Les progrès de la cybernétique sont tels qu'ils ont effrayé les puissances du monde, qui ne voient plus les limites qui pourraient empêcher les machines de prendre le pas sur les humains. Ainsi, les Nations Unies ont décidé de mettre le holà aux recherches concernant les androïdes.

Cependant, le Japon qui était à la pointe de ces technologies, a refusé de réguler sa production d'androïdes et a pris des mesures drastiques: Le pays a quitté les Nations Unies et en 2077, cela fait depuis 10 ans, il est plongé dans un isolationnisme total, refoulant toute personne étrangère de son sol.

Vexille Serra et son petit ami, Leon Fayden, appartiennent à une unité spéciale américaine. Ils sont amenés à intervenir dans le Colorado, sur les lieux d'un rendez-vous louche orchestré par le conglomérat japonais Daïwa Industries. Après l'opération, ils découvrent des indices qui laisseraient penser que le Japon a continué ses recherches interdites, malgré les traités internationaux.

Le quartier général américain décide de monter une dangereuse mission d'infiltration. Leon se porte volontaire, au grand damne de Vexille, qui décide de suivre son compagnon.

Vexille est signé par la même équipe, à qui nous devons les 2 films précédents d'Appleseed, également tout en images de synthèse. Si les mondes sont différents, nous retrouvons quelques points communs, avec une héroïne forte, intégrée dans une unité d'élite et un monde future, avec bon nombre d'armures mobiles de combat et le sempiternel thème de la différence entre l'humain et la machine.

L'histoire est cependant forte différente. Appleseed se déroule dans un pays chamboulé par un conflit mondial, où de nouvelles factions dominent désormais la Terre. Dans Vexille, vous reconnaissez les pays mais la situation japonaise est très extrême et le Japon a une image surprenante d'état voyou. Au fur et à mesure, vous prenez conscience du niveau d'isolement. Il ne s'agit pas juste de fermer les frontières mais aussi de brouiller les signaux, jusqu'aux images des satellites espions américains.

La découverte du nouveau Japon est d'ailleurs un des points intéressants, qui n'hésite pas à assombrir le tableau. De manière générale, le film y va franco, avec moult victimes au cours des différentes épreuves du feu et il imagine un avenir peu reluisant pour l'humanité. Applessed dressait aussi un tableau noir mais peut être pas à ce point.

Malgré quelques passages peu crédibles ou des orientations surprenantes, le scénario parvient à être consistant, même si la fin est toute tracée. Outre l'intrigue principale, quelques rares passages sont consacrés au passé des personnages principaux et à leurs liens. Cependant, leur personnalité est trop rapidement survolée. Nous avons juste droit à un peu plus de subtilité lorsque le thème de la nature humaine est abordé.

Par rapport au film précédent d'Appleseed, les spécialistes peuvent s'émerveiller des progrès réalisés pour retranscrire les émotions sur les visages en 3D mais l'impact est toujours moindre qu'un bon vieux dessin en 2D. L'impression de personnage de jeu vidéo reste toujours latente, indépendamment du fait que Vexille Serra est moins charismatique qu'une Dunan Knute.

Visuellement, malgré les combats et les explosions, le long métrage a du mal à épater la galerie, notamment desservi par une sorte de faux rythme, où la vitesse s'estompe rapidement. Par exemple, dans l'une des poursuites, au lieu de voir des gens aller à toute allure, vous avez l'impression d'avoir des gens qui agitent leur bras et leur jambes à toute vitesse mais pas qu'ils se déplacent vite.

Les seules scènes épatantes sont celles avec les tourbillons géants similaires aux vers des sables dans Dune de Frank Herbert. Les détails apportés aux déchets métalliques qu'ils trainent, et le dynamisme impressionnent et correspondent à un usage plus traditionnel des images de synthèse.

En conclusion, Vexille est un semblant de film d'actions, desservi par un rythme pas assez soutenu et d'un autre côté, il reste trop léger pour s'aventurer dans des sujets trop métaphysiques. L'atmosphère lourde et l'histoire sombre sont cependant intéressantes à découvrir, avec une bande originale agréable à écouter, signée, entre autres, par Paul Oakenfold (La Planète des singes, Matrix Reloaded, Matrix Revolutions, Die Another Day).