Riko, douze ans, vit à l'orphelinat de Belchero. Comme ses camarades, elle est formée depuis son plus âge pour rejoindre un jour les excavateurs qui constituent le principal corps de métier de la ville d'Orth. Cette cité tient sur l'étroite bande de terre d'une île qui a un immense gouffre béant en son centre, l'Abîme.

La cavité est univers partiellement explorée, où personne n'a encore atteint le fond, tout au moins à la connaissance des gens à la surface. Il suscite toutes les attentions car il contient des trésors enfouis issus d'anciennes civilisations, dont il est possible de trouver déjà des traces à quelques mètre de profondeurs. Plus on s'enfonce profondément, plus il est possible de tomber sur des objets rares et précieux qui peuvent faire la fortune d'un excavateur.

L'objectif de tous les apprentis est de pouvoir explorer de plus en plus en profondeur mais cela ne fait pas naturellement et il faut s'entraîner : À l'image de la plongée sous-marine, où la remontée trop rapide depuis une grande profondeur peut s'avérer mortelle, l'abîme a sa propre malédiction en frappant ceux qui descendent trop bas et s'aventurent à vouloir remonter.

En tant que débutante encore en apprentissage, Riko est autorisée à fréquenter la zone à quelques dizaines de mètres de profondeur, en enviant ceux qui peuvent prendre chaque matin la nacelle pour descendre 400 mètres plus bas. Elle rêve de pouvoir suivre les traces de sa mère, une véritable légende parmi les explorateurs et une des rares sifflets blancs, capable d'atteindre les profondeurs maximales connues du gouffre. Riko est cependant sans nouvelles d'elle depuis maintenant dix ans.

Pendant une de ses explorations, l'adolescente tombe sur un garçon androïde qui lui sauve la vie mais qui perd ensuite connaissance. Avec l'aide de ses amis, Riko décide de le ramener et de le cacher à l'orphelinat.

Le chara design suit le style imposé par le manga d'origine d'Akihito Tsukushi en donnant un visage très rond aux jeunes protagonistes, accentuant visuellement leur caractère infantile. Nous sommes aux antipodes de Ballroom e yôkoso où les collégiens ont l'air d'être au contraire en terminale. L'apparence "bébé" peut donner l'impression que la série s'adresse aux enfants ou du moins que le téléspectateur va suivre les aventures gentillettes d'un groupe de gamins. En fait, c'est une impression complètement fausse qui pourrait vous faire rater l'une des meilleures – sinon la meilleure – séries de 2017.

Le monde imaginée est très riches. Pas tellement celui de la surface, où la ville a ses us et coutumes, mais pas plus originaux que bien d'autres univers. Cela manque d'ailleurs un peu de détails dès que l'on quitte le cadre des activités de l'orphelinat. L'île est en fait relativement petite mais guère d'éléments sont dévoilés sur les contrées au-delà qui interagissent pourtant avec la cité.

L'originalité vient de l'Abîme lui-même, d'abord décomposé par palier qui reflète un monde à part entière à chaque fois, avec sa faune et sa flore. Nous retrouvons l'atmosphère similaire des tableaux rencontrés dans le Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne. Le récit n'est pas juste une quête pour dénicher des trésors ou retrouver quelqu'un  mais d'une véritable exploration d'un monde inconnu.

La plupart des personnages sont intéressants. Riko est une véritable fanatique de l'Abîme en emmagasinant le plus de connaissances qu'elle peut et en émerveillant des découvertes, en omettant presque les dangers. L'androïd est beaucoup plus posé et malgré sa différence et ses capacités physiques, se révèle plus humain que bien d'autres protagonistes. Non seulement il est doté d'émotion mais sous sa carapace, il est soumis aux mêmes préoccupations que les jeunes garçons prépubères et voir Riko nue pendant un bain ne le laisse pas indifférent...

L'aspect enfantin des premières scènes sert visiblement à embrouiller les pistes et les quelques détails donnés sur les contrés de la cavité semble juste être là pour illustrer et enjoliver la description du monde mais ils s'avèrent être ensuite  des éléments primordiaux dans le bagage des jeunes héros.

Le côté shônen perdure assez longtemps : L'environnement est dangereux à cause des monstres et de la fameuse malédiction qui affaiblit le corps humain mais la science de Riko et les capacités du garçon androïde suffisent aisément à surmonter les plus gros obstacles. Un énorme changement d'atmosphère se produit quand le premier vrai drame survient. La tension faiblit un peu avant que l'histoire replonge dans l'horreur. Le scénario arrive très bien à souffler le chaud et froid, en faisant mal là où l'on ne s'y attend pas.

Plus honnêtement, vous pouvez vous y attendre en lisant le manga. La série de treize épisodes ne couvre que les 3 premiers tomes sur un total de 6 parus à ce jour au Japon, en 2017. Cependant, les chapitres du manga survolent les éléments tandis que les épisodes s'attardent plus longuement et comportent des scènes inédites. C'est un peu exagéré pour certains passages mais dans d'autres, l'effet est très réussi notamment pour faire tourner le couteau dans la plaie et faire mal même quand vous savez ce qu'il va se passer. La musique, la symbolique des séquence et la justesse des voix des seiyû transcende ces moments, sur le modèle du film Le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata, beaucoup plus dur que la nouvelle d'origine écrite par Akiyuki Nosaka.

Made in Abyss a le même effet que Kaiba près de 10 ans après : Un dessin qui rebute plus qu'il n'attire mais un récit prenant avec des passages très touchants qui place la série sur un piédestal. À la différence de Kaiba dont l'histoire s'est conclue, il devrait y avoir une suite pour Made in Abyss toute aussi forte, à la vue des nouvelles épreuves, des atrocités et des révélations faites dans les tomes suivants du manga.