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Geekopolis 2014 : Conférences Sword Art Online et hommage à René Borg

Par le :: Manifestations

conventions , 2014

Initialement, je n'avais pas l'intention de faire le déplacement à Geekopolis mais j'ai remporté une place cette semaine via le concours organisé par Kimono Orange et j'ai donc fait le déplacement jusqu'à Paris, au parc d'exposition de la Porte de Versailles.

La manifestation se situe dans la Hall 7, et même si c'est loin du métro, il n'y avait aucun problème de signalétique pour trouver l'entrée. Je n'en dirai pas autant, une fois arrivé à l'intérieur. Vous pouviez difficilement rater les stands d'informations, qui laissait à disposition un guide du visiteur avec le programme détaillé du week-end, aussi bien au niveau des conférences que des ateliers. Le seul bémol était d'avoir le samedi et le dimanche séquentiellement pour chaque salle, ce qui n'était pas très pratique pour surveiller uniquement les rendez-vous de la journée. D'un autre côté, la description permet d'avoir autre chose qu'un titre brut, pas toujours explicite.

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Le fascicule comportait aussi les plans de chaque pôle, sachant que la convention rassemble des univers hétéroclites, de la japanimation à la fantasy, en passant pas le high tech. En revanche, il manquait cruellement un plan d'ensemble pour se repérer et dans les couloirs, hormis l'affichage des flèches pour indiquer les salles, je suis passé complètement à côté de la signalétique qui était sensée diriger vers les différents secteurs. En arrivant, je ne suis arrivé à rejoindre Little Tokyo qu'en suivant les indications pour la salle Godzilla. À la fin, j'ai même mis du temps à trouver...la sortie.

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J'ai commencé mon après midi par la prestation de la chorale des Negitachi, qui reprennent des classiques des musiques anime et jeux vidéo, en les remodelant à leur sauce, et uniquement en chants, sans instruments. Ils ajoutent aussi une mimique qui donne une belle touche humoristique à la chanson, quand il s'agit d'illustrer Tétris par exemple. Musicalement, c'était sympathique mais sans micros, c'était un peu juste pour bien entendre, même en étant près de la scène.

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Les invités japonais de cette année étaient Tomohiko Ito, le réalisateur de Sword Art Online, et Shinichirô Kashiwada, producteur chez Aniplex sur la même série. Ils tenaient deux conférences, l'une sur Sword Art Online et l'autre, un peu plus générale, à propos des étapes pour la création d'un anime au Japon.

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Les deux visiteurs étaient venus avec plusieurs cadeaux, que des personnes ont pu gagner dans la salle via une tombola. Parmi les lots, il y avait les scripts de plusieurs épisodes. Tomohiko Ito a également fait quelques annonces officielles en rapport avec le 2ème série de Sword Art Online qui débute cet été et dont une courte bande annonce a été diffusée. La réalisateur a confirmé que la série sera diffusée en simulcast de manière internationale et que le premier épisode passera en France en avant première à Japan Expo – étant donné le lieu de l'annonce, le nom de la convention n'a pas été donné explicitement mais vous avez l'information sur le site officiel de l'anime.

Pour le contenu de la conférence sur Sword Art Online, les invités ont d'abord refait une courte présentation de l'anime.  Tomohiko Ito s'est retrouvé sur le projet parce qu'il a été sollicité et qu'il a accepté, tandis que Shinichirô Kashiwada est revenu un peu plus longuement sur le succès du roman qui a suscité son intérêt de producteur. L'histoire a pour cible les collégiens et les lycéens, avec un personnage de Kirito trop puissant aussi bien au goût du réalisateur que du producteur, mais avec une Asuna charismatique et un univers intéressant.

Peu adepte des jeux vidéo, même avant qu'il ne commence à travailler, Tomohiko Ito  a cependant passé un mois sur les MMORPG pour se familiariser un minimum avec le concept.

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Le challenge de l'équipe du studio A1 Pictures, à qui la production de l'animation a été confiée, a été de mettre des images et du mouvement là où le roman laisse faire l'imagination du lecteur. L'équipe a tenu a bien retranscrire les mêmes émotions, même si le travail était facilité par la richesse du récit original. Jusqu'à l'épisode 10, le réalisateur s'est tenu à suivre l'histoire sans éprouver le besoin de rajouter sa touche. Après, il a du insérer des éléments pour éviter une impression de raccourcis que peut se permettre le roman mais pas la série télévisée.

Shinichirô Kashiwada a noté une différence de taille avec une scène de bain olé-olé d'Asuna, qui n'a pas été adaptée dans l'anime, pour éviter de choquer les spectateurs.

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La production a été faite en étroite collaboration avec l'auteur du roman, Reki Kawahara, qui a validé les modifications. Ni Tomohiko Ito, ni Shinichirô Kashiwada ne le connaissaient avant que le projet ne démarre. La producteur d'Aniplex a tenu à rappeler que malgré le grand succès du roman Sword Art Online, son auteur est resté quelqu'un de simple et a peu notoriété dans les médias. Reki Kawahara a accompagné le projet avant et pendant la production et, selon le réalisateur, l'écrivain s'est montré à la fois très impliqué tout en étant très conciliant.

Quelques mots ont été dits sur le Sword Art Online Extra Edition : Le réalisateur a retenu que c'était un manière sympathique de reprendre une histoire qui a bien marché et le producteur a souligné que c'était l'occasion de découvrir les personnages en maillots de bain.

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Pendant la conférence sur la création d'un anime, Shinichirô Kashiwada a commencé à aborder les tâches très en amont. Son profil est intéressant parce qu'il se situe en tant que producteur financier et non pas en tant que producteur de l'animation proprement dite. Ainsi ses premières tâches consiste à planifier mais aussi à qualifier le produit du projet et la cible du public visé. Son travail est de réunir les différentes sociétés susceptibles de participer et contribuer financièrement au projet.

Pour Sword Art Online, par exemple, une trentaine de sociétés ont été approchées pour fournir les 200 à 300 millions de yens nécessaires à la fabrication de la série. Les sponsors forment le comité de production et chaque membre indique ses conditions pour faire partie de l'aventure. Des discussions s'amorcent sur la stratégie quant à la diffusion nationale ou internationale, mais aussi sur des sujets liés à la répartition des droits et à l'usage des licences.

Cela donne les bases légales aux contrats qui sont négociés plus en détails et plusieurs productions peuvent être lancées en avance de phase pour générer des royalties, qui servent ensuite au financement de l'animation proprement dite.  

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L'une des sous-tâches est ensuite de décider du studio qui va produire l'anime et à partir de là, le réalisateur puis le character designer, par exemple. Le producteur doit aussi bien réfléchir au titre, à l'apparence du copyright et aux différentes bandes annonces. Son travail continue après la diffusion avec les sorties Blu-ray et DVD qui conditionnent souvent le lancement d'une suite éventuelle.

Le choix des interprètes de chansons est teinté de connotation politique. Aniplex étant une filiale de Sony, les équipes sont tenues de privilégier les artistes de la maison, mais les artistes et leur tempo doivent cependant être compatibles avec l'anime.

De son côté, le réalisateur Tomohiko Ito a présenté rapidement les étapes de la production de l'animation proprement dite, avec d'abord une discussion sur les grands thèmes de chaque épisode, avant d'aborder le scénario et la transcription, séquence par séquence dans un E-conte et s'est même fendu d'un exemple sur le tableau à feuilles.

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Il a souligné l'importance de l'E-conte qui conditionne tous les travaux d'animation qui s'enchaînent après de manière naturelle et rapide. L'enregistrement sonore se produit une fois l'animation terminée, même si quelques travaux de finition sont effectués après pour assembler des plans par exemple.

Dans le cas de Sword Art Online, le cycle complet depuis l'initiation à l'animation a mis environs deux ans. C'est relativement rapide dans l'esprit de Shinichirô Kashiwada, qui connaît des projets encore bloqués dans les premières phases au bout de cinq ans.

Après la première conférence où j'étais resté sur ma faim, je pensais que la deuxième séance allait être bateau mais finalement, c'était captivant, avec le rôle du producteur plus mis en avant que d'habitude. Il est juste dommage que l'environnement n'ait pas été franchement à la hauteur entre un seul micro qui fonctionnait, des lumières qu'il ne fallait pas allumer sous peine de poser problème ailleurs et la sono à fond dans la salle voisine pendant la présentation.

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Outre les rendez-vous avec les invités japonais, je suis allé faire un tour à la conférence hommage à René Borg, le célèbre animateur français disparu cette année. C'était l'occasion de redécouvrir plus en détail les presque 40 ans de carrière, avec cerise sur le gâteau, le témoignage et les anecdotes du fils, Patrick Borg.

Même la partie didactique était intéressante car elle était plus complète que ce que vous pouvez trouver sur le net. En lisant les différents textes vous percevez la richesse de sa carrière mais moins son côté rebelle ou les problèmes qu'il a rencontrés.

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J'ai appris que le lancement des Shadocks – un projet qui poireautait depuis 3 ans - était du à un changement de direction au département recherche de l'O.R.T.F. et que la diffusion a commencé avec seulement trois épisodes qui étaient prèts. Les créateurs s'en sont sortis grâce à mai 68 qui a tout interrompu jusqu'en septembre, ce qui leur a donné un délai supplémentaire pour produire la suite. Je n'imaginais pas non plus que la fabrication se faisait directement sur la pellicule de 35 mm, sans passer par un format intermédiaire.

Je n'avais pas fait attention non plus à l'animographe, la machine de Jean Dejoux, qui accélérait la production d'animation et qui a fini aux Etats Unis, où le français séjournera 18 ans. René Borg l'a rejoint avec la moitié de l'équipe de production des Shadocks et il a passé quelques temps aussi en Amérique.

Pour l'époque DIC, j'ai retenu l’anecdote où l'homme mûr qu'est René Borg voyagait avec le petit jeune qu'était Jean Chalopin. Alors que Jean était le patron, tous les interlocuteurs prenait l'animateur pour le chef. Pour éviter ce quiproquo récurrent, René Borg en a discuté avec son jeune patron, qui a fini par se laisser pousser la barbe pour faire plus âgé. Au même moment, en travaillant sur Ulysse 31, l'idée est venue d'avoir un Ulysse avec une barbe.

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La production d'Ulysse 31 n'a pas laissé que des souvenirs agréables à René Borg. Alors que le pilote a été bâti au Japon, il s'est brouillé avec Jean Chalopin, qui a refusé de refaire des scènes saccadées rendues par les japonais. L'animateur français s'est mis en retrait du projet tout en restant conseiller artistique. Du design des personnages du pilote, il ne restera que le petit robot, Nono.

Un autre détail est qu'il est seulement crédité de directeur artistique sur les volets d'Il était une fois, alors qu'il en était le réalisateur effectif. Cependant, en difficulté à l'époque pour trouver un projet, il a accepté de rester dans l'ombre, en abandonnant les droits associés. Encore plus criant, il s'est mis à apostropher en public l'un des auteurs de l'équipe pendant une séance au festival d'Annecy pour l'accuser d'avoir utilisé des nègres littéraires.

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Plus positivement, la conférence est revenue sur plusieurs rencontres qu'avait fait l'animateur et je retiens notamment celle avec Michel Legrand. Le compositeur français est déjà une grande star à l'époque, dont les services étaient hors de la portée de la bourse d'un petit studio, mais au cours du dîner où ils ont fait connaissance, Michel Legrand a discuté du projet en cours de René Borg et a entamé la composition de la chanson de ce qui sera plus tard le générique d'Oum le Dauphin.

Pour l'anecdote, j'avais eu la chance de voir René Borg pendant le Cartoonist 2000 à Toulon, où il était effectivement chambreur en public en se plaignant faussement que Toshihiro Kawamoto, le character designer de Cowboy Bebop, dessinait beaucoup mieux que lui. J'avais eu droit à ma dédicace de la part de René Borg mais dans un premier temps, l'animateur avait été incapable de se souvenir comment dessiner Oum le dauphin que j'avais demandé. Il m'avait finalement fait un Watoo Watoo mais au moment où j'allais partir – il restait du monde derrière moi – il m'avait sorti : "et pour le deuxième dessin, je vous fais quoi ?"

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