat Labor et sur un nouveau long métrage de Satoshi Kon, Tôkyô Godfathers. En 2003, il participe à Nasu, un été en Andalousie, le premier film de Kitaro Kôsaka, sur un cycliste espagnol qui repasse par son village natal pendant une étape du tour d’Espagne.

Un autre grand pourvoyeur de long métrage est bien entendu le studio Ghibli d’Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Sur les dix dernières années, plusieurs de leurs oeuvres sont sorties au cinéma en France. Après Porco Rosso en 1995, cela a été au tour du Tombeau des Lucioles en 1996 puis Totoro en 1999 et Mes voisins les Yamadas en 2001 mais à chaque fois c’était via le biais de petits distributeurs. Des réalisations plus anciennes de Takahata ont eu droit à une diffusion au cinéma : C’est le cas de Goshu le violoncelliste en décembre 2001 et d’Horus le prince du soleil en février 2004.

En 1996, Disney a acquis les droits de distribution et d’exploitation des films du studio Ghibli en dehors de l’archipel nippon. Si Mes Voisins les Yamadas d’Isao Takahata a eu un succès très moyen au Japon en 1999, puis ailleurs après, il n’en est pas de même des productions de son confères Miyazaki. Princesse Mononoke a battu en 1997 les records de tous les temps au box office japonais, record battus par Titanic par la suite. En France, le film a mis quelques temps à sortir puisqu’il a fallu attendre janvier 2000 pour le voir mais il a totalisé plus de quatre cent mille entrées.

En 2001, Hayao Miyazaki a réalisé le voyage de Chihiro qui a fait encore mieux que Princesse Mononoke dans le monde entier. En France, le film sorti en avril 2002, a totalisé plus d’un million quatre cent milles spectateurs. Le voyage de Chihiro marque surtout la consécration internationale de Miyazaki qui remporte coup sur coup l’ours d’or à Berlin et un oscar à Hollywood. 2001 est une année faste avec également l’ouverture du fameux musée Ghibli à Mitaka, où les visiteurs peuvent retrouver aussi bien l’univers des films et que l’ambiance du studio. En 2003, l’un des premiers films de Miyazaki, le château dans le ciel, remporte un beau succès d’estime au box office français, avec plus de six cent mille entrées en quatre semaines.

Le royaume des chats, un film produit en 2002 par des collaborateurs du studio Ghibli a eu un score bien moindre, avec seulement deux cent milles entrées pendant l’été 2003. Aussi bien au Japon qu’à l’extérieur, le studio Ghibli a renoué avec le succès avec la nouvelle super production de Miyazaki, le château Ambulant. Le film a atteint un million trois cent mille entrées en France en 2005. Le Ghibli du début de l’année 2006 en France a été Pompoko, une fable écologique de 1995 d’Isao Takahata. Les résultats ont été mitigés avec un peu plus de cent trente mille entrées seulement mais cela ne va pas nous empêcher de réécouter le sympathique générique de fin de Pompoko. Ce générique s’intitule Itsudemo dare ka ga, ce qui veut dire Il y aura toujours quelqu’un.

...Extrait de Pompoko...

Après les films, je vais aborder les autres productions que ce soit séries télévisées, oavs ou même des téléfilms. Avec plus de centaines de nouveaux titres chaque année, je ne pourrais qu’effectuer un survol partiel et je ne mentionnerai que ceux qui m’ont marqué.

Vous avez d’abord les gagnants des dix derniers Anime Grand Prix, des sortes de blockbusters qui ont accaparé les pages des magazines spécialisés japonais, à croire qu’il n’y avait plus que ces séries. Cela a commencé avec Evangelion, Nadesico, Card Card Sakura, puis Gensô Maden Saiyuki, Fruits Basket et enfin Fullmetal Alchemist et Gundam Seed.

1996 a été l’époque d’Escaflowne, de Kenshin le vagabond et des OAVs de l’irresponsable captain Tylor. C’est aussi l’année du téléfilm de Kimagure Orange Road, qui se déroule trois ans après le film et cela marque la fin de deux séries fleuves Sailormoon et Dragon Ball Z. En 1997 c’était déjà l’avant dernier téléfilm de City Hunter Goodbye My Sweetheart, dont le dernier téléfilm en date a été diffusé en 1999. C’est aussi le début de la série Utena et des Pokemon. En 1998, sont ensuite venues les séries de Lain, Cowboy Bebop, Trigun, Orphen et Lost Universe. La saga de Crest of the stars, elle, a débuté en 1999, ainsi que Magical Doremi, Doraemon, Turn A Gundam, Hunter X Hunter, GTO et One Piece. Rien que ça.

2000 a été l’année de Love Hina et a marqué les débuts d’Inu Yasha, de Yugioh et de FLCL, la série d’OAV complètement timbrée du studio Gainax. En 2001, c’était l’époque de Noir, Hikaru no go, Hellsing et d’Hoshi no Koe, la voix des étoiles, une OAV conçue de A à Z quasiment tout seul par Makoto Shinkai. En 2002, vous avez eu la diffusion des ailes grises, le commencement de la saga .hack avec .hack//SIGN, ainsi que Rahxephon, Chobits, Tokyo Underground et les tous premiers épisodes de Naruto. Ensuite, en 2003, nous avons pu voir Last Exile, Wolf’s rain, et le début de Peacemaker Kurogane et de Planètes, une très jolie série de science fiction. Nous arrivons en 2004 avec Elfen Lied, Kurau Phantom Memory, Monster et Mai Hime. Je finirai avec 2005 et Tsubasa Chronicle, Speed Grapher, Eyeshield 21 et Eureka Seven. La série Kôkyô Shihen Eureka Seven s’est terminée en avril 2006. Elle relate les aventures du jeune Renton parti à l’aventure avec les membres du Gekkostate, dont fait partie la jeune et jolie Eureka. Le fait de voir des robots surfer donne un a priori négatif mais l’intrigue et l’univers de l’histoire se révèlent de plus en plus intéressants au fil des épisodes. Je vous propose maintenant d’entendre le générique de début d’Eureka Seven, un générique qui s’intitule Days tout simplement.

...Extrait d'Eureka Seven...

Après le Japon, je vais m’intéresser à ce qui s’est passé en France pendant ces dix dernières années. Hormis les sorties cinéma que nous avons déjà vues, je vais essayer de dresser un panorama en ce qui concerne les manga, les vidéos et les conventions et autres salons. Je ferai en revanche l’impasse sur les fanzines et les mouvements associatifs.

En 1996, le monde de la japanimation a commencé à être bien implanté en France, même si le phénomène restait encore cantonné à un public de fans. Cette année là, c’est plus d’une centaine de nouveaux titres qui ont été lancés par une douzaine d’éditeurs manga. Cela commençait à faire beaucoup. Les distributeurs de vidéos n’étaient pas en reste. Arrivé un an plus tôt sur le marché français, Manga Vidéo a continué d’écouler son riche catalogue pour l’époque avec ses grands films d’animation tels que les Ailes d’Honneamise ou les Pat Labor. AK Video a commencé à rencontrer le succès en rééditant des anciennes séries et a sorti en 1996 le premier box de K7 pour les Cités d’or. Deux nouveaux venus sont également arrivés sur le marché à cette époque : Tout d’abord Dynamic Visions, la filiale belge de la société Dynamic qui s’est chargée d’exploiter les premiers titres chez nous : Cutey Honey en 1996 et surtout Evangelion en 1997. Le second éditeur à apparaître est IDP qui a vraiment commencé à distribuer ses titres de façon autonome qu’un an plus tard, en 1997 avec notamment Tom Sawyer.

Le marché du manga en France est encore tiré par la diffusion des dessins animés japonais à la télévision au club Dorothée. AB production, qui était derrière le club Do, a d’ailleurs activement participé un salon professionnel du manga au mois de février. Au niveau des conventions, les réunions amateurs dans les écoles n’ont pas été fantastiques avec peu de projections inédites. En revanche les conventions professionnelles ont tenu leurs promesses. Après le salon du manga, le grand rendez-vous suivant a été le Cartoonist avec la venue de Kazuo Komatsubara, character designer de Captain Harlock (Albator) et de Grendizer (Goldorak). Quant à BD Expo, sous la houlette de Tonkam, nous avons eu droit à des projections très inédites pour l’époque, avec On Your Mark et Memories par exemple. Pendant dix ans, BD Expo a été le grand rendez-vous parisien des fans.

Le dernier événement à mentionner est le passage de fanzine à magazine d’Animeland, une référence dans le domaine de la japanimation.

Au même moment, le marché a cependant commencé à montrer des signes de faiblesse. Les difficultés sont apparues dès 1996 pour des labels comme Kaze, alors pionnier sur le créneau. La société a effectué une véritable traversée du désert jusqu’en 2000 et elle n’est pas la seule. Suite à l’embrouille entre TF1 et AB, le club Dorothée s’est arrêté en septembre 1997 et par là même, toute diffusion de dessins animés japonais sur les chaînes hertziennes. Il a fallu attendre quelques mois avant d’en revoir sur le câble ou le satellite. Sans la locomotive télévisuelle, les éditeurs n’ont pu compter que sur leurs propres campagnes de publicité et leurs premiers clients. Le marché est arrivé à saturation et a été insuffisant pour consommer l’ensemble de l’offre. Au niveau des vidéos, mis à part les titres érotiques, nous avons connu un véritable ralentissement des sorties d’anime inédits, dont le retour sur investissement est plus aléatoire que les vieilles séries passées et repassées à la télévision. Les éditeurs ont préféré jouer la carte de la nostalgie à fond, de Capitaine Flam à Albator 78. A Animint, nous allons faire pareil. Nous allons la jouer nostalgique. Voici un morceau extrait d’Albator 78. Il s’agit de la bataille d’Albator.

...Extrait d'Albator...

Les mêmes difficultés sont apparues sur le marché du manga, qui est resté stable jusqu’en 2002. Des éditeurs de 1996, plus de la moitié se sont retirés. Le total des parutions a atteint pourtant près de deux cents titres en 1998 mais cela est resté concentré sur une poignée d’éditeur. Contrairement au mouvement général, Dargaud s’est lancé sur le créneau, via son label Kana avec Yûyû Hakusho, Metantei Conan et surtout Saint Seiya.

Parmi les rares conventions de 1997, nous avons connu un festival des Grandes Ecoles assez décevant en mars et une convention de l'Epita beaucoup plus conviviale, en mai. Le rendez-vous traditionnel du Cartoonist de Toulon a été marqué par la venue de Masami Suda, dessinateur d'Hokuto no Ken (Ken le survivant). Un autre invité de marque est passé en France, mais à l'occasion de BD Expo cette fois-ci. Il s'agissait de Toshio Okada, ancien PDG de la Gainax.

La grosse nouveauté de 1997 est sans doute le premier concours officiel de Cosplay, au printemps, avec une trentaine de participants. Le concours s’était déroulé sur le trottoir de la rue Keller à Paris. A l'automne 1997, un second grand concours a eu lieu à BD Expo, avec cette fois-ci plus de soixante dix concurrents.

En 1998, pour pouvoir regarder des anime à la télévision, il fallait toujours se tourner vers le câble ou le satellite ou vers TMC, ou encore Canal+. En septembre, AB Production a rebaptisé d'ailleurs sur son bouquet, sa chaîne Cartoon en chaîne Mangas. Sur Canal+, une émission spéciale manga a aussi été lancée et diffusait des OAVs comme Macross Plus. A Noël, France 3 nous a surpris en montant l'émission Génération Albator avec des épisodes de vieilles séries. La surprise vient surtout de l'importance de l'audimat (35% de part de marché) et du nombre de lettres reçues pour encourager cette initiative.

En 1998, nous avons eu beaucoup plus de manifestations que l'année précédente. Il y a d'abord les conventions habituelles telles que l'Epita en mai, ou encore BD Expo en octobre, qui se transforme en Comiket avec une série de concours. L’Epita est maintenant la convention existante la plus ancienne et elle a aborde sa treizième édition cette année.

En 1998, le rendez-vous le plus marquant est encore Cartoonist avec son invitée de marque, Akemi Takada, la character designer de Kimagure Orange Road et de Maison Ikkoku. D'autres conventions de moindre importance sont aussi organisées, comme Dauphine ou Japanimaction sur Paris. De l’année 1999, outre les nombreuses sorties cinéma, je retiendrai surtout le premier festival des nouvelles images du Japon en décembre, avec un très riche programme de projections. Deux autres éditions ont eu lieu en 2001 et en 2003, avec notamment la venue d’Hayao Miyazaki.

Pour revenir à 1999, nous avions aussi le festival Cartoonist d’avril à Toulon, qui accueillait comme invité principal Mikimoto, le character designer de Macross. L’édition de Brest en septembre faisait venir Narumi Kakinouchi, la mangaka de Princesse Miyu. Cartoonist sera longtemps la convention de référence avec son lot d’invités exceptionnels : En avril 2000, C’était Kawamoto, le réalisateur de Cowboy Bebop, en septembre 2000, Nobuteru Yûki et en avril 2001 tout un panel d’acteurs sentai. En septembre 2001, il y a eu une première édition parisienne avec Shingo Araki. Suite à divers problèmes, notamment financiers, Cartoonist s’est essoufflé et une toute dernière édition a eu lieu en juin 2003 en association avec Paris BD.

D’autres festivals sont apparus entre temps, plus ou moins liés avec la japanimation. C’est le cas par exemple du festival lyonnais Asie expo, orientés films asiatiques au sens large depuis 1995, mais qui a donné de plus en plus de place aux dessins animés, au point de monter une mini convention Japan Touch en marge du festival. Le club de l’association organise également des soirées de projections mensuelles d’anime depuis au moins cinq ans.

C’est aussi le cas du festival international de l’animation à Annecy, qui propose généralement quelques films japonais depuis toujours. En 2003, par exemple, trois long métrages japonais étaient passés en avant première : Le troisième film de Pat Labor, Horus le prince du soleil et Kiki, la petite sorcière. Nous allons marquer une petite pause avec le générique de début de Kiki la petite sorcière, Ruujuu no Dengon, message en rouge.

...Extrait de Kiki la petite sorcière...

La Japan Expo est une grande convention française. Les premières éditions coïncident avec des conventions existantes, que ce soit l’Epita ou le salon ISC de l’imaginaire en 2000. Avec Japan Expo 3 en 2001, la convention a pris une plus grande ampleur en occupant les locaux sur les quais d'Austerlitz. Puis pour 2002, 2003 et 2004, le salon des loisirs japonais s’est installé dans le CNIT à la Défense. Après une interruption en 2005, il revient au mois de juillet 2006.

En marge des grand rendez-vous, nous avons toujours une multitudes de petits événements liés aux anime manga. Ce sont des petites conventions, des projections spéciales ou encore des expositions. Dans les années 90, nous avions connu des petites structures qui ont duré deux ou trois saisons. Ce fut le cas des manifestations à Anthony ou à l’ESCP. Nous en retrouvons des similaires depuis 2002, dans toute la France, en espérant qu’elles soient plus pérennes : Jappan Addict à Strasbourg, Anim’Est à Nancy, Alpa’Anim à Grenoble, Manga City à Rennes ou encore les multiples salons Japanim Spirit en Bretagne.

En ce qui concerne les mangas et les vidéos en France, le marché a repris du poil de la bête depuis l’an 2000. Nous assistons à une inflation du nombre d’éditeurs de manga. Ils n’étaient plus que cinq en 2000. Ils sont maintenant une bonne quinzaine, avec un rythme total de production qui frise les cinq cents titres par an. Parmi les labels que je n’ai pas encore cités, vous avez Pika Edition, qui a débuté en 2000, Génération Comics, Kabuto et plus récemment Taïfu Comic. Durant ces cinq dernières années, nous avons pu assister également à l’arrivée en masse des bandes dessinées coréennes, les manhwa, avec là aussi des labels spécialisés, tels que Tokebi ou Sephira.

Quant aux titres de presse, ils ont également été multipliés, même si beaucoup ne durent pas longtemps. Nous encore encore une bonne dizaine alors qu’il n’y en avait plus qu’un seul aux côté d’Animeland en 2000.

Du côté des vidéos, l’apparition du support DVD en France a dopé les ventes. Sous l’étiquette Pathé, Manga Vidéo a ainsi réédité l’ensemble de son catalogue, de même que Kaze et les autres éditeurs. 2000 est également la date de l’arrivée de Declic Image, qui est devenu un des intervenants les plus actifs en France avec une multitude de séries et d’oavs proposés. Puis en 2002, cela a été le tour de Beez, spécialisé à l’origine dans les productions Bandaï mais qui a depuis étoffé ses titres. D’autres labels spécialisés ont encore suivis sur le marché, tels que Kero Vidéo ou Asian Star.

Les anime ont également refait leur apparition sur les chaînes hertziennes, même si nous sommes encore loin du programme à l’époque du club Dorothée. TF1 a investi dans les Pokemon, tandis que M6 s’est servi avec Card Captor Sakura et Yugioh. Même France 5 s’y est mis en proposant des dessins animés japonais sur ses créneaux de midi/une heure, depuis 2002. Enfin, en 2005, avec la TNT, plusieurs chaînes ont proposé des anime dans leur grille de programme. Vous avez eu GTO sur Europe 2 TV ou encore One Piece et Saint Seiya sur NT1 par exemple.

Pour conclure en musique sur ce volet France de notre rétrospective, je vous invite à écouter un extrait de la bande originale de Saint Seiya.

...Extrait de Saint Seiya...

J’en arrive à la dernière partie de notre émission avec une rétrospective sur l’Internet. Oui rien que ça. En fait ce sera surtout l’occasion de revenir sur les évolutions du site Animint pendant ces dix ans et comme pour les séries télévisées japonaises, je ne vais faire que survoler et ne mentionner quelques sites, surtout francophones d’ailleurs.

Depuis le début de ma page personnel en 1994, le petit monde des sites web francophones des anime manga s’est bien vite étoffer et en 1996, les sites commencent à pulluler. Je pense d’abord à Oomu.org, le premier site francophone d’envergure consacré au studio Ghibli à l’origine. Je citerai aussi Noosphère qui s’est maintenant diverti dans divers thèmes et si le site est plutôt en sommeil actuellement, ses forums sont toujours actifs.

Vous aviez notamment deux mastodontes dans le domaine que sont Cyber Namida et le Neogeofront. Cyber Namida, dont les mises à jour se sont stoppées en 1998, est maintenant archivée au sein du site Cyna.net. Ce dernier site est également un gros site sur l’animation japonaise, qui est apparu sur la toile en 2003. Quant au Neogeofront, suite à des problèmes d’hébergement entre autres, il a perdu de sa splendeur pour devenir un Neo Geofront Light, avant de disparaître complètement avant le passage du millénaire. Son créateur n’a pas quitté l’Internet pour autant et nous l’avons retrouvé quelques années après en train de participer activement au lancement de mangajima.com. Mangajima comporte une quantité impressionnante d’articles, de news et de critiques sur les mangas, ainsi qu’une communauté très active de fans sur ses forums. Une expérience, hélas éphémère, de parution en magazine a même suivi en 2004/2005.

En ce qui concerne les sites de référencement de liens, Top manga s’est rapidement imposé sur le créneau. Dès 1996, vous aviez aussi au moins une boutique parisienne, qui exposait son catalogue sur le web et prenait les commandes avec les moyens du bord.

En 1997, vu que Lum a la chance de travailler pour un provider au Japon et que l’INT ne peut pas héberger notre site ad eternam, Animint est transféré au pays du soleil levant à l’adresse animint.uru.org. Le site a ensuite transité physiquement en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de finir chez notre hébergeur actuel en mars 2000. Son design change environs tous les deux ou trois ans et quelques nouvelles rubriques apparaissent régulièrement, telles que notre lettre d’information mensuelle en 1999 ou le quizz en 2000.

Jusqu’à la fin des années 1990, les sites personnels sur telle ou telle série n’arrêtent pas de fleurir mais les discussions entre fans se déroulent plutôt sur les forums usenet ou les chats irc. La vulgarisation des hébergements avec des outils prêts à l’emploi a permis de faire évoluer tout ça. Désormais avoir un forum web et un chat devient courant, comme c’est le cas sur Animint. Un newsgroup usenet comme fr.rec.anime avait du être coupé en deux en 1999 pour pouvoir faire la part des choses entre le bruit, et l’information intéressante dans la masse de messages postés au quotidien. La situation est complètement différentes aujourd’hui. Fr.rec.anime est plutôt déserté, parce que les nouveaux venus préfèrent les multiples forums web, qui restent plus accessibles et faciles d’emploi.

Ne pouvoir proposer que des pages statiques n’a pas empêché de nouveaux sites intéressants de voir le jour : Je pense au site belge Anime Gai Ippai, à Cyber Catsuka qui a été mis sur la toile en mai 2000, ou encore à Buta connection, la référence francophone actuelle sur le studio Ghibli. Leur première page date d’octobre 2000. Dans les catégories de sites avec des pages dynamiques, je mentionnerai Anime-info.net et Japanim.net. Ce dernier, avec son système d’échanges de bannières, a eu un franc succès. Vous avez aussi Sentrack.net, un des premiers sites web à proposer un large panel de chroniques audio. Vous trouvez aussi les sites de la quasi-totalité des éditeurs, même si cela a été plus ou moins long pour certains. Parallèlement, les adresses de ventes en ligne se sont multipliées, avec plus ou moins de sérieux.

Depuis, avec l’utilisation de php et des systèmes de gestion de contenu clef en main, les sites peuvent être remis à jour beaucoup plus facilement. Animint a suivi le mouvement et beaucoup de travaux ont consisté à placer des formulaires pour permettre aux visiteurs d’ajouter directement leurs contributions dans nos bases. Nous avons pris le nom domaine animint.com depuis avril 2000.

Je vous suggère maintenant de faire une pause musicale avec un titre paru en 2001, Hoshi no Koe.

...Extrait d'Hoshi no Koe...

Depuis quelques années, nous assistons à une inflation des sites de news et de bases de données. Manga-news.com reste la référence en ce qui concerne les sorties de manga. Quant à Animeillusion.com, il est incontournable pour se faire une idée d’un CD audio. Pour le reste c’est un peu plus dur de faire son choix. Avec le haut débit et les progrès des logiciels d’encodage et de sous titrages, les fans-subs ne se distribuent plus via des cassettes envoyées par la Poste, comme il y a dix ans, mais via le net. Cela passe par Irc ou via des logiciels pear to pear. Des sites se sont alors spécialisés dans ce domaine. Ce sont soit les équipes des fansubs ou bien encore des sites qui référencent ces sorties de fansubs. Cela a fait une grande partie du succès d’Animeka.com ou de Sharemanga.com.

Depuis 2004, la notion de pages personnelles s’amenuise par rapport au nouveau système de blogs qui fleurissent partout. La facilité de publication et la souplesse de la structure a tout d’attrayant. Pour Animint, c’est un endroit pratique pour publier des informations qui n’ont pas vraiment leur place ailleurs, mais qui ne justifient pas l’ouverture d’une nouvelle rubrique. D’autres sites ont basculé complètement dans ce mode. C’est le cas par exemple de lilins.com qui redirige maintenant vers le blog de son auteur sur aldraskaii.info. Cyna.net a également pris cette tournure.

Qu'en sera-t-il d’Animint? Pour l’instant, j’arrive toujours à maintenir régulièrement le site. La formule actuelle n’a pas vocation à changer dans un proche avenir, même si de nombreux projets plus ou moins ambitieux dorment dans les cartons. J’en profite pour remercier les quelques personnes qui aident au site et cela dans divers domaines. Cela va des administrateurs machines aux modérateurs du forum et de la base encyclopédique, sans oublier les correctrices de fautes de français. Il y a bien entendu aussi tout ceux qui ont laissé leurs contributions au fil de ces dix années.

Cette émission touche à sa fin mais j’espère que cette rétrospective vous a plu. Pour plus d’information, n’hésitez pas à consulter le site Animint et le forum. Nous allons nous quitter sur une chanson entendue dans Sousei no Aquarion. La série n’est franchement pas terrible mais la bande originale se laisse écouter. Voici Kouya no Heath. A bientôt.

...Extrait de Sousei no Aquarion...

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