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Lecture du livre Isao Takahata Cinéaste en animation

Par le :: Découvertes

2004 , films , hayao_miyazaki , isao_takahata , 1999 , 2007

Stéphane Leroux a effectué une thèse concernant le parti du réalisme de Isao Takahata et Hayao Miyazaki. Ses travaux qui remontent maintenant à la période 2004-2007 font l'objet d'une publication en deux volumes, dont le premier, Isao Takahata - cinéaste en animation : Modernité du dessin animé est disponible depuis janvier 2010, aux éditions L'Harmattan.

Au mois de février 2010, l'auteur a visiblement fait le tour des sites web francophones du milieu pour signaler la parution de son ouvrage. La nouvelle a été reprise ci et . Pour Animint, il m'a paru plus judicieux d'attendre que j'en dise quelques mots après lecture effective, plutôt que de poster un petit message perdu dans un coin du forum, aucune des autres rubriques du site n'étant un lieu adéquat pour publier ce genre d'information. 

La préface fournit immédiatement quelques mises en garde.  D'abord que les réflexions et les analyses datent un peu et n'intègrent pas les références des films récents tels que Ponyo sur la Falaise. Peut-être est-ce gênant pour cerner le Miyazaki d'aujourd'hui mais sans doute moins pour Takahata, dont le dernier long métrages d'animation reste Mes Voisins les Yamada, en 1999. L'autre avertissement concerne le contenu, qui respecte délibérément la forme de l'étude que je dirai technique, plutôt qu'un récit chronologique et complet de la carrière de Isao Takahata. En quelque sorte, vous êtes invités à découvrir les oeuvres pour apprendre à connaître le réalisateur.

Vous pouvez vous référer à la tribune Contre Courant signée par le même Stéphane Leroux dans l'Animeland de septembre 2004, déjà au sujet d'Horus, le prince du soleil: "Attardons-nous alors sur un aspect du cinéma d'animation qu'on aborde trop rarement de face : la mise en scène. Les expressions du type la réalisation est efficace ou les plans sont très beaux fourmillent sous la plume des critiques, mais sans explications permettant aux non-spécialistes de cinéma de savoir concrètement de quoi il est question."

Là aussi, vous pouvez avoir une autre déconvenue en ce qui concerne le choix des travaux sélectionnés pour décortiquer la touche personnelle de Takahata: Il s'agit nullement de ses productions les plus connues tels que le Tombeau des lucioles ou Pompoko, mais bien de ses travaux précurseurs. A elle seule, l'analyse d'Horus, le prince du soleil, occupe deux tiers du livre. Les longs métrages de Takahata ne sont pas oubliés mais leur analyse s'effectue rapidement vers la fin de l'ouvrage, de la même manière que vous pouvez accélérer dans la dernière ligne droite pour franchir la ligne d'arrivée. 

Après une introduction sur la portée de l'étude et des références au cinéma d'animation, le premier chapitre commence par la genèse d'Horus, prince du Soleil. De l'historique, nous passons ensuite à l'analyse proprement dite, avec moult renvois et allusions à d'autres films marquants du cinéma d'animation, notamment le Roi et L'Oiseau de Paul Grimault.

Sans entrer dans le détail, le sujet vous donne une idée de l'importance accordée à plusieurs films d'animation. Il est effectivement parfois difficile à cerner, pourquoi tel ou tel titre a marqué les esprits de la profession. Au moins, les remarques techniques apportent un éclairage sur les nouveautés apportées et les manières de faire qui diffèrent par rapport à des films plus commerciaux à la même époque.

En pratique, l'écrit présente quelques défauts pour reproduire une analyse. J'entends par là, que l'impression serait tout autre avec une vidéo des extraits en direct sous ses yeux et les remarques formulées par l'auteur. Malgré la présence de captures d'écran, il est obligé de passer beaucoup de lignes à décrire ce qui est vu, avant d'aborder les éléments pertinents mais il est impossible de faire autrement, à moins de connaître toutes les scènes du film par coeur.

La compréhension du contenu est parfois assez ardue pour le néophyte. Je passe sur l'abondance de renvois en note, qui trahie juste un soucis légitime d'appuyer les références. A la rigueur, vous pouvez parcourir les notes d'une traite, si vous ne voulez pas hacher votre lecture. En revanche, les explications sur des notions, sans doute très basiques pour ceux qui s'y connaissent en cinéma, font défaut avant d'aborder le sujet de fond et là, vous sentez vraiment une orientation "rapport de thèse" au détriment d'un contenu plus adéquat pour de la vulgarisation.

Le livre comporte des annexes avec notamment des retranscriptions des interventions faîtes par Isao Takahata pendant des projections en France, en sa présence. Des transcriptions complètes et pas seulement des rapports enrichis comme j'ai pu le faire pour les rencontres avec Sunao Katabuchi ou Rintarô. Parmi ces annexes, vous trouvez aussi des traductions d'écrits rédigés par Takahata à propos de ses propres travaux.

Là, vous percevez la différence d'approche très nette, où Takahata prend le temps d'expliquer ce que sont panorama et travelling, alors que dans chez Stéphane Leroux, les différences et les nuances entre les deux sont bien montrées du doigt, mais sans que vous sachiez vraiment ce dont il s'agit vraiment au juste. Peut-être que Takahata fait des raccourcis ou des simplifications dans ses définitions mais cela reste dictatiel et facilite grandement la lecture. D'où ma remarque précédente par rapport au lectorat néophyte.

Après Horus, la suite du livre aborde les séries télévisées auxquelles Isao Takahata a participé, de Lupin III à Kié la petite peste. L'ensemble est plus hétéroclite et encore plus intéressant. Outre l'aspect historique et les anecdotes sur les différentes productions, le terrain est plus propice pour souligner l'originalité du réalisateur comme l'écrit Stéphane Leroux: "L'étude de la participation de Takahata sur ces séries télévisées – le redressement de Lupin III, 1ère série ou les commandes ponctuelles – présente l'avantage de pouvoir directement comparer son travail aux autres épisodes".

Il se dégage de la première partie du livre, l'idée qu'Horus est un film exceptionnel. Dans cette deuxième partie, c'est le réalisateur qui apparaît comme exceptionnel, du genre tout ce qu'il touche devient or. Cependant, il ne s'agit pas du seul cas isolé, où la patte d'un réalisateur sur un épisode se fait sentir dans une série télévisée ordinaire. Je citerai le traditionnel exemple d'Hayao Miyazaki qui a dirigé le fameux épisode de Sherlock Holmes, Le Rubis bleu,  ou encore, un cas moins connu, celui de Mamoru Hosoda, qui a réalisé deux épisodes clefs de Ojamajo Doremi – oui, du Magical Doremi.

Le deuxième volume issu de la thèse, cette fois-ci sur Miyazaki, est attendu courant 2010, peut être en juin.  Sur internet, le premier tome est trouvable via les sites des grandes enseignes.


Isao Takahata Cineaste en animation

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Commentaires sur ce billet:

  1. Le 15/03/2010 à 09:38
    Kaïl a dit

    Une lecture qui doit s'avérer très enrichissante. Je me laisserai bien tenter mais avant de me plonger dans cet ouvrage, j'ai intérêt à me familiariser avec les premiers travaux de TAKAHATA.

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