Suite et fin de mes comptes rendus de Japan Expo 18e impact, avec un focus sur les 3 animateurs Masami Suda, Kazuhide Tomonaga et Masahiko Okura.

Masamu Suda est intervenu sur la scène Animé 100 le dimanche après midi. Avec tout juste 50 ans de carrière dans l'animation à son actif, la première question l'a replongé dans ses début qu'il a fait au sein de Tatsunoko Production, sous la houlette de Tatsuo Yoshida. Ce dernier l'a fortement inspiré pendant ses premières années professionnelles et de manière plus générale, Masamu Suda garde un bon souvenir de la période Tatsunoko.

À l'approche de la trentaine, il a cependant connu une période très difficile où après avoir trop forcé sur son corps à force de travailler et d'enchaîner les nuits blanches, il a fini à l'hôpital et il était tellement malade que son médecin lui a déclaré qu'il était déjà mort. La réplique l'a marquée, énoncée plusieurs années avant qu'il ne travaille sur Hokuto no Ken, la série où le héros Kenshirô s'adresse ainsi à ses adversaires.

Hokuto no Ken marque un tournant dans la carrière du character designer : Avant, il avait style très vif avec des traits simplifiés et un dessin vivant. Pour Hokuto no Ken, il a multiplié les détails pour aboutir à un style lourd et pesant qui correpond bien à l’univers.

Le dernier tournant qu'il retient est son travail sur Yôkai Watch. Il a participé à un appel d'offre qu'il a gagnée. Depuis quelques temps, il est plutôt en dehors du domaine de l'animation pour se consacrer à ses projets d'illustration et il a prévu de sortir un livre pour enfants avant de la fin de l'année avec un style mignon du genre Yôkai Watch. Il a abandonné l'animation et il s'est concentré sur le character designer par choix, pour voir autre chose, mais il s'étonne de voir les jeunes vouloir faire tout de suite du character design et ignorer les travaux d'animateur clef, alors qu'il pense que c'est un poste avec un travail plus intéressant à faire.

Le cloude la conférence a été les dessins public qu'a produits Masamu Suda, avec d'abord un portrait de Kenshirô puis un mélange de Yokaï Watch avec Gatchaman.

Un autre animateur que je veux mentionner est Kazuhide Tomonaga, venu avec Yû Kiyozono, producteur sur Lupin III. Ce dernier a rappelé la mise en chantier d'une 5e série du détective cambrioleur qui se déroulera en France.

Kazuhide Tomonaga a 46 ans de carrière derrière lui et espère pouvoir continuer à dessiner pendant au moins 5 ans. Il a donc de nombreux titres à son actif dont des participations notables sur le Château de Cagliostro et Sherlock Homes dirigés par Hayao Miyazaki. Sur la 2e série de Lupin III, il est fier de l'adaptation légère des personnages tirés du manga de Monkey Punch. Dans la 4e série de 2015, qu'il a réalisée, il a modernisé les protagonistes en jouant sur l'épaisseur des traits.

De manière générale, il s'est beaucoup amusé avec Lupin III, avec une petite faiblesse pour l'inspecteur Zenigata qui se fait tourner en bourrique. Professionnellement, les réalisateurs lui ont souvent confié l'animation de passages humoristiques.

Pendant la conférence, l'animateur a enchaîné les croquis sur des idées exprimés par le public et les heureux demandeurs ont eu la joie de repartir avec les dessins fait pendant la séance. Il n'a pas échappé à Fumiko et il a avoué avoir beaucoup de mal pour dessiner les yeux du personnage.

Outre les séances de dédicaces pour le salon, Kazuhide Tomonaga était également présent au stand TMS qui mettait Lupin III à l'honneur et proposait plusieurs panels de produits dérivés, des artbooks à des petites reproductions de toiles.

Enfin, le dernier animateur que j'aborde est Masahiko Okura. Ce n'était pas le nom le plus illustre parmi les invités de Japan Expo mais il a aussi une riche expérience, avec plus de 30 ans de carrière derrière lui.

Il s'est passionné très tôt pour les anime et séchait même les cours pour pouvoir en voir à la télévision. Au lycée, il s'est inscrit naturellement dans un club de dessin et a ensuite embrassé une carrière professionnelle d'abord au Studio Carpenter, un sous traitant de Toei Animation, avant de devenir free-lance. L'animateur a commencé par travailler sur The Kabocha Wine, alias Nos tendres années en France. Il pensait avoir un bon niveau dessin à la sortie de ses études mais la qualité de ses compositions a été vivement critiquée par ses supérieurs à ses débuts et il a mis du temps à s'améliorer.

Le nombre de jeunes animateurs à la Toei a introduit une concurrence et une saine émulation entre ces nouveaux talents et Masahiko Okura se souvient notamment des belle productions de Junichi Hayama, le futur chara designer des OAVs de JoJo's Bizarre Adventure, entre autres. 

Lui-même franchit les paliers et TMS vient le chercher pour faire le character design sur les OAVs de MAPS de 1994. Il n'a même pas eu besoin de passer un entretien.

Il a également touché au mecha design en autodidacte en concevant par exemple les véhicules dans Hokuto no Ken. Il s'est juste inspiré du style de Masami Suda et s'est imprégné du film Mad Max 2.

Cependant, le poste qu'il affectionne le plus est celui de réalisateur où il peut repartir de zéro. Il garde un bon souvenir de son premier travail de la sorte sur Yukikaze et il est a dirigé récemment la série The Silver Guardian produite par Emon Animation Company, le studio d'origine chinoise. Le challenge a été de concevoir cette série en parallèle de la mise en place de l'antenne japonaise du studio. De manière générale, la maison est spécialisée dans l'adaptation de webmanga chinois, limité donc au marché chinois, ce qui rend le travail compliqué pour les animateurs japonais qui manquent de références.

Le premier croquis public de Masahiko Okura a justement été un des personnages de The Silver Guardian.

L'autre dédicace publique a été une illustration du Yamato. Masahiko Okura a beaucoup travaillé sur Space Battleship Yamato 2199 et il a été agréablement surpris par les fans français pendant ses séances de dédicaces, qui ont préféré prendre ses ex-libris Yamato plutôt que les supports Captain Harlock, alias Albator, pourtant mieux connus en France.

Pendant qu'il composait son illustration, Masahiko Okura a continué à répondre à des questions sur l'évolution du milieu de l'animation japonaise. On décrie le manque d'animateurs au Japon mais il fustige plutôt le nombre croissant de productions à nombre de professionnels constant. De même, il n'a rien contre l'usage de la 3D pour représenter des vaisseaux spatiaux par exemple et explique la baisse de vocation dans l'animation pure au profit des métiers en rapport avec le numérique par le souhait des débutants de vouloir s'expatrier et donc d'acquérir des capacités qui intéressent des productions étrangères. Il pose cependant comme frein pour les nouvelles venus, l'absence de relations entre les anciennes et les jeunes génarations, avec de moins en moins de rapports naturels entre les sensei et les jeunes recrues.

La conférence a duré près d'une heure et demi au lieu d'une heure d'habitude mais elle a été aussi dense, avec des réponses intéressantes de l'invité dont les discours paraissait moins formaté que pour d'autres, avec un avis très pragmatique qui tranche avec des visions idéalistes. Il a aussi du temps sur son illustration de Yamato, dont c'était agréable de pouvoir suivre la progression à l'écran.

En revanche, il était un peu malheureux de voir une des (nouveaux?) membres du staff photographe sauter à pieds joints sur sur la scène avec la grâce d'un mammouth au point de bien la faire trembler l'estrade pendant que l'animateur dessinait...

Pour finir sur une note plus positive, je partage le dessin public de Nobuyoshi Habara, co-fondateur du studio Xebec et également présent pendant Japan Expo.