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“Les premiers pas de l'alliance entre Disney et Ghibli”

Introduction

Les scores de Disney au box-office au Japon sont bons mais pas aussi écrasant qu'aux Etats Unis et qu'en Europe, surtout depuis le début des années 1990. L'animation japonaise est redoutable sur son marché et des films comme La Belle et la Bete se sont fait dépassés par les productions Ghibli telles que Porco Rosso. Le même problème subsiste au niveau du marché japonais de vidéo, où un titre de série télévisée comme Evangelion s'est mieux vendu que Toy Story et Pocahontas. Le seul grand succès contemporain est celui du Roi Lion, long métrage beaucoup controversé au Japon, à cause de la ressemblance évidente avec une production célèbre des Studios Tezuka, Jungle Empereur (Le roi Léo).

Ghibli est une filiale de la Tokuma Shoten Publishing Co., un énorme groupe spécialisé dans l'édition et qui connait quelques difficultés dues à la crise au Japon. La Tokuma a les droits de distribution des films de Ghibli, à l'exception du Tombeau des Lucioles. En gros, Disney est parvenu à conclure un accord avec la Tokuma pour distribuer en vidéo et au cinéma les films Ghibli dans le monde entier, à l'exception de l'Asie. Des films du studio Daiei, autre filiale du groupe, sont concernés par cet accord.

à l'annonce officielle de cet arrangement, les animefans ont eu pour la plupart deux types de réaction. La première est positive à cause de l'espoir de voir enfin les oeuvres des studios Ghibli être reconnues internationalement et à grande échelle. La puissance et l'efficacité de Disney pour la promotion et la distribution peuvent tout à fait le permettre. L'autre réaction est succitée par la crainte de voir ces oeuvres dénaturée. Certes, les termes de l'accord empêchent toute altération mais il y a une opposition flagrante entre la politique de marketing à outrance la philosophie prônée par Ghibli jusqu'alors et bien exprimée par Toshio Suzuki dans un de ses discours.

Craintes avant l'accord.

Accord entre Disney et Tokuma Shoten.
"Je me concentre juste sur la production de film."
M. Hayao Miyazaki dans la crainte des ventes à bas prix.

L'alliance de Walt Disney des Etats Unis et de Tokuma Shoten permet à des oeuvres de M. Miyazaki telles que Tonari no Totoro et Kurenai no Buta d'être distribuées aux Etats Unis, ainsi qu'à des ventes de video au Japon d'être effectuées par Disney. En guise de réponse à la question du journaliste du Sankei Shinbun du 17 juillet, M. Miyazaki à dit en ce qui le concerne : "Ce sera problématique si Disney essaye de toucher à notre savoir faire."

M. Miyazaki a dit a propose de cette alliance que "depuis que nous laissons la vente de film à la Tokuma Shoten, cela ne signifie rien pour nous qui fabriquons les films," mais d'un autre côté, il a dit que "si Disney essaye de toucher à notre savoir faire, ce sera problématique. Une partie de nos effectifs s'en inquiète."

Il critique aussi la gestion de Disney en affirmant que " Disney écoule le vidéos à bas prix. Nous ne vendrons pas des vidéos de nos propres films à bas prix." Il dit "Je pense que Tokuma a déjà vendu nos films pour beaucoup. Bien que je ne sache pas si les films se vendent bien aux Etats Unis, je souhaite que nous nous concentrions seulement sur la conception de films."

Le Studio Ghibli, la société de production d'animation de M. Miyazaki, tient les divers droits des films de M. Miyzaki et soixante quinze pour cents de ses actions sont tenues par Tokuma Shoten. Yasuyoshi Tokuma, le président de Tokuma Shoten, est aussi PDG du studio et Tokuma détient la distribution et les ventes de vidéos des films.

En 1993, Tokuma a diffusé Tonari no Totoro dans cent dix neuf salles aux Etats Unis mais les résultats au box offfice n'ont pas été bons.

En ce qui concerne cette alliance, une personne dans l'entourage de la Tokuma Shoten, a annoncé que "la discussion a commencé quand une filiale de Disney (Buena Vista Japan) est venu au Studio Ghibli dire qu'ils désiraient vendre des films du Studio Ghibli, comme leurs résulats de vente n'étaient pas bons."

Après cela, la discussion a évolué vers l'alliance, avec l'intention de la Tokuma et de Ghibli de vendre des films et des vidéos Ghibli.

Un professionel de l'industrie de l'animation considère qu'aux Etats Unis et en Europe, animation rime avec Disney. Bien que les films de M. Miyazaki soient très bien côtés à l'étranger, il est vrai qu'ils manquent d'un réseau de vente. Pour Tokuma qui désire étendre son marché à l'étranger, Je pense qu'ils veulent utiliser le réseau de Disney."

Article du Sankei Shinbun du 18 juillet 1996.
Traduit du japonais par Atsushi Fukumoto. Adaptation française T. Allais.
Disponible en anglais dans les archives de http://www.nausicaa.net.

Annonce

Tokyo - Les Studios Walt Disney ont annoncé ici une alliance avec le distributeur dans l'animation Japonaise Tokuma Shoten Publishing Co. Ltd. et Daiei KK, la quatrième plus grande société de films au Japon.

L'accord inclut les droits globaux pour la vidéo de huits long métrages de l'animateur adulé au Japon, Hayao Miyazaki. L'alliance couvre aussi la distribution internationale de la prochaine réalisation de Miyazaki l'année prochaine ainsi que plusieurs films d'action de la Daiei, selon un communiqué.

Miyazaki, dont l'oeuvre est remarquable pour ses décors détaillés de manière renversante, a produit plusieurs long métrages d'animation dont Laputa le château du ciel, Mon voisin Totoro et Kiki's Delivery Service.

Bien que les films de Miyazaki soient destinés aux enfants à l'origine, son oeuvre est aussi fortement apprécié parmi les adultes au Japon et ailleurs.

Agence France Presse, dépêche du 23 juillet 1996

Disney en passe de distribuer des films d'animateurs japonais

Tokyo -- Walt Disney Co. est peut être le plus célèbre producteur mondial de films d'animation, mais au Japon, c'est Hayao Miyazaki qui règne en maître. Les long métrages produit par le plus grand animateur du Japon dépasse régulièrement les films de Disney comme Aladdin et Le roi Lion au box office là-bas.

Maintenant, dans ce qui pourrait être un exemple du "si vous ne pouvez pas les battre, joignez vous à eux", Disney a annoncé mardi avoir obtenu les droits mondiaux pour distribuer les films de Miyazaki en videocassettes.

L'accord donnera un beaucoup plus grand rayonnement aux oeuvres de Miyazaki, qui est peu connu en dehors de son pays natal. Son plus grand succès aux Etats Unis a été Mon voisin Totoro, où deux filles se lient d'amitier avec une créature dodue et mythique. Environs cinq cent soixante mille cassettes ont été distribuées par la Fox en 1994, selon la société de production de Miyazaki, le studio Ghibli.

La nouvelle alliance a été annoncée mardi par Disney et Tokuma Shoten Publishing Co;, qui contrôle le Studio Ghibli. En plus des droits vidéo pour huit films des Studio Ghibli, Disney pourra distribuer le prochain film de Miyazaki, Princesse Mononoke dans les salles du monde entier. Ils ont aussi obtenu les droits de quelques films live d'actions d'un autre studio possédé par Tokuma.

"Les films de Miyazaki représentent la même famille de divertissement de qualité que Disney s'efforce de produire," a dit Joe Roth, président des Studios Walt Disney, dans des remarques diffusées par satellite à une conférence de presse à Tôkyô. Un autre personnalité de Disney a dit que les films avaient un "énorme potentiel" de vente au Japon et à l'étranger.

Pour Disney, le pacte renforce la ligne de production de Buena Vista Home Entertainment, sa section vidéo, et donne à la société une entrée dans l'animation japonaise qui est en train d'avoir une suite dans le monde entier.

Un aspect inhabituel de cet arrangement est que Disney sera le distributeur au Japon. En général, les sociétés japonaises ne donnent pas le droits aux sociétés étrangères de distribuer leurs produits au Japon. mais Disney est plus puissant dans le secteur de la vidéo, même au Japon que la société d'enregistrement de la Tokuma, qui tenait les rênes de la distribution jusqu'à maintenant.

Miyazaki est connu pour ses techniques d'animation pleine de vie, qui sont même vénérées par beaucoup des propres animateurs de Disney. Ses films récents ont des lignes d'histoire qui sont même louées par les standards de Disney.

Mais l'admiration de Disney pour Miyazaki n'est pas toujours réciproques. Miyazaki a dit dans une interview l'année dernière les animations récentes de Disney manquaient de décence.

Miyazaki n'a jamais fait beaucoup d'effort pour avoir ses films distribués en dehors du Japon, en partie parce que les distributeurs étrangers voulaient les couper ou tout au moins les altérer. Les officiels ont dit qu'il a été approché par la Fox et Warner Bros aussi bien que par Disney.

Mardi, à la conférence de presse, il a dit qu'il a consenti au contrat avec Disney, surtout pour aider Tokuma, qui était derrière lui quand il a commencé et qui a apparamment besoin de l'agent, y compris ce qui devrait être les dix ou trente millions de dollars payés dès le début. L'animateur de cinquante cinq ans s'est ensuite esquivé de la réception de gala, après la conférence de presse.

A. Pollack.

Article du New York Time du 24 juillet 1996.
Traduit de l'anglais par T. Allais.
Disponible en anglais dans les archives de http://www.nausicaa.net.

Interview de M. Tokuma

- Nous avons entendu dire que cette alliance a été une initiative de Disney.

Les seules adversaires que Disney n'a pas pu battre, Disney qui a une domination écrasante, sont les dessins animés produits par Miyazaki à Ghibli. Si nous comparons les revenus au box office des films qui ont été sortis environ en même temps, Porco Rosso a rapporté deux milliards sept cents millions de yens tandis que La belle et la bête de Disney en a rapporté un milliard six cents millions. De même, alors que Le Roi Lion a fait deux milliards de yens, Pompoko en a fait deux milliards six cents millions et Pocahontas sept cents millions contre un milliard huit cents millions pour Mimi. Disney a toute confiance dans ses propres dessins animés mais ils n'acceptent pas d'autres oeuvres compétitives ou d'autres sociétés concurrentes, qui les font elles-mêmes. Si Disney pense ne pas pouvoir les vaincre, elles sont achetés et, si ce n'est pas posssible, des alliances sont tentées.

- Certains disent que l'objectif de Disney est d'acquérir les droits de distribution des dessins animés de Miyazaki au Japon, et qu'ils ne font pas vraiment attention à la distribution internationale.

Hollywood s'intéresse plus aux dessins animés de Miyazaki que nous l'imaginons. Time-Warner nous a aussi contacté une fois. La raison pour laquelle les dessins animés de Miyazaki n'ont pas été distribué à grande échelle depuis longtemps est que nous avons respecté le souhait de Miyazaki qui ne voulait pas que l'on coupe ne serait-ce une minute de ses films. Mononoke Hime sera le premier film a être distribué globalement et il coûte deux milliards de yens à la production, et nous ne pouvons pas nous interrompre à moins de viser les marchés étrangers depuis le début. à part les dessins animés de Miyazaki, nous distribuons aussi internationalement Shall We Dance? et Gamera 2 et nous pourrions obtenir de bonnes conditions de la part de Disney.

- Quand avez-vous rencontré pour la premère fois M. Michael Ovitz, le président de Disney?

Kevin Costner me l'a présenté. Quand il était un musicien inconnu, nous l'avons engagé comme commercial et Kevin me l'a présenté il y a treize ans, en disant que c'était son patron. à cette époque, M. Ovitz était le président de CAA, le dénicheur de nouveaux talents et il était vraiment très fin. Nous nous sommes immédiatement entendus avec lui. Et ensuite, il a rejoint Disney et lors de sa visite au Japon en avril, il est brusquement venu me voir à Tokuma et la dicussion sur cette alliance a commencé. Après cela, de fin avril à fin mai, je suis allé dans les bureaux de Disney à Los Angeles et j'ai conclu la négociation.

- Le but de Disney est-il seulement d'acquérir le contenu de ces dessins animés?

Maintenant, il y a trois groupes qui ont des intérêts dans les médias à l'échelle mondiale. Time-Warner, News Corporation laissé par M. Murdock, et Disney. Ils penses que l'un des noyaux pour leurs affaires sont les actualités. C'est pourquoi Disney a acheté Capital Cities/ABC. Et l'autre noyaux est le divertissement familial. Le dessin animé y représente un élément important. Bien entendu, la stratégie internationale de Disney a l'Asie en vue, surtout la Chine. Quand il est venu au Japon, M. Ovitz a dit qu'il allait partir en Chine pour rencontrer le dirigeant Jiang Zemin. Il en connait bien la Chine et c'est un chercheur sur Feng Shui. Je pense que Disney va mettre en place sa stratégie sur la Chine, avec le Japon à la base.

Article du Nikkei Sangyo Shimbun du 30 août 1996.
Traduit du japonais par Atsushi Fukumoto. Adaptation française T. Allais.
Disponible en anglais dans les archives de http://www.nausicaa.net.

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