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“Après une brève introduction, nous enchaînons avec deux articles parus dans la presse nippone.”

Introduction

Après le succès de Mononoke Hime, Miyazaki lance concrètement son projet de mini-parc d'attraction Ghibli, sans commune mesure avec un Disneyland ou le musée Tezuka. Le 18 décembre 1998, l'Asahi Shinbun, le grand quotidien japonais, annonce que le musée Ghibli se fera à Mitaka, donc non loin des locaux du studio Ghibli, avec une ouverture prévu en 2001. La Tokuma Shoten, le grand groupe de presse derrière Ghibli, crée une nouvelle division, la Musseo-Darte-Ghibli, qui supporte les coûts des travaux qui s'élèvent à quelques deux milliards de yens.

Le musée ouvre ses portes le 1er octobre 2001.

Le cadeau de Ghibli

Quand j'ai appris qu'Hayao Miyazaki projetait de construire un musée à Mitaka, dédiés aux films, que lui et les animateurs du studio Ghibli avaient fait au fil des ans, je m'imaginais des cellulos exposés sur des murs. Sauf pour les fans, cela n'a pas été le voyage le plus excitant pour un samedi après-midi, surtout avec des lignes de bus rallongées qui économisent les quinze minutes de marche depuis la gare de Mitaka.

Un beau scénario, étant donné que Miyazaki et le studio Ghibli, fondé avec Isao Takahata, ont fait quelques uns des films les plus populaires de l'histoire de l'animation japonaise, comprenant Kaze no Tani no Nausicaa (Nausicaa de la vallée du vent) (1984), Tonari no Totoro(Mon voisin Totoro) (1988), Mononoke Hime (Princesse Mononoke) (1997) et cette année Sen no Kamikakushi (Le voyage de Chihiro) -- la plus grosse production jamais réalisée au Japon.

Cependant, le musée Ghibli de Mitaka ou, pour donner son nom en japonais, Mitaka no Mori Ghibli Bijutsukan, est plus proche de l'esprit de la "Main Street" de Disneyland -- la vision de Walt d'une petite ville occidentale. L'architecture sort tout droit d'un film Ghibli : Un méli-mélo de styles empruntés aux villages de pêche bordant la Mediterranée et aux villes du Sud de l'Amérique, peints avec des tons pastels et chauds, qui sont la fabrique de marque Ghibli. Il y a des touches du passé, comme la pompe à eau manuelle sous la coupole, et l'ascenseur, qui semble sorti tout droit d'un hotel parisien à l'ère Deco, mais l'effet d'ensemble fait moins nostalgique que les élements pris séparément. Miyazaki se rappelle moins d'un monde meilleur passé et propose plus un nouveau monde conçu à partir de son imagination.

Qu'y a-t-il à l'intérieur? Il n'y a pas de manège, à moins que vous comptiez le gros chat bus à fourrure envahi par les enfants (déchaussés bien entendu). Il y a cependant une boutique spécialisée dans les goodies Ghibli ansi qu'un café à l'extérieur procurant sandwitches, pop corn et autres aliments. Il y a aussi une salle de cinéma de 80 places projetant un nouveau court-métrage de Miyazaki, Kujiratori (La chasse à la baleine), mettant en scène un groupe de petits garçons dont le voyage imaginaire à bord d'un bateau en carton devient réel. Le style rappelle celui du Petit prince de Saint-Exupery, tandis que l'histoire et la réalisation sont du Miyazaki tout craché. Jusqu'à là, c'est le concept de la "Main Street" qui a été appliqué à Mitaka, non?

Pas tout à fait. Alors que la "Main Street" a proposé la galerie Disney après coup - et comme une nouvelle occasion pour écouler des produits - le musée Ghibli prend son titre de musée au sérieux. L'ensemble est une réponse aux questions posées depuis des années à Miyazaki et ses collaborateurs par les fans, les journalistes et les critiques: D'où tout cela vient-il? Comment le faites-vous? Dans d'autres mots, ce n'est pas seulement le monde Ghibli qui est rendu en grandeur nature, mais aussi les entrailles de la mécanique de création Ghibli qui sont exposées.

Tout d'abord, l'intérieur du hall principal est spacieux et s'élève dans les airs, atteignant trois étages jusqu'au ciel avec une voûte majestueuse, et plein d'arches et de passerelles, qui sont très amusantes à explorer pour les enfants. L'atmosphère est voluptueuse et légère -- plus proche d'un retour aux sources qu'un répertoire de la culture pop. C'est en fait une version idéalisée du studio Ghibli à Higashi Koganei.

La partie instructive du musée commence au début avec des projections à l'entrée qui illustrent les principes de base de l'animation, avec entre autres, un kaléidoscope, qui met en mouvement des dessins issus des films Ghibli, une fois qu'il est en route.

Le coeur du musée est néanmoins à l'étage, au second niveau. Du côté sud on voit ce qui serait le bureau personnel de Miyazaki - relié à des pièces remplies du sol jusqu'au plafond avec des livres de toutes sortes - pour la plupart des livres utiles pour les animateurs, se demandant comment dessiner un avion biplan de la première guerre mondiale ou une Alpine vista. Il y aussi des tonnes de dessins de films Ghibli, tous originaux apparamment. Le mur est couvert d'images, de photos, de mémos - encore un amas de travaux Ghibli et non-Ghibli, alors que le lien entre les deux est apparent. L'espace de travail apparait bien réel, comme si Miyazaki et son équipe venaient juste de quitter les lieux pour aller déjeuner. Tout est est à portée de main et de vol -- espérons que les gens de la sécurité sont sur le qui-vive.

Du côté nord se trouvent deux pièces consacrées à Sen to Chihiro no Kamikakushi -- le tout dernier film en date de Miyazaki et peut être le tout dernier dans l'absolu (après l'avoir fini l'été dernier, il a annoncé sa retraite). Les murs sont couverts de cellulos et de peintures du film -- arrangés de telle façon que les visiteurs puissent suivre le processus de création du début jusqu'à la fin - ainsi que des photos personnelles, des graphes de progression du travail et d'autres émanations du studio d'Higashi Koganei et qui seraient restés dans les tiroirs, ou atterri dans des albums ou à la poubelle. Montrés dans ce musée, il recrééent, avec un grande vivacité, la vie de travail au studio pendant le plus gros projet de ses seize ans d'existence.

Peut être que le plus saisissant est ce verre immense rempli à ras bord de milliers de dessins de Sen. Cette image, plus que tout, impressionne par la quantité d'effort qu'il faut pour produire un film d'animation alors que le travail préparatoire témoigne de tout le talent des concepteurs du film.

Article du 31 octobre 2001 du Japan Times.
Adaptation française T. Allais.

Une fenêtre sur le monde animé de Miyazaki

Les films d'Hayao Miyazaki réprésentent le summum d'une animation à deux dimensions, mais Takaaki et Yuriko Yatsuda les ont aidés à aborder la troisième dimension. Les visiteurs du musée Ghibli de Mitaka peuvent rester à la lumière des vitraux des deux artistes, qui reprennent les créations de l'animateur, avec un jeu de couleur étendu, leur faisant sentir qu'ils sont entourés par les personnages de Miyazaki.

Les personnages et les animaux prennent vie dans les vitraux du musée Ghibli de Mitaka. Fervent admirateur des oeuvres du réalisateur, le couple marié a été honoré de rapprocher ses personnages et ses messages des yeux de ses spectateurs.

"Nous sommes de grands fans des films de Miyazaki, parce qu'il fait justement ce que nous voulons faire dans notre art", a déclaré Yuriko. Avant d'essayer de décrire la nature première des personnages choyés comme Totoro, le chat bus et Chihiro, les Yatsuda ont étudié consciencieusement chacun d'entre eux. "Apprendre à connaître les gens autour de vous est la première chose à faire pour les aimer", explique Yuriko, "et nous devons montrer qui sont ces personnages pour ajouter plus de véracité à notre message."

Avec le personnage phare de Mon voisin Totoro, il ont cherché à convaincre de son innocence et de sa tolérance. Avec Chihiro de Sen to Chihiro no Kamikakushi, ils ont voulu montrer comment les gens peuvent dépasser leurs limites, quand ils sont face à un défi.

L'implication des Yatsuda dans le musée a commencé il y a plusieurs années. Comme Akemi Miyazaki, la femme du réalisateur, connaisait bien leur travail, on leur a demandé de créer des vitraux pour la nouvelle maison des Miyazaki. Les Miyazaki avaient seulement deux pièces en tête à l'origine, mais après avoir visité l'atelier des artistes, ils savaient qu'ils en voulaient plus. En fin de compte, on leur a commandé une douzaine d'oeuvres pour le nouveau musée.

En 1999, les Yatsuda ont commencé à travailler sur les éléments pour les fenêtres et les portes du musée, qui sont illustrées avec des personnages populaires des films de Miyazaki, ainsi que cinquante pièces représentant des plantes de la forêt et des animaux. Le résultat de deux années de travail et d'effort a été mis en place que peu de temps avant l'ouverture du musée ce mois-ci.

Yuriko et Takaaki se sont rencontrés à l'université nationale de Tôkyô des beaux arts et musiques. Ils ont finalement choisi le verre teinté comme vecteur d'expression mais ils sont toujours restés fidèles à la philosophie qu'ils ont adopté pendant leurs études d'art. "Ne créée pas d'oeuvre qui ne reflète pas ton coeur."

Yuriko explique "Nous croyons que l'amour émerge de la communication de tous les jours et de la compréhension des uns les autres , et c'est notre 'coeur'. Je voudrai rassembler toutes les choses belles et chaleureuses et les cristalliser dans mes ouvres de mosaiques, parce que je veux faire de lart qui donne aux gens une énergie positive."

"J'espère que nos oeuvres au musée donneront aux gens l'occasion de nourrir leur sensibilité. Les enfants d'aujourd'hui sont contraints à une environnement où on leur dit d'être les mêmes, sans aucune considération pour leur talent", a déclaré Takaaski. "Mais chaque personne a des centres d'interêt différents, des capacités et des sensibilités différentes, ils devraient s'appliquer à trouver leur propres rêves."

Article du 12 octobre 2001 du Shukan Shutaku Shinbun.
Adaptation française T. Allais.

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