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Japan Expo 2017 §3 : Takuya Wada, Takuo Noda et Kenji Kamiyama

Par le :: Manifestations

japan_expo , 2017

Après une première vue d'ensemble et les conférences des producteurs japonais invités, ce 3e article sur Japan Expo 18e impact se focalise sur trois autres invités : Takuya Wada, Takuo Noda et Kenji Kamiyama.

Takuya Wada a inauguré le cycle de conférences dans la salle Animé 100. Pendant cette intervention individuelle, il était interdit de prendre des photos sans doute à cause des images qu'il partageait, car il n'y a eu aucune restriction pendant les interventions collégiales auxquelles il a participé par la suite, ce qui me permet d'illustrer sa présentation du jeudi matin, où il est revenu longuement sur sa carrière.

Japan Expo 2017

À 55 ans, il totalie près de 40 ans d'expérience professionnelle et il a donc commencé très tôt. Jeune, il aimait dessiner et était intéressé par la cinéma et les anime. Il voulait savoir comment cela était produit et à l'époque où de telles informations étaient difficiles à obtenir pour un adolescent, il a eu l'idée de consulter les crédits à la fin des épisodes de Lupin III pour repérer le nom des studios, puis il a cherché leurs numéros de téléphone et c'est ainsi qu'il a pu d'abord visiter Tokyo Movie Shinsha où travaillait encore Hayao Miyazaki.

Takuya Wada a persévéré dans cette voie en allant encore à l'école en journée mais le soir il était au studio jusqu'au dernier temps et il s'est familiarisé avec le processus de création des anime. Il a appris le métier d'animateur ainsi, avec le soutien de grands professionnels tel que Yasuo Otsuka. À 16 ans, le jeune Wada était intervalliste et avait trouvé sa voie.

Ses parents l'ont soutenu dans sa démarche et accepté qu'ils terminent ses études à la sortie du lycée sans aller à l'université. Dans son domaine, Takuya Wada considère les études supérieures comme une perte de temps : Quand un étudiant sort diplômé, il peut uniquement prétendre à un poste de débutant. Au même âge, l'animateur japonais avaient plusieurs années d'expérience derrière lui et à 21 ans, il était déjà directeur de l'animation sur Hokuto no Ken.

Les OAVs sont apparues au milieu des années 80, avec une multiplication des sorties dans les années 1990. Takuya Wada a ainsi participé à des volets de Violence Jack mais il a du enchaîner les productions, où il fallait faire plus de quantitatif que de qualitatif. Si les phases clefs se déroulaient au Japon, les tâches annexes étaient sous-traitées à l'étranger et l'animateur japonais se souvient d'avoir critiqué la qualité du travail des équipes en Corée pressées par le temps. Il a déclaré sur une boutade que cela irait plus vite s'il était aussi là-bas. Le lendemain, le producteur lui a payé le voyage en Corée pour qu'il aille superviser le staff et corriger leurs dessins.

La qualité est à mille lieux du travail léché que pouvait fournir un Yoshinori Kanada, l'animateur de génie disparu en 2009. Takuya Wada a collaboré quelques temps avec lui et lui attribue un style unique dans l'industrie japonaise, dans la manière de composer les scènes et le timing, en parlant carrément d'animation limitée Kanada. Il a aussi constaté que les jeunes animateurs ont tenté de reproduire son style.   

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En parallèle, Takuya Wada a pris de conscience de l'avancée du cinéma américain après avoir vu des classiques de la science fiction tel qu'Alien ou Star Wars. Des scènes qu'il pensait uniquement faisable en anime, étaient désormais possible en live à Hollywood.

Démotivé par la baisse qualité, la charge de travail et les délais impossibles mais aussi curieux du cinéma américain, Takuya Wada a décidé de faire une pause après 15 ans de carrière dans l'animation et s'est envolé aux Etats Unis pour s'initier aux techniques d'animation et de maquillage. Il y reste pendant 2 ans en multipliant les rencontre, grâce notamment à son statut de directeur d'animation sur Hokuto no Ken, populaire chez les américains. Il a ressorti son anecdote où contre un dessin de Kenshirô, il a pu découvrir les coulisses du travail de Tim Burton, grand fan de l'homme aux 7 cicatrices.

De retour au pays, l'artiste japonais a lancé sa société de maquillage et d'effets spéciaux. Il a travaillé sur plusieurs séries télévisées et des films live dont Ring, où il est fier de son personnage de Sadako et d'avoir fait le story-board de la fameuse scène où elle sort du poste de télévision.

Il a réaffirmé que les séries live et du cinéma ont les mêmes fondation que les anime mais il apprécie les différences, notamment au niveau de la communication entres les personnes qui travaillent sur un projet commun. Pour un anime, la communication importe vraiment au niveau du réalisateur et du producteur, mais ne va pas vraiment au delà selon. Sur un tournage, tout le monde se retrouve sur un même lieux et n'arrête pas de discuter. Son expérience aux Etats Unis l'a marqué quand il a du travailler main dans la main avec un cameraman avec qui il a finalement dialogué via le support d'un story-board.

Sa parenthèse hors de du domaine de l'animation a duré 15 ans et il a désormais une grande de diversité de projets. Sur Tiger Mask, par exemple, il ne travaille pas sur l'anime mais il produit les vidéos pour les dérivés sur les machines pachinko. Il est également designer de masques de catcheur et nous avons eu droit à une bande annonce de Fighting Musical Makai, un mélange de musique, de théâtre et de combats.

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Le 2e invité que j'aborde dans cet article est Takuo Noda, célèbre en tant que chara designer de Capitaine Flam. La conférence qui lui était consacrée était le dimanche matin, mais il était aussi là pour traiter avec d'autres animateurs des années 70 et 80 de l'animation japonaise.

C'est également une personne qui a très bien connu le regretté Yoshinori Kanada. Il l'a embauché au sein de son studio alors que l'animateur n'avait alors que 22 ou 23 ans et encore peu d'expérience derrière. Takuo Noda a pu voir et superviser tout son talent et Kanada est resté 3 ans avant de prendre son envol et poursuivre sa riche carrière ailleurs. La fierté de Takuo Nada est d'avoir été le premier à le repérer.

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Takuo Nada a débuté son cursus professionnel sur Tetsujin-28 pour lequel le studio Tele-Cartoon Japan embauchait en masse à l'époque et où il a pu rencontrer d'autres personnes talentueuses en dessin. IL a ensuite enchaîner sur 8-Man et d'autres séries de robot. La grande popularité d'Astro Boy a multiplié le nombre d'anime sur les robots.

Personnellement, il préférait dessiner des personnages plutôt que des méchas, avec quelques difficultés pour reproduire des robots au début mais il y a pris du plaisir et s'est de plus intéressé au genre de science fiction. Pendant sa longue carrière, il a participé par la suite à de nombreuses adaptations des mangas de Go Nagai qui mettaient en scène des robots.

Les mentors de Takuo Noda au sein de Tele-Cartoon Japan ont décidé de démissionner pour rejoindre la Toei et l'ont entraîné avec eux dans la nouvelle aventure, bien qu'il se sente bien où il était.

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Au bout de 5 ans, il a fondé sa propre société, Studio One, en compagnie d'autres animateurs de chez Toei. À l'époque, la major japonaise connaissait des conflits sociaux qui concernaient d'autres départements que l'animation mais cela a plombé l'ambiance et a convaincu Takuo Nada à avoir sa propre structure. Cela ne l'a pas empêché pas de conserver des relations avec son ancien employeur qui lui a proposé le projet de Capitaine Flam, où il a été en charge du chara designer.

Le travail était différent ce qu'il faisait d'habitude, avec d'une part des personnages adultes alors qu'il mettait souvent en scène des adolescents et d'autres part, c'étaient des protagonistes étrangers. En discutant du personne de Curtis avec le producteur et le réalisateur, le nom de Robert Redford s'est incrusté dans la conversation et Takuo Noda s'en servi finalement de modèle. Il a également épluché les magazines de cinéma pour trouver l'inspiration et il pense qu'il a réussi a produire des personnages cool.

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Il a été ensuite sollicté par Madhouse pour être directeur d'animation sur Harmagedon réalisé par Rintaro. Il a mis une semaine avant d'accepter le poste sur ce film pour adultes, avec des personnages réalistes. Avec le recul, il a constaté qu'il y a ceux qui avaient participé à la production de cette oeuvre avant-gardiste et ceux qui avaient raté le coche, notamment au niveau des jeunes animateurs qui ont connu de belle carrière par la suite.

Après le succès d'Harmagedon, Madhouse a réfléchi à la production suivante avec Rintaro et cela a été l'Epée de Kamui qui a été ensuite proposé à Takuo Noda mais sans qu'il contribue à la genèse du projet.

Pendant la conférence, Takuo Noda a dessiné un layout de Capitaine Flam. Conçu habituellement à partir d'un e-conte, le croquis inscrit dans un cadre qui simule le cadre de la caméra doit souligner les mouvements à l'écran et les angles de vue. Les détails du dessin sont laissé au soin des animateurs des poses clefs et aux intervallistes. Ces derniers doivent répondre ensuite à la demande du réalisateur qui inspecte leurs travaux et demande des corrections si besoin est.

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Avec Kenji Kamiyama, nous faisons un saut de générations. Le réalisateur japonais avait déjà répondu à des question à l'avant-première de son film Hirune Hime en début de semaine à Paris - film sorti au cinéma d'ailleurs le 12 juillet 2017 et dont vous pouvez lire la critique dans notre encyclopédie - mais à Japan Expo, il était question de Ghost in the Shell. Kenji Kamiyama était accompagné de Yoshiki Sakurai, producteur sur Hirune Hime mais aussi scénariste à l'époque de Ghost in the Shell Stand Alone Complex dirigé par Kamiyama.

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Ghost in the Shell est devenu la marque de fabrique de Production I.G. par le nombre de projets déjà faits au travers de cette licence mais aussi via ceux à venir.

Kenji Kamiyama a commencé sa carrière dans l'industrie de l'animation au poste de décorateur, ce qui lui a permi de participer à la production de grands films tel qu'Akira ou Kiki la petite sorcière, et de commencer à nouer des contacts. Il poursuivi sa carrière jusqu'au poste de réalisateur, notamment sur Ghost in the Shell Stand Alone Complex.

À l'époque, Production I.G. développait le film Innocent de Mamoru Oshii mais la société avait l'idée de lancer une nouvelle série en parallèle, qu'elle a confié à Kamiyama mais il n'avait pas d'équipe avec lui car tout le staff expérimenté était assigné au long métrage. Le réalisateur a du commencer avec uniquement le producteur et le chara designer. Grand fan de la licence, Kenji Kamiyama n'a pas du tout retenu les conditions difficiles de son travail et encore moins la pression de devoir réussir sur une série dont les épisodes coûtaient le double du standard habituel. En fait, il était tout guilleret de pouvoir adapter le titre qui lui était prédestiné.

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Alors qu'il était étudiant dans le domaine de la robotique, Yoshiki Sakurai a été envoyé par son directeur de thèse chez Production I.G., où il a rencontré Kamiyama. Il a pu apporter des idées pour décrire la vie économique et sociale dans le Japon de 2030. IL a poursuivi sa collaboration pendant 6 mois puis a voulu arrêter l'expérience pour se concentrer sur le coeur de ses études. C'est à ce moment là, que Kamiyama lui a proposé de faire partie intégrante de la production.

Les scénaristes ont eu du pain sur la planche avec en premier lieu le choix du titre pour reprendre la vision de Kamiyama sur son volet de Ghost in the shell, qu'il voulait différent des longs métrages de Mamoru Oshii. Là où Oshii insiste sur les personnages qui se font hacker, Kenji Kamiyama a préféré insister sur la protagonistes qui agissent en dehors des réseaux. Il s'intéresse au lien entre la société et un individu.

Le souvenir traumatisant de Yoshiki Sakurai pendant la production est d'avoir eu des réunions de 12 heures pour convaincre tout le monde sur tel ou tel sujet.  

Pour bâtir l'histoire, le réalisateur a proposé de partir d'oeuvre existence, de les décomposer puis de rassembler des morceaux pour produire un récit original. Plus que le résultat, les scénaristes ont repris la méthode à leur compte et une des conséquence est la multitude références dans la série à des oeuvres étrangères.

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Kamiyama voulait également faire appel à un compositeur différent et a tout misé sur Yôko Kanno, très sollicitée à cette période. Quand il l'a rencontrée, il a senti qu'elle était venu pour refuser le projet mais il a réussi à plaider sa cause. Il s'est senti dans la peau d'Aramaki pour jouer les chefs d'orchestre, avec notamment des consignes strictes pour les responsables de chaque épisode mais pour Yôko Kanno, il lui a laissé carte blanche. Il a juste eu la surprise de voir qu'elle était partie sur une idée de genre Rock'n'roll des années 70 quand elle l'a rencontré, pour aboutir finalement à une bande originale sur fond de musiques hip-hop.

Pour la première série de Ghost in the Shell Stand Alone Complex, Production I.G. a eu le renfort de Masamune Shirow qui a procuré un vivier d'idées pour au moins 5 épisodes. Pour Yoshiki Sakurai, le personnage du rieur est bien représentatif du Kamiyama de cette époque.

Dans la production de la 2e série, Mamoru Oshii a contribué en proposant à Kenji Kamiyama d'aborder la thème de la guerre. En effet, par rapport au premier volet, le monde est décrit plus dans sa globalité en mettant en avant le problème de réfugiés et des réflexions sur une nouvelle forme de guerre. Au début, Kenji Kamiyama montrait de la curiosité pour la société mais le 2e volet exprime plus de colère contre cette même société.

Le nouveau projet en chantier de Ghost in The Shell a été brièvement abordé mais rien n'a été dit car le format n'est même pas défini. De manière plus générale, Kenji Kamiyama a rappelé sa position déjà exprimée pendant l'avant-première de Hirune Hime : Il ne pense plus que les messages via des anime violent aient autant d'impact sur le public qui vit dans un environnement de plus en plus agressif avec les problèmes de terrorisme et autres.

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