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Lecture de l'ouvrage Histoire(s) du manga moderne

Par le :: Manga

mangas , 2015

J'ai eu connaissance du projet par la bouche même d'un de ses auteurs, en mai 2014, à la collation juste après la conférence de Japan Expo 15. La campagne chez MyMajorCompany était lancée et différents médias spécialisés donnaient un coup de pouce pour faire connaître le futur livre encyclopédique, qui devait parcourir 60 ans de l'histoire du manga.

La récolte de fonds s'est déroulée mieux que prévue, ce qui a conduit à avoir une frise murale résumée et de nouvelles sections, donc des pages supplémentaires par rapport au projet initial : Le joli pavé en comporte finalement plus de 200. D'abord espéré pour Noël 2014, le livre est sorti en fin de compte dans une période de publication moins dense, en avril dernier. Pour ma part, j'ai opté pour une édition collector, qui se démarque un peu de la classique par sa couverture et aussi par ses bonus, à savoir quelques produits dérivés et un fascicule Road-trip au Japon composé de petits reportages et interviews effectué au printemps 2014.

Honnêtement, j'ai suivi la genèse du bouquin, d'un oeil très distrait, même s'il y avait des nouvelles via les messages des auteurs. J'avais remarqué le report de la date de sortie mais je n'avais pas regardé en détail le contenu. J'étais juste un peu dubitatif par le résultat que pourrait avoir la galerie d'illustrations par des dessinateurs français au style manga – dont je ne suis pas fan – et je n'avais retenu que le format en double pages, avec une description par année à gauche, accompagnée par la biographie d'un auteur sur la page de droite.

Histoire(s) du manga moderne

C'est effectivement la structure principale de l'ouvrage, précédée cependant par une introduction qui   résume l'histoire du Japon, de l'ère Meiji jusqu'à la fin de l'occupation américaine en 1952. Quatre autres pages exécutent le même exercice en décrivant l'avènement de la bande dessinée au Japon, depuis ses origines jusqu'aux années 1950.

La section encyclopédique commence donc en 1952. Cela m'a agréablement surpris car je m'attendais à remonter au mieux dans les années 60 mais il y a déjà matière à raconter pour les dix années précédentes, et l'étude s'étend jusqu'en 2012. Pour chaque année traitée vous avez un aperçu des principaux titres parus mais aussi des événements divers et variés qui ont marqué le Japon. Certaines influences sont clairement mises en valeur et expliquent les thèmes que peuvent avoir choisi des auteurs de manga par la suite.

L'intention est louable mais le rappel systématique de l'histoire du Japon et la société finit par prendre une place considérable, surtout lorsque le lien avec le manga n'est pas évident. Nous arrivons à un tiers et voir même la moitié du texte consacré à autre chose que du manga – même si c'est très intéressant -, alors que nous sentons que des choix difficiles ont été faits pour sacrifier tel ou tel titre, qui aurait eu sa place pendant l'année en question.

Les rédacteurs reconnaissent volontiers que même avec un nombre de pages doublé, il aurait été impossible d'être exhaustif. D'autant, qu'il y a sans doute plus à raconter sur certaines périodes que sur d'autres et c'est l'inconvénient de la maquette par année : le schéma rassure en offrant un cadre commun aux écrits, qui évite de se disperser, mais il impose aussi des contraintes.

Après, j'ignore si la meilleure méthode, dans cette situation, consiste à élaguer pour faire entrer les informations au forceps dans un nombre de signes limités. Je ne peux pas m'empêcher de penser au projet des Deux Reines, d'abord destiné pour une série télévisée avant d'être transformé en long-métrage. L'approche naturelle avait été de couper dans le scénario mais finalement la seule façon d'y arriver avait été de repenser l'intégralité du scénario.

Dans Histoire(s) du manga moderne, vous avez une densité d'information incroyable mais qui ne permet pas toujours une lecture fluide dans les pages qui traitent de la chronologie des événements et des sorties, la faute à un aspect catalogue et énumération, qui prend le pas sur la présentation. Je n'ai pas de référence d'autres ouvrages traitant du même thème mais j'apprécie beaucoup plus l'approche des événements, telle que j'ai pu la voir dans Le Grand livre de l'Histoire du Monde. Le texte traite d'un thème particulier sur une période donnée, de manière fluide, et tout les éléments encyclopédique en rapport et le détail des dates sont mis dans un encart juste en dessous. Cela allège le texte principal tout en enrichissant le contenu.

Histoire(s) du manga moderne

En ce sens, j'aime bien la partie rajoutée à la fin de ce livre encyclopédique sur le manga, avec le zoom sur plusieurs aspects ou genres, tels que la vie de mangaka, les robots ou encore les arts martiaux. Le texte principale se focalise sur la thématique alors que les encarts décrivent quelques titres, même si parfois, je regrette la trop grande place des descriptions des mangas par rapport à la présentation du thème.

Cela m'a aussi fait beaucoup aimer les illustrations par les artistes français, que j'appréhendais tant. Chaque composition illustre une période ou un événement particulier, tels que le groupe de l'an 24 ou l'ouverture du manga vers l'international. Quelque part, je me demande si je n'aurai pas préféré ce genre de têtes de chapitre en tant que double pages, en guise de structure. Sur le net, je suis tombé sur un dossier compilé de feu Shinmanga. C'est loin d'être aussi complet ou ambitieux, mais le plan m'a plus séduit.

Histoire(s) du manga moderne

Sinon, en face de la description des événements de chaque année, vous avez la biographie d'un auteur en particulier, sur une page. Il n'y a rien à redire sur le contenu et cela rappelle avec plaisir les hors séries 5 et 10 d'Animeland qui traitaient aussi des dessinateurs de manga, sauf que là, vous avez droit à une soixante d'auteurs. La question peut en revanche se poser sur le choix des mangaka notamment pour les années les plus récentes. L'Histoire s'arrête généralement dix ans avant la date actuelle pour laisser un peu de recul mais là vous avez seulement deux ans, donc ce n'est pas forcément évident de deviner qui laissera sa marque. Je ne suis pas sûr que Mari Yamazaki soit si marquante et que ce soit une bonne idée d'éluder Masashi Kishimoto, même s'il n'a fait "que" Naruto jusqu'à présent. D'un autre côté, cela permet de varier les portraits.

Parmi les bonus, vous avez aussi une partie "Histoire du manga en France", qu'il faudrait rebaptiser "Discussion au café du commerce avec 3 éditeurs". Vous en apprenez un peu sur l'historique du manga, en France notamment sur Tonkam, mais aussi beaucoup sur la relation avec les éditeurs japonais.

Enfin, le véritable chapitre de conclusion aborde les challenges que rencontre le manga au Japon, à savoir le vieillissement de la population, la dématérialisation des supports et la fusion des genres, qui sont autant de pistes de réflexions sur l'avenir.

Histoire(s) du manga moderne

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