L'histoire prend d'abord place au XIIème dans une des nombreuses forêts montagneuse du Japon. Le seigneur Kuro est sorti vaincu du conflit contre son frère, le shôgun et fondateur de Kamakura. Il fuit à travers les montagnes, accompagné par son serviteur, Benten.

Pourchassés et attaqués, Kuro est blessé mais son compagnons et son lui tombent sur une habitation reculée, où la maîtresse de maison, Kuromitsu, qui habite toute seule, accepte de les accueillir. Ils ont cependant l'interdiction d'aller jusque dans sa chambre.

Kuro reste alité tandis que Benten tente de rejoindre le village le plus proche. Laissés seuls, le jeune homme et la femme s'éprennent l'un de l'autre. Cependant, alors que Kuro reprend progressivement des forces, il ose se rendre un soir prendre le couloir qui conduit à la chambre de Kuromitsu. Par la porte entrebâillée, il la surprend avec le cadavre d'un homme et découvre son secret.

Peu de temps après, des assassins surgissent de la forêt et viennent attaquer la maison.

Il est délicat de fournir une critique de Kurozuka, en évitant de dévoiler des pans entiers de l'intrigue. Le titre est à l'origine un roman, adapté d'abord en un manga de dix volumes, parus entre 2003 et 2006. Le studio Madhouse s'est chargé de le porter en animation, sous la houlette de Tetsuro Araki, le réalisateur de la série Death Note.

Kurozuka est empreint d'une atmosphère glauque et sombre, à l'image des titres de samouraïs du genre Basilisk ou Jubei Ninpuncho, où les cadavres s'entassent au fur et à mesure.

Kurozuka est assurément du même style, avec des explosions de violence et des gerbes de sang. L'animation est cependant à la hauteur des chorégraphies des combats et l'ensemble constitue un bon titre dans le genre action, avec une mise en scène efficace. Le spectateur est tenu en haleine, avec un mélange dosé entre les rythmes lents et rapides.

Des scènes de Nô viennent annoncer le résumé des événements passés au début de chaque épisode et elles donnent une touche supplémentaire à l'ambiance surréaliste. D'un autre côté, les multiples touches rendent l'histoire plutôt confuse au début, avant que nous nous habituions à la narration et qu'elle prenne une direction plus simple à suivre.

L'intrigue générale contient des idées intéressantes et elle est finalement plus évoluée que le parcours de Kuro, qui suit la voie classique du héros qui abat des ennemis de plus en plus puissants, en laissant ses alliés sur le carreau, sacrifiés pour la bonne cause. Le rôle de Kuromitsu est en fait très ambigu.

Le schéma est cependant assez pauvre, avec une succession de combat et des personnages qui disparaissent au fil des épisodes, sans que les scénaristes ne s'attardent vraiment dessus. Amis ou ennemis, chaque acteur reste superficiel avec le scénario qui privilégie le combat ou les interrogations autour de Kuro et Kuromitsu. Nous sommes loin des séries comme les volets de Gundam, où les personnages disparaissent aussi par poignées mais un minimum de temps leur est consacré, pour les rendre plus attachants. Là, nous prenons les raccourcis et leur agonie est finalement plus longue que leur portrait.

La romance entre Kuro et Kuromitsu n'a rien d'une relation habituelle entre un héros et son héroïne. Elle tient plus lieu du mystique et elle en devient même fatigante au niveau de l'intrigue.

Malgré ses défauts, Kurozuka parvient à nous tenir en haleine tout au long des épisodes en jonglant habillement entre les époques et en jouant sur la nature fantastique, voire monstrueuse des protagonistes, mais il faut quand même supporter le genre bain de sang, qui caractérise une bonne moitié des scènes.