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“Un entretien avec Hayao Miyazaki”

Interview[1] de Miyazaki réalisée en 1991, entre deux sorties de films, qui abordent divers sujets qui complètent le portrait de Miyazaki.

Colpi : Parlons d'abord de Porco Rosso. C'est votre premier film situé dans un pays réel, l'Italie. Pourquoi ce choix et comment vous êtes-vous documenté?
Miyazaki : J'ai un ami en Italie, Marco Pagot. C'est avec lui que j'ai réalisé Sherlock Holmes en version canine. Il m'a envoyé des livres sur Milan, la Vénitie et la côte Adriatique. Ensuite j'ai fait un court séjour à la campagne près de Rome pour me documenter personnellement sur les ambiances.

Colpi : Je croyais que vous n'aviez que des rapports professionnels avec Pagot, pas des relations amicales...
Miyazaki : En fait, je ne sais pas si je peux vraiment le qualifier d'ami. Chaque fois que nous nous voyons, nous passons notre temps à nous disputer, alors... Et pourtant si, nous sommes amis. Maintenant que j'y pense, avec Takahata, nous sommes constamment en train de nous chamailler. En y réflechissant bien, c'et peut-être moi qui suis querelleur...-rires-.

Colpi : Puisqu'on parle de Takahata, quel rôle a-t-il eu dans ce film?
Miyazaki : Aucun. En ce moment Parksan[2] est tellement fatigué après Omohide Poroporo qu'il s'est mis en vacances pour une période indéterminée.

Colpi : La première fois que je vous ai rencontré, la réalisation de Porco Rosso débutait à peine et à l'époque, vous m'en aviez parlé comme d'un court métrage fait plutôt par passion. Que s'est-il passé entre-temps?
Miyazaki : En effet, c'est un film né seulement d'une passion, ce qui selon moi est très dangereux... On ne doit jamais travailler pour soi mais pour ses clients ou, dans mon cas, pour le public. Je jure que c'est la première fois et la dernière fois que je fais une chose pareille! En ce qui concerne la durée du film, l'intrigue, très simple au début, est devenue de plus en plus complexe et par conséquent le film s'est allongé. Malgré cela, nous avons réussi à le terminer dans les délais! -rires-

Colpi : Vos retards sont légendaires. Je veux dire que si l'on réalise une oeuvre de haut niveau, il est normal d'accumuler un certain retard...
Miyazaki : Inutile de vous excuser, cela ne me vexe pas que l'on me traite de retardataire. Comme cela arrive systématiquement, nous n'y faisons plus attention. Déjà, du temps de Conan, la chaîne NHK s'est souvent retrouvée dans le pétrin parce qu'un épisode n'était pas prêt à temps!

Colpi : J'ai entendu dire que Conan avait coûté des sommes incroyables pour une série télévisée mais personne n'a voulu me donner de chiffres.
Miyazaki : Ha ha ha, ça ne m'étonne pas! Moi non plus, je ne vous en donnerai pas, parce que je ne les connais pas. Mais enfin, à vue de nez, je dirai qu'elle a coûté trois à quatre fois plus cher qu'une série normale. Comme c'était pour la télé publique et pas pour une chaîne privée, nous n'avons pas trop fait attention! -rires-

"C'est une chose de coller à la réalité
et une autre de la rendre tragique au-delà du vraisemblable."

Colpi : à propos, sauf erreur de ma part, vous avez complètement abandonné l'animation pour la télévision. Il y a une raison?
Miyazaki : Fondamentalement, le concept d'une série télévisé animée est mauvais. Je veux dire que lorsqu'on produit une série télé, on se retrouve inévitablement en perte parce que l'argent venant de la chaîne de télévision et des sponsors est insuffisant. Les livres, les jeux et tout le reste se vendent bien mais dans l'animation télévisée, on se casse facilement la figure. De plus, le paysage audiovisuel japonais actuel est plutôtn terrifiant. Il y a trop de séries, de même qu'il y a trop de films dans les salles et trop de vidéos dans les magasins, tout au détriment de la qualité. Qu'une série du niveau de Chibi Marukochan (La petite Maruko) passe à la télévision est une injure à tous les animateurs. Le problème, c'est qu'il y a trop de gens qui travaillent par passion. Mais comme je l'ai déjà dit, le cinéma et la télévision ne se font pas par passion mais pour le public, en le respectant et en tenant compte de ses goûts. Quatre vingt dix neuf pour cent des vidéos sont basées sur des critères opposés. Elles sont destinées aux fans et aux collectionneurs, pour qui sont réalisées des oeuvres qui ne seraient jamais produites autrement. C'est pareil à la télé : Les chaînes ont intérêt à faire des dessins animés parce que, qu'ils soient bons ou non, ils apportent de bons indices découte et ils ne coûtent pas cher. C'est pour cela qu'ils financent des produits totalement idiots. En ce moment, il passe à la télé des séries réalisées pour quinze millions de yens l'épisodes alors qu'il en faudrait vingt cinq à trente pour faire quelque chose de décent. Ce qui se passe est tout simplement absurde. C'est pour ça, que je préfère ne rien avoir à faire avec la télé et la vidéo, il n'y a rien à y gagner, ni en argent, ni en célébrité. Au contraire, quand on fait un film, on a un public qui choisit de venir le voir et la qualité d'une oeuvre est proportionnelle aux bénéfices réalisés. Voilà pourquoi j'ai choisi le cinéma. Je n'ai pas été trop long?

Colpi : C¸a n'a pas d'importance. Vous avez collaboré à des séries comme Heidi ou Akage no Anne (Anne aux cheveux roux)...
Miyazaki : Mon apport y a été plutôt réduit et j'y ai participé parce qu'il s'agissait de projets de Takahata et de Yôichi Kotabe. Au reste, ces histoires larmoyantes ne me passionnent pas...L'idée que se fait Paksan de l'animation, c'est de transcrire en images la réalité quotidienne. Il a réalisé deux chefs d'oeuvre qui démontrent la validité de cette approche, Omohide Poroporo et Hotaru no Haka. Heidi et Anne furent aussi d'excellents exemples de cette conception du dessin animé. Mais c'est une chose de coller à la réalité et une autre de la rendre tragique au-delà du vraisemblable, comme on est perpétuellement obligé de le faire dans les séries télé.

Colpi : Parlons un peu de votre passé, pas seulement d'animateur. Je sais qu'à la fin des années soixante-dix, vous avez été très actif dans des mouvements de gauche et que vous avez contribué de façon non négligeable à la fondation des syndicats de la Toei dôga...
Miyazaki : Oh, des erreurs de jeunesse.

Colpi : Vous le voyez comme ça, aujourd'hui?
Miyazaki : Voyez-vous, mon caratère ne me permet pas d'appartenir à une organisation, à une structure. C'est pour cela que j'ai quitté la Toei dôga et la raison pour laquelle j'ai arrêté toute activité politique n'a pas d'importance. J'ai compris que j'étais peu à peu absorbé par une structure qui m'embrouillait les idées, alors j'ai préféré tout laisser tomber...

Colpi : à propos de la Toei dôga, vous y avez travaillé de 1965 à 1971, puis vous êtes parti. Que s'est-il passé ensuite?
Miyazaki : Je suis entré dans une petite maison, Telecom, située près de la Tokyo Movie. Yutaka Fujioka, ancien président de la Tokyo Movie, nous avait commandé un Fifi Brindacier mais, comme nous n'avons pas réussi à obtenir les droits d'adaptation, nous avons récupéré une partie du travail effectué dans deux films Panda kopanda (Panda le petit panda) et Panda kopanda amefuri sakasu no maki (Panda le petit panda : journée pluvieuse au cirque), mettant en scène un petit panda.

Colpi : Et comment en êtes-vous venu à collaborer avec la Nippon Animation?
Miyazaki : Au début des années soixante-dix, en particulier après la mort du président Ôkawa, il s'est passé des choses très graves à la Tôei dôga, qui ont conduit à un lock-out de l'entreprise. Le nouveau président, fou de rage, a renvoyé des gens comme Yasuji Mori, l'un des fondateurs de la firme, et beaucoup d'autres sont partis, ne supportant plus leurs conditions de travail et le comportement de leurs supérieurs. On peut dire que cette année-là, la Toei a perdu tous ses meilleurs éléments, qui sont partis créer leurs propres studios. La même année, ceux qui avaient quitté la Mushi Production suite à la faillite de la société ont également fondé de nouveaux studios, ce qui a eu pour effet un climat très vivant et créatif dans l'animation. Takahata, Kotabe et moi avons collaboré avec la Nipppon Animation pare que Mori y était allé et que nous l'admirions beaucoup.

Colpi : Pourriez-vous expliquer nous expliquer ce qu'est un lock-out?
Miyazaki : Les lock-outs ont été une chose plutôt fréquentes à la Toei dôga à partir du moment où il y eu des syndicats. La Toei dôga - et c'est un défaut qu'elle a encore aujourd'hui - produisait beaucoup trop par rapport à son personnel. Au départ, ils voulaient réaliser un long métrage tous les ans mais quand Tezuka a fait Tetsuwan Astro (Astrot le petit robot) en 1963, il a détruit le mythe selon lequel il était impossible de produire trente minutes d'animation par semaine[3], et la Toei s'est lancé dans la mêlée avec Ôkami shônen Ken (Ken l'enfant-loup). Tous ceux qui travaillaient à la Toei ont mis la main à cette série : dès qu'un employé avait dix minutes de libre, on lui demandait de faire du Ken. Quand la firme a décidé de réaliser en plus un deuxième long métrage tous les ans, les évènements se sont précépités. Des gens qui jusque là produisaient un film par an devaient en faire deux, sans compter d'innombrables séries télé! Bien sûr, on embaucha du personnel, mais on ne pouvait pas faire confiance à des débutants. La situation actuelle de l'animation est identique : on veut produire plus qu'on ne peut et on a recours à la main d'oeuvre étrangère. Mais quatre vingt dix pour cent des dessins qui arrivent de Corée ou des Philippines doivent être refits ou corrigés au Japon, parce qu'ils sont d'une qualité trop médiocre. Pour revenir à mon histoire, quad cette situation s'est produite à la Toei Dôga en 1971, les syndicats l'ont occupée. C'était cela les lock-outs.

Colpi : Les syndicats ont toujours été très puissants à la Toei...
Miyazaki : Taiyo no oji Hols no daibôken (Horus le Prince du Soleil) était un film voulu par les syndicats ou plutôt voulu par la direction pour faire tenir tranquille les syndicats. En 1961, quand il avait été décidé de produire ce film laid et mièvre, Anju to Zushiômaru, pour fêter les dix ans de la compagnie Toei, toute l'équipe s'y était opposée avec force mais il n'y avait rien eu à faire. Par contre, ces dissensions avec la direction furent à l'origine du premier lock-out de 1962, après lequel la Toei dôga décida de confier un film à Yasuo Ôtsuka, qui était le symboles des syndicats. Il en est sorti Horus, réalisé par Takahata, un film qui a pris un temps fou, coûté des sommes extravagantes et qui, en plus, a été un échec commercial total. à partir de ce moment, Ôtsuka, Takahata et moi-même sommes devenus les brebis galeuses de la Toei dôga! -rires-.

"Je ne me considère pas encore apte
à faire un film pour enfants. "

Colpi : L'un de vos points communs avec Takahata est le soin tout particulier que vous mettez à rendre les ambiances naturelles. Souhaitez-vous par là transmettre un message au public?
Miyazaki : J'ai été très triste de voir à quoi on réduit la côte Adriatique dans les livres que j'ai utilisés pour la documentation de Porco Rosso, et aussi de constater que dans les environs de Rome, on ne trouve pas un seul arbre à part ceux qui sont cultivés à des fins alimentaires comme les oliviers. L'éventuel message de nos oeuvres est davantage dans la représentation de la campagne que dans un dessein délibéré. Je fais partie d'un mouvement écologiste mais, comme je l'ai déjà dit, j'ai horreur des organisations et par conséquent, je ne participe à aucune activité. J'ai dessiné la mascotte du groupe et j'envoie de l'argent de temps en temps mais rien de plus.

Colpi : On dit que Totoro voulait montrer vos souvenirs de la nature luxuriante de Tokorozawa, la ville où vous habitez.
Miyazaki : J'habite à Tokorozawa mais enfant, j'ai toujours vécu à Tokyo. De toute façon, étant enfant, j'ai toujours aimé jouer en plein air.

Colpi : Les héros de vos films sont toujours des enfants. est-ce parce que vous vous adressez avant tout à un public jeune?
Miyazaki : Hormis Cagliostro et Porco Rosso, c'est vrai que mes héros sont en général des enfants, mais cela ne correspond pas à un choix conscient. Quand j'élabore un scénario, j'imagine aussi les personnages et spontanément, ce sont toujours des enfants.

Colpi : Vous ne vous intéressez pas particulièrment aux enfants? Je sais que vous avez fait partie d'un groupe universitaire d'étude de la littérature enfnatine et la façon dont sont caractérisées les petites protagonises de Totoro montre de votre part une connaissance appronfondie de la psychologie enfantine...
Miyazaki : Je vous le répète, ce n'est pas un choix précis, d'autant que je ne me considère pas encore apte à faire un film pour enfants.

Colpi : Comment cela?
Miyazaki : J'ai lu beaucoup de livres pour enfants et j'ai été fasciné par l'habileté de certains auteurs, en particulier anglais. J'ai toujours pensé que pour écrire des oeuvres aussi magistrales, il fallait un adulte très infantile. Hors, quand j'ai rencontré ces écrivains, j'ai été étonné et fasciné car ce sont tous de très grands adultes. Je crois ne pas encore avoir la maturité suffisante pour aborder certains thèmes avec autant d'habilité qu'eux.

Colpi : Que pensez-vous de livres et des autres distractions offertes aux jeunes Japonais.
Miyazaki : Au Japon, il n'y a pas de culture spécifiquement pour enfants. De temps en temps, j'ai envie de traiter les soi-disants "auteurs japonais pour enfants" avec autant de cruauté de Ceaucescu!

Colpi : Pourtant, pour ma part, j'ai été très surpris du nombre d'émission éducatives de très bonne qualité qui passent à la télé japonaise. Au Japon, l'enfant est considéré comme quelqu'un qui dans quinez ou vingt ans sera un adulte. On lui laisse beaucoup de liberté de mouvement, de choix. Surtout, on lui apprend très jeune à prendre ses responsabilités. En d'autres termes, on le traite comme un individu autonome. En Europe, ce sont les parents qui décident ce que les enfants ou non, de ce qu'ils regardent et ce qu'ils lisent. En voyage, une famille japonaise laisse les enfants libres d'aller et venir et les parents n'interviennent pas si l'enfant tombe ou se fait mal car ce n'est qu'à travers ses propres expériences qu'un enfant peut devenir adulte. En Italie, la réaction la plus courante quand un enfant se fait mal, c'est de lui donner une claque, comme pour dire "Tu vois ce qui arrive quand tu veux faire des choses tout seul au lieu d'écouter les adultes?"...
Miyazaki : Je comprends très bien ce que vous voulez dire mais il ne faut pas non plus généraliser. C'est peut-être comme ça en Italie ou en France, mais en Angleterre et en Europe du Nord, on ne traite pas les enfants ainsi et c'est dans ces pays que la littérature infantine est la plus florissante. Les Anglais considèrent l'enfance comme un moment précieux que l'on ne vit qu'une fois, c'est pourquoi ils la célèbrent tant dans leur littérature.

Colpi : Selon vous, quel est le problème de la littérature enfantine et des manga au Japon? Trop de violence?
Miyazaki : Non, la violence est un problème qui ne concerne pas le Japon. Chez nous, on sait qu'un enfant peut lire autant de manga violent qu'il veut, il ne sera pas pour autant violent une fois devenu adulte parce que toutes les forces sociales l'en empêchent. La violence fait peur dans ces pays comme l'Amérique où il n'existe pas de pressions sociales assez fortes pour forger complètement la personnalité d'un individu. En occident, ce qui fait peur, ce n'est pas la violence des bandes dessinées mais la violence quotidienne qu'elle évoque. S'acharner contre la violence des médias est un moyen d'exorciser la violence réelle.

Colpi : Vous ne pensez pas que des lectures violentes peuvent avoir une influence durable sur les enfants?
Miyazaki : Non, l'influence néfaste des produits pour enfants - au moins au Japon - n'est pas dans leur contenu mais dans leur nombre. De nos jours, l'enfance et l'adolescence des Japonais sont dominées par les manga, les dessins animés, les jeux vidéos et une foule d'autres produits. Les éditeurs violent psycologiquement les enfants en les obligeant à acheter toujours plus de bandes dessinées et de jouets. Les Japonais passent leur enfance à acheter et à suivre des modes et ils n'ont plus le temps de cultiver leur propre imagination et leur créativité. Le Japon propose aujourd'hui un nombre infini d'objets et les enfants ont assez d'argent de poche pour se les offrir ou pire, pour se laisser séduire par la publicité. C'est pour cela que les jeunes Japonais d'aujourd'hui sont faibles. Le Japon est peut-être fort économiquement à présent, mais je doute que cela continue dans l'avenir. D'une certaine manière, une énorme crise économique qui nous ferait reprendre contact avec la réalité serait peut-être une bonne chose. De toute façon, je pense que nous ne faisons que suivre la route normale d'une société civilisée qui recherche toujours plus de confort.

Colpi : Étant donné que vous vous intéressez tellement aux problèmes de l'enfance, vous n'avez jamais penséfaire un film inspiré de l'oeuvre d'un auteur anglais ou européen?
Miyazaki : J'ai toujours le désir d'adapter au cinéma Fifi Brindacier mais l'auteur ne veut absolument pas céder les droits! Pour ce qui est des oeuvres anglaises, il faudrait reconstituer les comportements et la psychologie des Anglais et je ne m'en sens pas capable. C'est un gros problème! Je voulais situer Laputa dans l'Angleterre de la révolution industrielle mais comme les Japonais ne l'auraient pas compris, j'ai préféré créer des paysages "sans nationalité" susceptibles d'évoquer des réactions chez les spectateurs du monde entier. étant donné qu'il y aura toujours ce problème avec les oeuvres étrangères, je préfèrerai adapter de bons récits japonais pour enfants, s'il y en avait!

"Il faut travailler pour le public, pas pour soi."

Colpi : Hormis les enfants, les femmes aussi occupent une part importante dans votre oeuvre. Toutes sont énergiques et dotées de fortes personnalités. D'où vous vient cette manière de caractériser les personnages féminins?
Miyazaki : Au Japon, nous avons un dicton : "À femme intelligente, mari stupide". En d'autres termes, pendant que l'homme dort sur le tatami familial, c'est la femme qui s'occupe de la famille. Ce n'est pas seulement un proverbe, cela reflète la réalité et, selon moi, la façon dont les choses doivent se passer! Les femmes ont pour rôle de remettre les hommes en contact avec la réalité. Le personnage de Mrs Hudson dans Sherlock Holmes est venu de cette idée. Aussi bien Holmes que Moriarty sont deux parfaits crétins et c'est Mrs Hudson qui réussit toujours à reprendre en main les situations les plus absurdes dans lesquelles leur médiocrité les a mis. C'est pour cela que j'ai beaucoup insisté auprès de la RAI pour que Mrs Hudson soit représentée comme une humaine et non comme un chien mais je ne suis pas parvenu à les convaincre!

Colpi : Au Japon, la science-fiction a beaucoup de succès. N'avez-vous jamais pensé à situer une de vos oeuvres dans l'espace?
Miyazaki : Le monde que je connais et que je peux décrire est celui dans lequel je vis. Je ne m'intéresse pas à l'espace et aux fonds marins parce que je ne les connais pas. Rien que de penser à de tels endroits me donne le vertige!

Colpi : Sur quels critères construisez-vous un scénario?
Miyazaki : Comme je vous l'ai dit, il faut travailler pour le public, pas pour soi. Il faut chercher à concilier ses goûts avec ceux des spectateurs et avec ceux du producteur!

Colpi : Vous ne semblez pas avoir de problèmes dargent. Pour un film comme Omohide Poroporo, que beaucoup hésitait à financer, vous aviez dû rassembler une somme rondelette...
Miyazaki : Mmm, oui. Disons un milliard deux cents millions de yens, mais seulement sept cents millions ont servi à la réalisation effective.

Colpi : Et les cinq cent millions restant?
Miyazaki : Promotion et publicité.

Colpi : Pour obtenir de telles sommes, il faut que vous ayez des revenus bien supérieurs...
Miyazaki : Bah, le Studio Ghibli a été fondé avec les revenus des anciens films et...quelques emprunts! Aujourd'hui, on ne travaille plus avec des idéaux. pour faire des choses de qualité, l'argent sert plus que les bonnes intentions. Malgré cela, il y a des gens qui dépensent des milliards et des heures de travail pour faire des dessins animés complètement stupides. Tant qu'à travailler autant, je préfère réaliser des oeuvres de qualité!

Notes:

  1. Interview réalisée par un italien, F. Copi, traduite et parue en France par le fanzine Tsunami aujourd'hui disparu. Si cela pose problème nous enlèverons cette partie mais nous sommes à but non lucratif pour promouvoir les anime, etc.
  2. Surnom de Takahata. Celui de Miyazaki est Miya-san.
  3. Miyazaki admire le travail de mangaka de Tezuka mais pas son incidence sur l'industrie du dessin animé. Il le rend en partie responsable de la baisse de la qualité dans le domaine.

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